Studio Agate

La chose n'avait pas l'air très rapide, mais le danger restait présent. Lorsque le moine fit signe de suivre l'abeille, Kaan'an avança sur les talons de Yardran et Caliobé. Il n'oublia cependant pas qu'il devait laisser des traces faciles à suivre, en bâclant le travail le moins possible.

Faisant apparaître une dague éthérée dans sa main droite, la gauche tenant fermement le morceau de charbon lumineux, le Drakéide profita que le groupe se trouvait dans une forêt pour laisser des marques sur les arbres calcinés, plutôt qu'au sol où elles seraient moins faciles à suivre.

Lorsqu'il n'était pas occupé à marquer leur passage, Kaan'an scrutait les alentours à l'aide de sa lumière. Nul ne savait combien de ces créatures étranges hantaient ces bois désolés.

Levko repartit avec le petit groupe en prenant garde aux créatures qui risquaient de les encercler, aussi lente soient-elle.

Il vint soutenir Caliobé et invita le moine à ouvrir le chemin avec la petite abeille. Si elle avait d'autres graines à leur faire déterrer, Yardan aurait toute latitude de le faire sans être ralenti.

La sorcière affaiblie risquait de les ralentir s'ils étaient amenés à parcourir un long trajet ainsi mais Levko se savait capable de la porter si nécessaire. Il était impensable de la laisser ici.

Spoiler

La créature hideuse était suffisamment lente pour être distancée par les pèlerins en fuite. L'abeille les guidait et les éloignait de plus en plus, laissant à l'arrière cette menace.

La course de l'abeille cessa vers une mare d'eau acide. Assez vaste pour avoir des îlots marécageux. L'insecte voleta vers l'une de ces îles, et fit mine de commencer à nouveau à creuser.

Yardan jeta un œil en arrière... il n'y avait plus rien. Enfin.

A force d'avance rapide, le groupe avait finit par semer la monstruosité pataude. En combien de temps, dur à dire, car tout semblait étrangement distendu en ce gris pays. Dans la forêt fantôme, noyés dans un épais brouillard à peine repoussé par leurs chiches sources de lumières, ils semblaient perdus, abandonnés dans un désert de scories et de charbon.

Soudain, le paysage changea subtilement. Des flaques apparaissaient de plus en plus régulières. Mais au lieu d'eau, c'était bien de l'acide qui trônait dans ces mares sordides.

Inconsciente du danger, l'abeille continuait son périple. S'éloignant du petit groupe, elle finit sa course sur un ilot un peu en retrait, où elle recommençait son étonnant manège.

Yardan fronça les sourcils, dubitatif.

[Arolave] - La Balance me juge, présente tourbière brille comme attrait des Six Enfers. Si passage existe, alors périlleux il se révèle.

A son bras, la jeune elfe était courageusement restée stoïque. Pourtant, ils n'était pas dupe, la marche rapide pour fuir l'immondice rampant n'avait sûrement été pour elle une sinécure.

[Arolave] - Permettez, dame Caliobé...

Le moine déposa la melessë dans les bras de Levko, qui s'était proposé un temps plus tôt. Il s'avança alors vers l'entrée de la tourbière aux relents doucereux.

[Arolave] - Pied léger et prestesse de mouvements, tels seront miens veilleurs en Épreuve qui là s'esquisse.

Yardan observa l'abeille, puis il détailla avec minutie le chemin qui le séparait de celle-ci. Inspirant profondément, le moine s'élança en direction de l'ilot, tentant au mieux de suivre le chemin qui lui était apparu le plus sûr. Il serait alors temps de voir ce qui terrait cette fois dans le sol de cette étrange canardière.

Spoiler

[Elfique]- Yardran, NON!
Kaan'an savait que le moine ne comprenait pas l'elfique, mais supposa que le ton de sa voix suffirait, ou que l'adepte martial eu connaissance des interjections courantes de ce langage. Il montra le plat de sa main au moine, lui faisant signe de s'arrêter un moment.

