Re: Inframonde chap. 4-01 - L'Oeil ouvert sur le Monde
Publié : 06 mai 2021, 00:04
Lancés par le feu crépitant, les éclats écarlate fusaient dans la nuit. Ils éclaboussaient les visages, grimaient les sourires et les regards gaillards, impérieux et impétueux. Un matelas de vie tachetée s’était lové sous le regard complice des fêtards endiablés, fait d’ombre et de rouge, de noir et de vie. Les sons frappaient le sol, rugueux, au rythme des pieds en cadence et des mains enjouées. Les rires giclaient, joyeux égrillards et ivres prudes, au visage des astres et des insectes muets. Le crissement des fourrés happés par la foule tumultueuse, ils en étaient réduits comme les géantes du ciel à l’admiration de cette vie qui vibrait, forte, perdue sous l’immensité des étoiles, retrouvée devant l’infini d’un instant. En cette heure, la fête battait son plein, et tous s’y noyaient à l’envie.
La voûte céleste… c’était un spectacle que Yardan avait oublié. Tant de temps emmuré clôt dans le cercueil de roche de l’Inframonde, et voilà qu’il en avait oublié l’intensité du firmament, la félicité du soir et du bonheur de la veillée. Sous ce ciel dévoré d’asphalte percé de diamants clair, il se sentait renaître. Peu importait, au fond, que cet air ne soit pas le sien, que ces odeurs ne soient pas celles qu’il connaissaient tant, ou que les mots lancés résonnent vainement à ses oreilles. Le berceau céleste s’épanouissait, solennel dans son ballet, grandiose dans son acte, et tout était de nouveau en harmonie.
Un sourire au visage, le moine finit par s’arracher à sa contemplation et alla se joindre à la fête. Les locaux étaient chaleureux, et leur enthousiasme communicatif. Plusieurs se pressèrent vers le moine, nombres de jeunes et moins jeunes, observant avec intérêt les tatouages du Dieu-Dragon, ces arabesques bleu sombre qui luisaient imperceptiblement sous reflets des flammes. Le moine regretta de ne pouvoir converser directement avec ces gens. L’aide d’Edwald était appréciable, mais rien ne valait le plaisir d’une conversation, d’un échange ouvert entre conscients. Avec un amusement qu’il ne se connaissait guère, le moine mima des réponses avec force de gestes et grimaces, sans réelle portée mais avec affection. Cela l’amusait. Un sentiment rafraîchissant, après la folie d’en-dessous.
Car aux yeux du natif des îles, les rôles étaient inversés. Ces gens étaient bien plus étranges que lui, avec leur parures dénudées, leurs coiffes vives et leurs peintures corporelles aux motifs abscons. Mais au fil des voyages et des péripéties, son œil s’était emprunt d’un regard neuf, plus vif et plus mesuré. L’étrangeté dont il les affublaient était la même qu’eux voyaient en lui. Deux reflets pour le même absolu. En son for intérieur, Yardan étaient emprunt de reconnaissance envers le Grand Tout. Draaz en soit loué.
Et au fond, quels étaient les dieux que ces gens révéraient ? Quelles étaient leurs coutumes, leurs rites, leurs espoirs ? Il y avait tant à savoir, tant à découvrir. L’entrevue prochaine avec la chamane, cette dame qui trônait muette en arrière de l’assemblée, serait aussi une source d’apprentissage. Mais cela viendrait plus tard. L’heure était à la fête, à l’extase de l’oubli, au ravissement du présent.
Happé par l’ambiance, le disciple du Commencement eut un sourire narquois. Après tout, s’il ignorait les rites locaux, rien l’empêchait de leur montrer combien les enseignement de Draaz rayonnaient. Il fit un signe de tête poli à ses compagnons, et se glissa vers un cercle dégagé. Avec un mouvement délibérément lent, il cala ses gestes sur le rythme de la musique, et fit corps avec les sons.
Dans ce qui s’apparentait à une transe calme, Yardan entama les premiers katas des Mouvements du Jour, et se mit à rendre grâce à la Grande Roue qui les avaient mené ici.
La voûte céleste… c’était un spectacle que Yardan avait oublié. Tant de temps emmuré clôt dans le cercueil de roche de l’Inframonde, et voilà qu’il en avait oublié l’intensité du firmament, la félicité du soir et du bonheur de la veillée. Sous ce ciel dévoré d’asphalte percé de diamants clair, il se sentait renaître. Peu importait, au fond, que cet air ne soit pas le sien, que ces odeurs ne soient pas celles qu’il connaissaient tant, ou que les mots lancés résonnent vainement à ses oreilles. Le berceau céleste s’épanouissait, solennel dans son ballet, grandiose dans son acte, et tout était de nouveau en harmonie.
Un sourire au visage, le moine finit par s’arracher à sa contemplation et alla se joindre à la fête. Les locaux étaient chaleureux, et leur enthousiasme communicatif. Plusieurs se pressèrent vers le moine, nombres de jeunes et moins jeunes, observant avec intérêt les tatouages du Dieu-Dragon, ces arabesques bleu sombre qui luisaient imperceptiblement sous reflets des flammes. Le moine regretta de ne pouvoir converser directement avec ces gens. L’aide d’Edwald était appréciable, mais rien ne valait le plaisir d’une conversation, d’un échange ouvert entre conscients. Avec un amusement qu’il ne se connaissait guère, le moine mima des réponses avec force de gestes et grimaces, sans réelle portée mais avec affection. Cela l’amusait. Un sentiment rafraîchissant, après la folie d’en-dessous.
Car aux yeux du natif des îles, les rôles étaient inversés. Ces gens étaient bien plus étranges que lui, avec leur parures dénudées, leurs coiffes vives et leurs peintures corporelles aux motifs abscons. Mais au fil des voyages et des péripéties, son œil s’était emprunt d’un regard neuf, plus vif et plus mesuré. L’étrangeté dont il les affublaient était la même qu’eux voyaient en lui. Deux reflets pour le même absolu. En son for intérieur, Yardan étaient emprunt de reconnaissance envers le Grand Tout. Draaz en soit loué.
Et au fond, quels étaient les dieux que ces gens révéraient ? Quelles étaient leurs coutumes, leurs rites, leurs espoirs ? Il y avait tant à savoir, tant à découvrir. L’entrevue prochaine avec la chamane, cette dame qui trônait muette en arrière de l’assemblée, serait aussi une source d’apprentissage. Mais cela viendrait plus tard. L’heure était à la fête, à l’extase de l’oubli, au ravissement du présent.
Happé par l’ambiance, le disciple du Commencement eut un sourire narquois. Après tout, s’il ignorait les rites locaux, rien l’empêchait de leur montrer combien les enseignement de Draaz rayonnaient. Il fit un signe de tête poli à ses compagnons, et se glissa vers un cercle dégagé. Avec un mouvement délibérément lent, il cala ses gestes sur le rythme de la musique, et fit corps avec les sons.
Dans ce qui s’apparentait à une transe calme, Yardan entama les premiers katas des Mouvements du Jour, et se mit à rendre grâce à la Grande Roue qui les avaient mené ici.