par Etmer_Fachronies »
19 avr. 2019, 10:50
Inspiration. Le temps s’écoulait, régulier, autour de lui. L’odeur des embruns du large, la chaleur douce des pierres baignées par le soleil…
Expiration. Le calme du Sanctuaire, le bruit des mouettes dans le lointain…
Inspiration. Les fragrances suaves des bouquets de plante séchées, le parfum sec de la poussière du temple…
Expiration. Les claquements légers des drapeaux caressés par le vent, les pas des disciples dans les salles supérieurs…
Yardan ouvrit les yeux, l’esprit en paix. S’appuyant sur ses paumes, il se redressa d’un mouvement fluide. Il s’étira brièvement, puis ramassa son sac chargé de fruits sacrés.
Il sourit. Jamais il n’aurait pensé un jour ramener le don du Khérub dans son île natale. Et pourtant, c’était le cas… ou presque.
Après avoir franchi le seuil de lumière, Yardan s’était cru retourné chez lui. Avec stupeur, il avait découvert les contours si familiers de la nef du Grand Temple, au centre du Commencement. Tout autour, par-delà les ouvertures travaillées des murs blancs, l’archipel de Jishim Saadar étendait son paysage morcelé, fait d’arrêtes de rocs et de poches de verdures. Et au loin, bien sûr, perçait l’Océan, splendide dans sa majesté. Partout le soleil brillait, serein, et le monde semblait resplendir.
L’adepte de Draaz n’en revenait pas. Oui, il était de retour. L’émotion avait été si forte qu’elle l’avait happé à la gorge. Les dieux l’avaient-ils envoyé quérir une réponse en son ancien foyer ? Mais très vite, le moine déchanta. L’édifice était vide, et il ne pouvait sortir de la nef. Ce lieu n’était en fait qu’un écho, un souvenir du temps jadis. Un reflet brillant de ce qu’il avait chéri, d’un temps heureux passé parmi les siens.
Le moine ignorait tout du procédé, mais son intuition lui avait soufflé la clé. Les divins, en cette heure, parlaient à son âme par images et sentiments. Nostalgie du temps passé, regret d’un monde idéal où tout paraissait beau… L’émotion était poignante, et la vision envoûtante.
Mais cela n’était qu’un reflet, et non la vérité.
Et puis, un élément n’était pas à sa place, en ce lieu de paix. Une porte noire, hideuse, qui trônait sans vergogne devant l’autel du Dieu-Dragon. A travers elle perçait désespoir, peur, tristesse et désolation. Cette béance, le moine le comprenait aussi, était malheureusement une invitation pour la suite de leur voyage. Le pan de noirceur rendait par contraste l’éclat du passé encore plus brillant de vie et de joie.
Oui, c’était là que l’Epreuve devait se poursuivre. C’était là le Chemin à arpenter pour le Requérant.
Le moine se prépara donc. Par respect envers l’image de son ordre, Yardan accomplit avec dévotion les katas des Huits Mouvements, ainsi que le voulait le credo sacré. Puis il mangea l’un des fruits pour se ressourcer, se reposa quelques instants et médita enfin.
L’esprit clair, et son hommage rendu, il était désormais prêt à affronter ce qui l’attendait. Harnachant son sac à dos avec application, le moine s’inclina profondément devant l’autel de Draaz.
Il regrettait de ne pouvoir prolonger son séjour ici, tout comme il regrettait de ne pas avoir su découvrir plus avant les terres merveilleuses des prémices du monde offertes par les dieux. Mais c’était par choix qu’il avait quitté son île, le Pendentif en bois du Dieu-Dragon remis par le Grand Maître de l’Ordre autour du cou. Il devait comme toujours faire honneur à ses enseignements.
Prenant une profonde inspiration, le moine franchit le seuil glacé de ténèbres.
L’arrivée fut brutale, et le choc rude. Yardan suffoqua, oppressé et aveuglé.
Il passait d’un monde enchanteur à une terre de cauchemar. Ici, une obscurité morbide noyait sa vision. Mais à la différence des ténèbres de l’Inframonde, où seul le jour était absent, une menace lourde, urgente et terrifiante menaçait là de l’emporter. Elle était présente, omnisciente et gigantesque, elle sourdait sans retenue sous l’amas le noir. Elle allait frapper, sans pitié ni raison.
Un instant tétanisé, complètement pris au dépourvu, le moine s’ordonna de réagir. Comment ? Ses sens ! Il lui falloir oublier ses yeux !
Figé comme une pierre, le moine attendit. Prêt à réagir lorsque la menace frapperait. Une odeur de sable perçait la nuit… Où diable était-il arrivé ?
Les Aigles d'Arolavie : Yardan, adepte du Dieu-Dragon - Moine de niveau
6
CA
15 - PV
45/45 (6d8) - DV
6/6 (d8+2) - Points Ki
6/6 - Héroïsme
3/3 - Gourde
10/10