[Elfique]-Caliobé, dis à Yardran que l'eau acide imprégnera ses vêtements si il entre en contact avec elle. Et nous ne savons pas ce qui se cache dessous...

Comme pour illustrer son propos, le Drakéide lança son morceau de bois calciné dans l'eau, à mi-chemin entre Yardran et l’îlot.

[Elfique]-Même si je ne suis pas en forme, c'est peut être moi qui devrait y aller... Mes écailles me protègent contre les environnements corrosifs, jusqu'à un certain point. Et puis, je n'ai pas grand chose que l'acide pourrait dévorer... Cette graine sera mon épreuve.

Kaan'an s'avança vers la mare, et tenta d'estimer le temps qu'il lui faudrait pour faire l'aller-retour, tout en scrutant le fond des eaux éclairées par la lumière du charbon.

Il y avait plusieurs petits îlots de moins de 1m² qui permettaient de se déplacer en sautant vers l'îlot plus grand où se trouvait l'abeille. Il n'y avait guère qu'une dizaine de mètres jusqu'à l'emplacement considéré depuis le rivage et l'eau, au toucher du drakéide n'était pas acide au point d'être un danger pour ses écailles.

Tout était calme.

Le petit groupe restait suspendu et hésitant.

Dans le lointain, il leur semblait entendre la progression infâme et rampante de la créature abjecte qui s'était déjà approchée. Elle était sur leurs traces !

L'absence de danger immédiat étant confirmée, Kaan'an s'élança. Une traînée noirâtre se soulevait à chacun de ses pas dans l'eau du marais.
S'aidant de ses bras, nageant quand il perdait pied, le drakéide atteignit bientôt l’îlot sur lequel la petite abeille était en train de s'affairer.

Les Abolets n'avaient certainement pas détruit la surface du monde pour le plaisir. Kaan'an avait noté que l'aspect actuel d'Eana ressemblait en quelque sorte, au monde qu'il avait vu avec le portail. L'objectif de ces êtres méprisables était il de transformer la surface d'Eana pour y habiter ? Cela faisait sens...

Pourtant, ils avaient échoués. cette petite abeille, cette étincelle de ce qu'aurait dû être ce monde, et de ce qu'il pouvait encore devenir, luttait seule, sans rechigner à la tâche.
Le drakéide en fut frappé, au plus profond de son cœur: cet insecte était minuscule, et représentait pourtant à lui seul l'espoir d'un monde à l'agonie. Sa simple existence valait qu'on se batte pour elle.

[Elfique]-Laisse moi t'aider...

Kaan'an commença à creuser la terre près de la petite abeille, son rythme s'accélérant lorsqu'il entendit au loin l'étrange créature qu'il pensait avoir semé se rapprocher lentement. Il n'y avait pas de temps à perdre.

Serait-il possible de continuer par un autre chemin ou les îlots étaient-ils le seul chemin évident pour s'éloigner de la créature vaseuse ?

Caliobé,qui s'était levée, malgré les vertiges et alors qu'on empoignant ses entrailles pour en faire un panier tressé.

Elle s'interrogeait sur les possibilités de fuite en examinant les environs, puis elle fixa à nouveau son attention sur l'abeille et Kaan'an.

Ses pensées étaient tournées autant vers le passé que l'avenir, tout se rejoignait.

Les Fées, elles auraient aidé à faire renaître l'Eana qu'on connaît ? Seigneur Sauvage, m'entends-tu ?

La marre au coeur de laquelle s'activait Kaanan n'était pas une impasse, il était possible de s'éloigner -- pour le moment du moins -- en prenant au hasard un passage s'éloignant de la source du bruit.

Pendant ce temps, le drakéide creusait dans une tourbe acide.

Les bruits annonçaient que la chose tentaculaire approchait et n'était pas seule : d'autres arrivaient ! On distinguait leurs silhouette.

Heureusement Kaanan avait désormais une graine de saule ! Comme la délicate graine de tilleul, elle était dorée, immaculée et luminescente.

L'abeille commençait à pointer vers une direction permettant de partir et semblait impatiente de ne surtout pas se confronter aux horreurs.