Studio Agate

Le flash causé par l'électrocution de la vase aveugla Edra. Ses yeux, habitués aux profondeurs ténébreuses du monde, étaient particulièrement sensibles aux fortes lumières. Lorsque les bruits horribles se firent entendre, elle se recroquevilla par instinct, la tête protégée sous son bouclier.

Sa logique lui criait que si elle devait recevoir une décharge, cela ne lui servirait en rien. Mais pour une fois elle avait décidé de ne pas en tenir compte. Visiblement, elle avait sous estimé la dangerosité de la vase. Économiser leurs forces "au cas où" ? impossible, pas contre un tel ennemi.

Un bref silence, mêlé d'une odeur d'ozone se faisant de plus en plus capiteuse, s'ensuivit.
Puis, soudain, la voix de Yardan se fit entendre :

[Commun des Profondeurs] Ohé ! Comment vous portez-vous ? Ce… Dame Dharka !

Sa voix était agitée, quelque chose n'allait pas. Puis, Edra se rappela : quelque secondes avant le choc, la guerrière Drow avait choisit de prendre sur elle les assauts de la créature, pour leur faire gagner du temps. La prêtresse se frottait les yeux dans l'espoir d'y voir quelque chose, mais la vue se faisait trop longue à revenir.

[Commun des Profondeurs] Ici, de l’aide m’est requise ! Dame Edra ? Etes-vous là ?

Abandonnant l'idée d'y voir plus clair, Edra décida de se diriger à la voix, doucement, en direction du moine. Petit à petit se mêlaient à l'odeur d'ozone les effluves... "sylvestres ?" de diverses plantes dont Edra était bien incapable de reconnaître l'odeur. Venaient-elles de la surface ? Tant de connaissances habitaient le monde du dessus, tant de choses à découvrir, à explorer...
Mais l'heure n'était pas aux rêves. La prêtresse finit de se frotter les yeux et retrouva un semblant de vision. Pour y découvrir l'état de Darkha.
Déjà, le moine s'appliquait à retirer l'armure malmenée de la guerrière pour lui appliquer les premiers secours, révélant des factures sous une peau bleuie et violacée par le sang qui s'y épandait. On aurait dit que Forgeron lui-même avait porté le coup. Cela rendait d'autant plus étonnant la faculté de Yardan à encaisser ce genre d'assaut, sans aucune armure sur le dos, mais ce n'était pas le sujet.

[Commun des Profondeurs]- Je suis là...

Codwch, oherwydd mae Elleil, y golau anfeidrol, yn rhannu ei fawredd gyda chi !

Spoiler

[Commun des Profondeurs]- Ton acte de bravoure mérite d'être conté, Darkha. Si nous sortons de cette crise, je ne doute pas que tu auras ta place dans l'un de nos chants.

Aveuglée et abasourdie par une soudaine déflagration, l'inébranlable Caliobé fut cette fois secouée. Elle avait beau ouvrir ses yeux, elle restait dans l'obscurité, la panique menaçait de la submerger. Resterait-elle aveugle pour le reste de sa vie ? Pouvait-elle vivre ainsi, serait-elle rejetée par le Seigneur Sauvage ?

Le tourbillon d'angoisse ne se dissipa qu'à mesure de la lente réapparition du monde autour d'elle. Elle retint un sanglot de soulagement et se reprit, fonçant à la poursuite des petites vases qui menaçaient de rejoindre le réseau de distribution de cette étrange cité aussi souterraine que sous-marine.

Elle déclencha son pouvoir poussant les créatures à s'entre-déchirer et s'efforça ensuite d'achever celles qui restaient en leur projetant ses lignes de force magique qui avaient fait leurs preuves. Après avoir fait tout ce qui était en son pouvoir pour empêcher que ces saletés ne se répandent à nouveau, elle proposa à Taliesin de l'emporter en volant doucement, pour rejoindre les autres, avant que son sortilège ne s'achève.

"Merci d'être resté avec moi, Tal." Lui glissa-t-elle à l'oreille.

La drow ouvrit les yeux et découvrit le visage de Yardan et de la duergare penchés au dessus d'elle. Ils semblaient inquiets. Elle fit un mouvement pour se relever mais une douleur intense au niveau du thorax la maintint au sol. L'elfe noire grimaça et parvint finalement à s’appuyer sur son coude. Les débris épars de vase qui recouvraient la salle du sol au plafond comme le fait qu'ils soient encore vivants confirmait que la vase n'avait pas résisté au feu duergar. Elle força son visage à sourire un peu et chercha à se redresser d'avantage.

[Commun des profondeurs]-Ce n'est de la bravoure que lorsqu'on survit, sinon c'est plutôt de la stupidité.

Dharka etouffa un juron lorsqu'un nouvel éclair de douleur lui déchira le flanc.

[Commun des profondeurs]-Qu'en est il des autres ? Et des arachnoformes ?

Elle chercha Matian du regard et tenta de se mobiliser de nouveau en tendant son bras valide vers Yardan.

[Commun des profondeurs]-Aide moi à me relever, allongée comme cela je me sens vulnérable.

A peine avait-il finit de débarrasser l'endroit des arachnoformes que le sol se déroba sous ses pieds et Levko mit un genou à terre. L'explosion et le flash de lumière le laissa vulnérable un temps bien trop long au gout du roublard. Le rituel avait fonctionné, les Duergars avaient réussi à invoquer la foudre sous terre, leur maitrise des éléments était impressionnante.
Dès qu'il fut en mesure de voir clair, Levko se dirigea vers le lieu de l'explosion, inquiet de savoir qui avait subi les effet du rituel. La vase monstrueuse n'était plus et ses compagnons étaient dans un piteux état, mais au moins tous était encore en vie.

