par Etmer_Fachronies »
20 déc. 2016, 00:15
Du noir, encore et toujours. Au bout de sa main, la lumière vacillante de la frêle chandelle peinait à conjurer les ténèbres qui l’assaillaient de toute part. Elle tentait, vaillante, de se dresser seule, de résister de toute sa flamme face à l’Ombre et à la Nuit. Mais pourtant, son combat était vain. Dans les ténèbres profondes du Monde Souterrain, l’obscurité régnait sans partage. Dans cet abysse oublié du Jour, tout était voué à retourner au Néant, et à s’endormir pour l’éternité.
Yardan essuya d’un geste la transpiration qui perlait sur sa figure, maculant d'encore plus de crasse son front tanné par la poussière du souterrain. Il jeta de nouveau un œil en direction de la salle qu’il venait de découvrir, une voûte naturelle qui se noyait dans les ombres d’un plafond infini. En d’autres circonstances, il aurait apprécié la forme de l’endroit. Le lieu rappelait par plusieurs point les alcôves du Commencement, ces chapelles où les apprentis s’isolaient des jours entiers pour jeûner et méditer. Certes, il y manquaient ces meurtrières savamment taillées, qui en baignaient de lumière chaude leurs murs nus. Et portant, la quiétude qui émanait de cette salle de pierre faisait écho à ces souvenirs agréables.
Mais pourtant… oui, pourtant, Yardan n’arrivait pas à apprécier ce lieu à sa juste valeur. Les circonstances, encore et toujours, l'accablaient. Alors qu’il se savait sous le Regard de Draaz, Yardan avait failli. Il ignorait par quel biais mystérieux son esprit avait été joué, toujours était-il que le Serpent avait œuvré. A l’heure actuelle, Yardan était perdu. Désigné éclaireur par Nôl, il s’était aventuré, seul, en avant de son groupe, poussant toujours plus avant l’exploration de cet endroit sombre et rempli de mystères. Au début, l’idée l’avait grisée. Mais désormais, les boyaux par lesquels il avait rampé, les passes qu’il avait franchi, les espaces qu’il avait traversés, tout ceci paraissait vain devant l’immensité du lieu qu’il découvrait à la lueur tremblotante d’une flamme chancelante. Il devait maintenant reconnaître l’évidence : il ne reconnaissait pas cet endroit du monde souterrain, et ne situait en rien cette passe, ni ne savait comment s’en retourner.
En cette heure sombre, l’adepte du Souffle ignorait quoi faire pour rejoindre sa manicle, ni comment s’orienter dans ce dédale de ténèbres. Son esprit luttait pour rester fort. Il se devait de faire front, car tel était sa Voie, la Voie de Draaz, le Chemin de l’Eveil, son credo. Pourtant, perdu seul dans les méandres de l’Outremonde, Yardan se mit à douter. Cet abîme était inextricable, et il était seul, abandonné. Il était seul, si seul… L’espace d’un instant, il se projeta dans sa chandelle. Il était une flamme, faible et tremblante, et allait d’ici peu se faire battre, débordé de toute part, assailli sans relâche par un ennemi implacable, immense et intangible. Il allait perdre, il allait…
L’esprit ploie. Le corps se brise. L’âme se racornit. La Volonté, toujours, reste. Ayez foi, Arpenteurs, car les Paroles du dieu Dragon vous guident.
Le mantra du Commencement secoua son esprit en proie au doute. La litanie si souvent répétée se présenta comme un phare dans la nuit, ses sonorités si familières se découpèrent brillantes dans les ombres du lieu. D'un frisson glacé, il sorti de ce gouffre de l’esprit, qui, s’il n’avait duré qu’une fraction de secondes, l’avait ébranlé.
L’esprit de nouveau vif, Yardan se rappela le lieu où il se trouvait. Il se souvint de sa manicle, de sa condition. De sa Mission. Il n’avait pas le loisir de se laisser aller au doute, car la Parole de Draaz le dictait ainsi.
Que faire, donc, maintenant qu’il avait perdu son chemin, et ne savait s’en retourner ? Devait-il prendre une direction au hasard ? Dans ce lieu abandonné des Dieux, c'était courir à sa perte. Il écarta d’emblée cette possibilité. Mais alors, que faire ? La réponse était simple, il se devait de s’orienter de nouveau, et ce avant que sa chiche flamme ne rende définitivement grâce. Un court instant, Yardan se demanda s’il n’aurait pas meilleur temps de souffler la flamme pour laisser ses yeux s’habituer à l’obscurité, et ainsi avoir une chance de repérer les flammes du reste de son groupe. Mais non, il écarta cette idée. Il était bien trop simple de se perdre ici, et y espérer se guider à la lumière des étoiles n'avait aucun sens.
De plus, Yardan n’avait pas oublié les divagations de Tardéric, qui avait abandonné son précédent groupe aux griffes d’un démon. Même si Yardan n’accordait que peu de crédit aux paroles de cet homme, prudence était de mise. Il renonça donc pour l’heure à appeler d’un cri sa manicle, car l’écho pouvait se révéler trompeur, les éboulements pouvaient se révéler meurtriers, et les monstres cachés pouvaient quant à eux simplement se révéler.
Une fois de plus, Yardan se plongea dans ses souvenirs. Comment avait-il réagit, la foi où ses pas l’avaient porté loin des murs du Commencement ? Quel avait été sa réponse, quand les maîtres les avaient enjoints à se débrouiller dans les rochers escarpés des falaises Nord de l’archipel ? Deux réponses s’imposèrent à l’esprit du moine. La première, était le son. Dans ce lieu vide de lumière, il se devait de maîtriser sa respiration, afin de capter au plus près les échos des voix de ses comparses. Et la seconde, était la trace. Dans ces lieux perdus sous la surface, il avait parcouru des chemins par tous oubliés, et son corps avait forcément laissé des marques dans les poussières séculaires du lieu.
Fort de ces souvenirs, Yardan observa du mieux qu’il pu le sol, tout en tendant l’oreille. Il s’en retournerait auprès de ses compagnons d’armes, quand bien même le Serpent lui-même se dresserait en face de lui. Oh oui, l’Epreuve du Jour était complexe, mais sa Volonté serait sans faille désormais. Puisse Draaz lui en être témoin, Yardan savait qu'il trouverait le chemin, car il devait en être ainsi.
Les Aigles d'Arolavie : Yardan, adepte du Dieu-Dragon - Moine de niveau
6
CA
15 - PV
45/45 (6d8) - DV
6/6 (d8+2) - Points Ki
6/6 - Héroïsme
3/3 - Gourde
10/10