[Arolavie] Chapitre 1 - Garder la frontière Une aventure de la garde lunaire de Fort Ditelni à la frontière nord-ouest de l'Arolavie.

[Aeghiss]

Le bossu m'approchait. Je haussai les sourcils un instant à la vue de la coupure fendant sa paume, mais ne fis aucun commentaire.

"Quels sont les ordres, pour la suite ?"

Je hochai la tête, content du ton du mage.

"J'aime mieux ça. Ce genre de questions est plus utile à la manicle que des insultes envers son chef."

Je m'interrompis, lançant à mon interlocuteur un regard mi-encourageant, mi-ironique.

"Les ordres pour l'instant, c'est de rester ici le temps qu'Ignir sorte de l'état pitoyable dans lequel il est... De quelque manière que ce soit.", continuais-je avec une légère grimace.
"Et sinon, on attend que le sergent revienne et nous donne les siens."

"Ah, et si tu as quelque information à me fournir sur cet endroit et ses..." Je m'arrêtai un instant, jetant un regard aux gobelins qui s'activaient autour de nous. "Habitants, je serais preneur."

"J'aimerais autant être prêt à tout. Si on pouvait cesser là l'hécatombe, ça serait bien."

[Atorgael]

Levko n'était pas très à son aise, là au milieu des marais dans la cabane d'une sorcière, entouré de gobelins aux regards vicieusement affamé, il restait sur ses gardes.

Ignir délirait toujours et son état ne semblait pas s'améliorer, allaient-ils perdre un des membres de la manicle maintenant que les combats étaient loin ?

En repensant aux combats, Levko se reprochait toujours cette imprudente attaque sur la chef des bandits, s'il avait su battre en retraite plus rapidement, il ne se serait pas pris ces coups d'épée. Il allait devoir travailler sa rapidité une fois remis sur pieds. Au moins son action avait permit que Czep se dégage avant de contre attaquer.

Czep. Où était-il ? Etait-il mort, vivant, prisonnier ? Et pourquoi était-il parti en les laissant comme ça ?
Beaucoup de questions et aucune réponse. Lvko était sur qu'il n'avait pas déserté comme Voukoll l'avait laissé entendre. Czep était peut-être un tueur mais pas un lâche ni un traitre.

Les deux derniers membre de la manicle semblaient tendus eux aussi. Le commandement pesait lourd sur les marges épaules du nain et Aleks semblait peu ravi de cette situation. Il ne semblait pas porter Wulfstan en très haute estime. Ou bien la présence de la sorcière le mettait-elle mal à l'aise.

Levko laissa un instant toutes ces questions de côté et se pencha sur sa rapière qu'il nettoya avec soin avant d'en affuter la lame. C'était une occupation apaisante qui l'aidait à se concentrer et à se calmer. Bientôt il se revit au fond de sa forêt et chantonna doucement une chanson comme son père le faisait au coin du feu quand il sculptait des petits chevaux de bois lors des longues soirées hivernales.

[Iris]

La fin de journée s'annonçait tout doucement.

Nashmeska intervint à un moment pour pester et donner des instructions minimales en architecture, avec de vilaines pour le cas où on ne la prendrait pas au sérieux. Elle avait déjà mangé des gobelins qui ne donnaient pas satisfaction, tout le monde le savait... Une fois qu'elle eut semé la terreur, elle contempla sa fourmilière avec une grimace satisfaite et retourna voir le tieffelin, vérifiant son état et procédant à des examens. Après un soupir perplexe, elle retourna chercher quelque chose dans sa demeure, revenant quelques minutes plus tard avec une vasque d'argent quelle installa sur un trépied. Elle ordonna à un gobelin de lui rapporter de l'eau pure d'une source hors du marais, dans une fiole (solide) dédiée. Et que ça ne traîne pas !

Songeuse, elle contempla les premières étoiles qui apparaissaient, puis laissa glisser son regard sur son si cher Aleksandr, une véritable perle à ses yeux, et retourna dans ses appartements en attendant le retour de son serviteur avec l'eau pure de source.

[Casaïr]

"Ja... Jasna ?"

C'était presque avec peur que je la regardais. J'avais honte de ce que je ressentais, mais le changement survenu un peu plus tôt avait été si soudain, si... brutal, que l'espace d'un instant, je ne l'avais pas reconnu. L'unique coup qu'elle avait asséné à la créature avait été si violent qu'elle l'avait pratiquement tué. En tout cas ça ressemblait à cela pour moi. Quant à moi je venais de prouver, s'il le fallait encore, mon inaptitude. Après la peur, c'est la jalousie envers ma propre sœur que je ressentis, sentiment que je ne parvins à dissimuler que sous un masque de honte encore plus lourd. Finalement, c'est la colère qui l'emporta, sur moi-même d'abord, sur l'endroit où nous nous trouvions ensuite, sur les dieux enfin, qui se moquaient ainsi de nous en nous envoyant dans un endroit pareil, et pour quelle raison ? Je ne pus retenir un cri de colère pure, ce qui me soulagea malgré la bêtise de mon geste. Toutefois, c'est sans décolérer que je me tournais vers mes compagnons.

"Ce petit jeu a assez duré. Trouvons la sortie de ces tunnels, où qui'ils mènent, et mettons au point un plan pour nous sortir de ce guet-apens. Si nous parvenons à libérer les autres prisonniers dans l'affaire ce sera parfait, mais préparons déjà notre propre revanche. Je préfère partir la tête haute que de redevenir une esclave soumise."

Ma voix avait claqué comme un fouet dans le silence des profondeurs, et je n'étais pas bien sûre que ce soit le lieu ou l'heure pour m'enflammer de la sorte, d'autant que j'avais par mégarde révéler une partie de notre passé, à Jasna et moi. Toutefois, en cet instant, je ne m'en rendit pas compte. Ou peut-être m'en fiché-je, je n'étais pas vraiment sûre. Enfin je remarquais la blessure de ma cadette et toute colère disparu d'un coup, remplacée par l'inquiétude très certainement aggravée par la culpabilité qui ne me quittait plus depuis qu'on était arrivé ici.

"Comment te sens-tu, petit cœur ? