Studio Agate

J'avais écouté le long échange. Des informations très précieuses furent révélées, mais je restai étonné de la patience dont semblait faire preuve Caliobé. Et voilà maintenant que la drow disait être d'accord avec la sorcière. Décidément, la suite de nos aventures allait être intéressante. J'esquissai un sourire avant de me placer à côté de la mëlessë.

« Je suis d'accord avec Caliobé et Dharka. Evitons d'abord de voir une grande partie de la cité sombrer sous les flots. Si aller sur le lieu de cette fête dont vous parlez, chère Edra, peut nous aider à arrêter le kraken, il me semble prioritaire de nous y rendre. »

Levko avait écouté attentivement toutes les informations dévoilées par la pretresse.

Son intention première était de faire payer le prix de sang aux choses qui les avait privés de leur compagnon mais un autre danger semblait plus menaçant et se rangea à la décision d'aller s'inviter à cette fête. Sans doute auraient-ils l'occasion d'occire quelques créatures mutantes en chemin.

Il se restaura avant de partir des mets offerts, on ne savait jamais quand serait le prochain repas digne de ce nom.

"Bien. C'est décidé, Edra, nous vous suivons. Vous avez pu constater que Dharka ici présente n'a rien compris à votre point de vue sur l'esclavagisme, mais ne vous étonnez pas, elle déforme le monde qui l'entoure en le regardant uniquement au travers de ses coutumes déviantes. Enfin... on dirait qu'on risque encore une fois d'arriver après la fête. "

Sur ce bon mot si spirituel et de bon goût, Caliobé nettoya de ses vêtements les quelques traces qu'avaient pu laisser leurs récentes activités. Elle le fit par magie, évidemment.

"Je ne m'en formalise pas. J'étais moi-même une âme perdue, prisonnière des coutumes, avant qu'Elleil ne m'ouvre les yeux sur un fragment de l'infini, que je cultive aujourd'hui. C'est avec plaisir que je vous guiderai.

Sur ces mots, Edra prit un sac dans lequel eau pure et nourriture étaient rangés, et un bouclier qu'elle attacha à son bras. Elle accrocha sans grande conviction une masse à sa ceinture, avant de jeter un regard inquiet au moine, qui semblait n'avoir guère plus qu'un vêtement de coton fin pour toute protection. Regard qui s'étendit au reste du groupe.

"Vous devriez vous trouver quelques protections à vos tailles. Si vous leur demandez gentiment, je suis sûr que certaines de mes ouailles vous confieront les leurs. Dans le cas contraire, nombre de magasins et postes de garde sont dévastés à l'heure actuelle, et une armure est mieux portée que prenant la poussière dans un coin. Nous pourrions trouver de quoi vous équiper sur la route."

"Ce ne serait pas de refus !"

La sorcière s'engagea à la suite de la prêtresse.

Je pris quelques mets que je mis dans le sac en osier. Après avoir remis le sac sur mon dos, je vérifiai la fixation de mon bouclier et fis glisser par réflexe mon glaive dans son fourreau. Je jetai un regard sur les ouailles d'Edra. Il était hors de question de leur prendre leurs possessions, j'espérais que les magasins désertés nous fournissent ce dont nous avions potentiellement besoin. Cette pensée en tête, je suivis Caliobé.

Yardan écouta avec beaucoup d’attention la prêtresse grise parler des siens, et des circonstances qui avaient mené à la création d’un lieu si éloigné de ce qui lui semblait évident. L’espace d’un instant, le moine se représenta de nouveau la Toile du Grand Tout, encore plus vaste et complexe que ce qu’il commençait à apercevoir. Un léger frisson parcouru ses membres devant le vertige de l’immensité des choses, et de leur complexité. Le baptême divin octroyé lors de leur précédent pèlerinage n’était qu’une invitation à découvrir, il ne le comprenait maintenant que trop bien. Tant de Voies pour la Grande Roue, tant d’embranchements, et tant d’actions à mener…

Puisse Draaz me soutenir devant pareil Grandeur.

Le moine prit aussi note d’une oreille de l’avertissement quant aux dragons, mais n’y accorda que peu de crédit. Taire la grandeur du Dieu Dragon était un blasphème auquel il ne se résoudrait guère.

Le disciple du Commencement bouillait de questions quant à ce peuple étrange et à leurs mœurs aux antipodes avec les codes de son ordre, mais il se retint. Les heures étaient comptées, ils auraient toujours matière à échanger une fois les risques levés. Mieux valait profiter de l’instant pour satisfaire ses appétits, et se préparer pour la suite.

Devant l’éventail proposé des possibilités d’action, Yardan se contenta d’hocher la tête de concert aux remarques de Caliobé et Taliesin, frappées du sceau du bon sens. Oui, l’urgence du Kraken primait. La vengeance contre les engeances qui avaient menées à la perte de Kaan’an devrait attendre encore. Draaz m’en soit témoin, Justice sera rendue.

Alors que tous se levaient, Yardan jaugea les mets présents. A cette heure, son sac de jute était toujours rempli à ras-bord des fruits du sanctuaire, ainsi que sa gourde de panacée. Nul besoin de se charger d’avantage.

A la proposition de dorer leurs atours, le moine déclina l’invitation d’un sourire.

[Commun des Profondeurs] - Puisse pareille proposition peser en votre faveur devant La Balance, dame Edra. Cependant, nul besoin de fer pour ce présent adepte du Dieu Dragon. Foi en la Voie et Ardeur au Devoir me sont tant Lame que Mailles, et mes talents chantent seulement si mon corps est libre de s’offrir à eux.

Yardan jeta un œil navré sur les réfugiés présents.

[Commun des Profondeurs] - D’autre part, je crains que priver pareils affranchis ne soit guère judicieux, à la lumière de la situation que vous dépeignîtes tantôt. Non, vous savoir à nos côtés primera.

Une inspiration traversa pourtant son esprit.

[Commun des Profondeurs] - Mais j’y songe, peut-être les Dieux ont-ils mis sur votre route des reliques à même de nous soutenir dans l’Epreuve qui s’annonce ?

Levko commença a rassmbler ses affaires et de tout ce dont il aurait besoin dans les prochains jours.
la générosité de ses compagnons se comprennait, priver les réfugiés de ressources pouvait se révéler cruel, mais si le groupe ne s'équipait pas en conséquence, ils n'auraient aucune chance de succès dans leur décision de nettoyer les lieux. Et du succès du groupe dépendait la survie des réfugiés.
Il préleva rations et eaux sur les réserves et les glissa dans sa besace. Il ajouta une corde et ce qui pourrait servir de grappin.
Il fixa l'arbharpon et les traits qu'il avait trouvé précédemment dans son dos, glissa sa dague à sa ceinture. Céraste à son côté, il était prêt. Il ne pensait pas trouver d'armure plus renforcée dans les environs et n'en chercha pas, come l'avait dit la pretresse, ils auraient peut-être de la chance de tomber sur une armure de meilleure facture plus loin dans le complexe.

il demanda cependant avec peu d'espoir d'avoir une réponse positive.

" Dame Edra, savez-vous si j'peux trouver des poisons dans l'coin. Mon arme peut en cont'nir quelques doses et j'pense que ça pourrait m'servir contre vos ennemis.
J'me doute que vous pourriez avoir d'la réticence avec de telles manières de s'battre mais si on veut remporter c'combat, va falloir y mettre les moyens. "

"Il est bon d'avoir foi en soi et en les Dieux, pugiliste du Dieu Dragon. Nous ne sommes pas seuls dans cette épreuve."

Edra s'approcha d'un appareil dont la conception rappelait une forme d’ingénierie gnôme, dont le rôle était visiblement de mesurer le temps qui passe. Elle y ouvrît une cache, située sous un enchevêtrement de fins engrenages et en sortit sept fins pendentifs marqués d'une étoile, qu'elle donna à chacun après une brève prière à l'infinitude.

"Bédawîtî nous accompagne. Elleil se confond avec le sable, le temps et la lumière infinie. Portez son symbole, et louez l'infinitude lorsque le doute vous assaille ou que la perfection est requise. Alors Elleil vous laissera entrevoir un futur proche, qu'il vous appartiendra ou non de changer."

Spoiler

"J'aimerais qu'il n'y ait pas de mort inutile. Je ne pense pas que les créatures puissent redevenir qui elles étaient avant leur mutation, mais je cultive encore l'espoir qu'une fois la source du mal vaincue, les contaminés qui n'ont pas encore muté puissent être sauvés.
Mon optimisme ne me permet que de désapprouver l'usage de poisons contre ces derniers, mais vous êtes ici pour nous aider. Il est possible que certaines de ces substances aient été saisies et soient stockées dans les postes de gardes"

"Il est temps de partir. A quelques minutes de marche s'étend un tunnel de verre. Le train qui s'y trouve permet de traverser la ville. Si il fonctionne encore correctement, c'est notre moyen le plus rapide de rejoindre notre objectif. Si il ne fonctionne pas, nous passerons par les sous-sols. Cela prendra plus de temps que si l'on nageait, mais au vu de la bête qui rôde dans les eaux des abysses, sortir en scaphandre n'est pas une bonne idée."


Sur ces mots, la prêtresse se met en route.