par Etmer_Fachronies »
20 sept. 2017, 21:38
Un dernier coup, puis ce fut le silence.
Dans la salle de la Forge Sacrée, où la fureur des monstres s’était brisée contre la détermination sans faille des combattants, le chaos du combat s’était tu. Les rejetons du chancre, les monstres nés de l’aberration et de la corruption, n’étaient plus. Après ces heures de fureur, après cette nuit à entendre les monstres hurler et frapper contre les murs, le calme baignait les oreilles des présents pour la première fois depuis longtemps.
Yardan se redressa, encore en garde, prêt à frapper la prochaine menace qui se présenterait. Mais il n’y en avait plus aucune. Un peu plus loin, Levko retirait sa rapière du corps de l’un des monstres, et Ignir venait d’achever de ses lames le dernier de leurs opposants. Désormais, seul le corps gras du monstre tentaculaire émettait encore des borborygmes, les membres secoués de leurs dernières convulsions.
Le moine hocha la tête, encore pris de l’ivresse du combat et de la dépense d’énergie concédée. C’était la première fois qu’il puisait tant dans ses ressources au cours d’un combat. Mais étrangement, il se sentait bien. Car en ces lieux, le Serpent venait d’en être chassé.
Alors qu’il s’apprêtait à s’avancer vers Ludmilla, la bénédiction de Forgeron vint.
Virevoltant hors du foyer, des étincelles de feu magique jaillirent en volutes dorées hors de la Forge et se déposèrent sur les présents et sur les carcasses encore chaudes des monstres. Pour les combattants, elles furent une caresse légère qui nettoya définitivement les salissures de la corruption. Pour les abominations du chancre, en revanche, elles consumèrent corps et sécrétions, ne laissant qu’une fine pellicule de cendres grises derrière elles.
Le lieu venait d’être purifié à jamais de la souillure. Tout était fini.
Yardan regarda la magie du Dieu façonneur faire effet en ce lieu. Stoïque et émerveillé. Le visage empreint d’une solennité plus grande encore qu’à l’accoutumée.
Puis, alors que les dernières cendres se dispersaient au vent, il sorti de son état de contemplation. Sa fatigue physique le cueilli comme une gifle. Oui, l’Epreuve du Jour avait été rude… et celle-ci ne serait pas achevée tant qu’eux tous resteraient en ce lieu.
Prenant sur lui, le disciple de Draaz se tourna vers ses compagnons. Il voulut d’abord se diriger vers Milla, mais il fut doublé par Jasna, qui se jeta dans les bras de sa sœur ainée.
Le moine regarda avec un sourire les retrouvailles des jeunes femmes, puis se détourna. Il profita de l’instant pour aller vers ses frères d’armes, blessés mais victorieux, les remerciant chacun d’avoir participé au bannissement du Serpent :
- Au nom de Draaz, devant vous je m’incline et vous honore, annonça-t-il à la cantonade en joignant le geste à la parole, poing sur paume. Louée soit la Grande Roue, car par nos conjointes actions, la Balance honore nos faits. En ces lieux, honni Serpent fut repoussé séant dans les tréfonds du Monde Souterrain. Aussi, soyons fiers ! Actes sont les étendards de nos âmes, et parlent en notre nom. Le Dieu Dragon et Forgeron sont contents, et je le suis aussi tout autant. Au nom du Commencement, merci.
Puis il ajouta d’un ton plus sombre :
- Désormais, comme il a été dit, récupérons corps de notre défunt camarade ainsi qu’honneur exige. Puis sortons. L’air libre sera meilleur écrin pour lui rendre hommage.
Voyant tout le monde se préparer, le moine s’inclina une dernière fois, puis il revint au chevet de Ludmilla. Couvant la jeune femme du regard, il fut de nouveau surpris de voir à quel point l’état de santé déplorable de l’ordonnante le troublait. Dès qu’ils seraient de retour en lieu sûr, le moine se fit la promesse de la soigner du meilleur de ses capacités.
Quand la jeune femme fut à même de se lever, elle s’en vint le regarder un instant, figée, sans dire un mot. Yardan hésita à parler, mais non. Il se garda d’évoquer ses pensées à voix haute. Le calme de son âme était déjà mis à rude épreuve par son silence, l’heure n’était pas venue. D’ailleurs, Ludmilla fit de même, et se contenta de le fixer étrangement. Etait-ce de la défiance ? De la surprise ? Des critiques ? Le moine était perdu. Draaz l’entende, il aurait ardemment souhaité que dame Asyra soit présente. Avec ses mots justes, la révérée aurait su le mettre sur la voie.
Puis Ludmilla se détourna, et Yardan retrouva un semblant d’efficacité. Il fit le tour de ses compagnons, savoura avec eux l’instant, puis se dirigea vers les outils sacrés de Forgeron. Comme le disait Jasna, les symboles du Dieu ne pouvaient être laissés à l’abandon, aussi se devait-il de participer au transport. Le Grande Roue avait tournée, et ainsi venait une nouvelle Epreuve, qui cette fois les conduiraient tous vers l’extérieur.
***
L’air calme et frais de l’extérieur fut une bénédiction pour Yardan, qui respira les odeurs nocturnes à plein poumon. Les plantes sauvages, l’âcreté de l’humus humide, les odeurs piquantes de la résine des arbres… tout était d’une saveur exquise pour le moine, qui se sentait renaître après tant de temps passé dans l’obscurité la plus noire.
Le contraste entre le désespoir immense de la tombe et la joie de cette nuit paisible était vertigineux. Un sourire immense sur le visage, l’adepte du Geste remerciait de toute son âme le Dieu Dragon pour lui permettre d’éprouver une telle félicité. Même la chiche lumière des étoiles, pourtant glacée en cette nuit fraiche, était une récompense qu’il ne se satisfaisait pas de goûter. Suant sous la charge des objets de culte, le moine avançait avec les autres avec entrain.
Puis ils s’arrêtèrent soudain. Une chose avait retenu l’attention des premiers arrivés. Yerdan se fraya un chemin pour tomber sur une chose surprenante. Un petit être, devant lequel Lumilla riait à gorge déployée. Une peau verte, des dents saillantes, une tête fine mais avec un étrange éclat d’intelligence dans le regard… C’était la première fois que le moine croisait un tel être. Pourtant, s’il en croyait les livres du Commencement, il s’agissait là d’un gobelin. Curieux, l’adepte tendit l’oreille, attentif aux discours qui commençaient à s’échanger.
Les Aigles d'Arolavie : Yardan, adepte du Dieu-Dragon - Moine de niveau
6
CA
15 - PV
45/45 (6d8) - DV
6/6 (d8+2) - Points Ki
6/6 - Héroïsme
3/3 - Gourde
10/10