Pendant que chacun reprenait forces et couleurs, il patrouilla aux alentours dans les ombres pour que le groupe ne se fasse pas surprendre par une nouvelle horde de créatures. Il n'était d'aucune aide auprès des blessés.

Je ressentis un immense sentiment de soulagement quand je vis Caliobé revenir vers moi. J'acceptai son offre et profitai des quelques instants accroché à elle pour admirer sa beauté.

Je répondis à son remerciement par un sourire entendu.

« Nous reverrons la surface ensemble » lui dis-je dans un souffle.

Matian avait commencé par faire un tour de reconnaissance des alentours avant de rejoindre ses compagnons, rassuré sur le fait qu'il avait probablement abattu les derniers arachnoformes avec Levko. Il revint alors auprès de Dharka, marquant d'un simple signe de tête sa satisfaction qu'elle ait survécu.

" Nous devrions être tranquille quelques temps ici."

De leur côté les ingénieurs et les ouvriers survivants examinaient l'étendue des dégâts et commençaient à établir la liste des travaux à effectuer, par ordre de priorité décroissant. Leur meneur désigné un peu par défaut retrouva Edra :

" Il y a une clinique pas loin, avec tout ce qu'il faut pour soigner vos blessés, mais on ignore s'il y a du danger."

Caliobé et Taliesin rejoignirent les autres, déjà en train de se congratuler ou de se la couler douce. Elle embrassa du regard la scène, Dharka au sol, Yardan qui la frictionnait d'herbes odorantes...

"Alors, on se prélasse Dharka, un petit problème de souffle peut-être ? Tu devrais essayer le programme esclavage en seize semaines, effets garantis." Caliobé fit claquer sa paume sur ses abdominaux pour témoigner de leur solidité.

Elle passa au moine et lui fit un clin d'oeil avant d'afficher un visage dur comme le marbre.

"Tu veux faire saliver tous les monstres du coin en la badigeonnant comme un pain à l'ail, Yardan ou c'est pas pur plaisir de la tripote ? Regarde moi ça, elle est passée du noir au gris foncé, la pauvresse. Ajoute de l'huile de colza."

Sur ce, Caliobé inspecta rapidement les lieux avant de prendre ses aises en évitant autant que possible de s'asseoir sur de la vase grillée.

Petit à petit, à force de soins minutieux et de magie, l’état de Dharka se stabilisa. Elle reprit des couleurs, autant que possible pour une elfe noire.

Soulagé, le moine hocha la tête. La Balance ne Jugerait pas aujourd’hui.

Il rangea sa trousse de soin bénie dans sa besace, attrapa le bras de Dharka, et, avec l’aide Edra, accompagna leur sœur d’Épreuve pour se lever. Bien que flageolante, la jeune femme fit montre une fois encore de son caractère d’acier, et passa sous silence la douleur horrible qui la minait en cet instant.

Un peu plus loin, Caliobé et Taliesin reprenaient pied sur terre après leur ballet aérien. Éreintés mais souriant, les deux arcanistes semblaient…. changés. Une aura sereine les enveloppaient. La satisfaction des vainqueurs, peut-être ? Ou autre chose ? En cette heure, il était vrai, le surréalisme aigu de l’instant contaminait tout.

La melessë s’approcha d’eux, et glissa au moine des paroles pour le moins absconses. Yardan la regarda fixement, saisi. Puis, un sourire se dessina sur son visage encore marbré de la claque titanesque reçue tantôt. Et, chose rare, il pouffa même à la boutade de la jeune fille. L’humour était une chose que le disciple du Commencement maniait mal, mais il était difficile de rester impassible devant tant d’absurde. C’était Caliobé, après tout.

[Commun des Profondeurs] La Grande Roue puisse-t-elle guider votre faconde dans ses élans culinaires, dame Caliobé. Même si je crains qu’huile ne soit superflue, quand ici tant de vase s’aligne.

Il hocha la tête, et reprit la marche. Sur les conseils de Matian et du chef par défaut, ils s’orientèrent vers l’infirmerie pour panser plus avant leurs blessures. Oui, l’heure était maintenant au repos.

Ils s’avancèrent en silence, laissant le soin à Levko de fermer leurs arrières.

Les duergars habitués des lieux précisèrent en commun des profondeurs :

- L'infirmerie n'est pas loin, mais elle est un peu à l'extérieur de l'usine. On ne sait pas dans quel état elle est.
- Sur place il y a de quoi soigner des blessures et se requinquer.

Spoiler

Une fois à terre, il me fallu quelques secondes pour me remettre du trajet aérien avec Caliobé. Je laissai traîner une main sur le bras de la melessë avant de me tourner à mon tour vers le reste du groupe. Tout le monde s'en était sorti, mais Yardan avait quelques vilaines blessures et Dharka semblait mal en point. Je m'approchai d'elle tout à posant une main amicale sur l'épaule de chacun des compagnons que je dépassais pour aller vers la drow. Une fois devant l'elfe noir, je le regardai de mon unique œil valide.

« Peut-être y a-t-il de l'espoir...? Je ne sais pourquoi vous faites vraiment tout cela mais merci. »

Puis avisant des soins prodigués par Yardan, j'ajoutai :

« Je vois que Yardan s'est bien occupé de vous mais un détour par l'infirmerie semble effectivement nécessaire. »

Je proposai un bras amical à l'elfe noire pour l'aider à marcher si besoin, sachant qu'elle refuserait probablement, puis suivis le reste du groupe vers l'infirmerie en me plaçant à peu près en milieu de cortège.