par Etmer_Fachronies »
24 nov. 2017, 01:37
La pierre. Froide. Partout. Un cauchemar désagréable.
Au-dessus des têtes, la voute du plafond. Brute. Basse. Oppressante. Elle tombe sur les présents. Elle veut les écraser de toute sa masse. Mais en fait… non. Ceux qui l’ont bâti ont bien fait leur travail, il y a si longtemps. Les pauvres. S’ils savaient. La bande l’a bien changé, le repos sacré de leurs frères. Mais ils ne savent pas. Non. Ils ne le peuvent pas, ils sont tous retournés à la boue. Pas vrai ? Comme tout le monde, un jour. Mort. Mort ! Morts !!!
Njolen se passe une main sur le visage, ses doigts fins contre les paupières. Il les presse, les referme comme des serres. Masse ses tempes rasées, caresse la large brûlure qui orne son côté droit. Tant de bruit. Pourquoi est-ce que ça braille, devant ? Il écarte légèrement les doigts, et jette un regard sur la scène qui lui fait face.
La matriarche gobeline, en plein centre de la pièce. La seconde derrière, qui la suit comme un petit chien fidèle. Prête à encaisser le coup de bâton de la matrone mécontente. Des torches, beaucoup de torche. Il en faut, pour éclairer ce terrier. Et encore, aucun animal n’en voudrait. Mais les hommes du Banni le trouvent à leur goût. Les hommes… peuh ! Bien pire que des rats ! Autour, tous les autres. Ils écoutent et discutent.
Le Banni est là. Un des rares hommes qui ne mérite pas de finir sur une pique. L’elfe lui fait confiance, il le suivra. Il lui doit une vie, après tout. Les autres… il s’en moque. Quoique, ceux du conseil sont intéressants. Et encore, ça dépend. Plus loin le sang-mêlé parle, grandiloquent. Partir à la conquête des ombres ? Mourir comme un rat ?
Njolen soupire. Sa place est dans une forêt… Et il se retrouve ici. Ici ! Ici ! Terré comme un rat ! Ah !
Un léger sourire pointe sous sa main. Il le contrôle, reste stoïque. Puis le sourire grandit, grandit… Encore. Encore ! Un large sourire tranche son visage en lame de couteau, ses tatouages tribaux se déforment. Ici ! Ah oui, qu’est-ce qu’elle était bonne ! Décidément, les dieux sont drôles ! Njolen craque. Ses dents d’une blancheur immaculée jaillissent, éclairent sa peau plus mate que les feuilles d’automne. Il bascule sa tête en arrière, une main dans ses cheveux rouges, et éclate d’un rire franc.
- Oui, oui, oui ! Sang noir, que j’aime cette idée !
Njolen porte la main vers l’un des nombreux colliers de dents qui ornent son armure de cuir épais. Il le saisit, le malaxe. Puis, il penche la tête de côté. Comme à l’écoute d’un son connu de lui seul. Son visage se referme d’un bloc, contrarié.
- Non, non. De la compagnie pour toi ? Et puis quoi encore, des pièces sur tes orbites vides ? Silence, Kanae ! Sale garce ! Je me fiche de tes plaintes ! Toujours à gémir, gémir, gémir ! Tu n’avais qu’à y réfléchir avant, ah !
Njolen fixe son regard sur le barde aux cheveux bleus, et recommence à sourire.
- Ardiël, pourquoi aller chercher les ombres ? Celles qui vont dans nos pas suffisent plus qu’assez. Pour qui parle aux esprits, les fantômes sont des chiots braillards.
L’elfe de sève pose la main sur son bouclier de bois épais, posé aux pieds de se chaise. Le contact du chêne noueux réconforte un instant l’aldaron. Solide. Chaud. Puis sa main glisse vers son cimeterre. Froid. Le cimeterre de maître Kwell… feu maître Kwell. Lui qui imitait si bien les oiseaux. Une boule dans la gorge. Le feu. Le feu ! Le feu danse devant les yeux de Njolen. Maître Kvell, à la sagesse profonde ! Ils l’ont tué comme un chien !
La fureur brille dans les yeux de l’elfe. Il toise la matriarche peau verte, et crache :
- Enfers, son plan me plait bien plus ! Une forteresse imprenable ? Tant d’idiots à aller faucher ! Eana m’entende, les terres doivent être purifiées ! La souillure, arrachée à la racine ! Ils se croient forts ? Nous les briserons ! Cendres et fumées, le Grand Cerf crie ! La peste soit de ce furoncle de pierre !
Njolen écoute de nouveau. Hoche la tête, plus calme. Puis reprend.
- Là, même Rodr penche dans cette direction ! C’est dire.
L’elfe fouille alors dans sa besace, et sort une petite fiole d’un liquide noir. Plus sombre que les recoins de la pièce obscure. Il jongle nonchalamment avec, entre ses doigts fins et agiles. Un pli sombre barre ses yeux fins.
- De la vermine ? J’ai un répulsif. Les herbes folles, il faut les arracher. Ou les brûler. Ou pire. Oui, pire. C’est justice, après tout.
L’elfe jubile. Cette fiole ci n’est pas complète, mais il s’en moque. Personne ne le sait, et tous ici savent de quoi il est capable. C’est ça l’important. Il la pose sur le sol, et recommence à jouer avec l’un de ses colliers. Des humains à chasser… tant de nouvelles dents à ajouter !
Les Aigles d'Arolavie : Yardan, adepte du Dieu-Dragon - Moine de niveau
6
CA
15 - PV
45/45 (6d8) - DV
6/6 (d8+2) - Points Ki
6/6 - Héroïsme
3/3 - Gourde
10/10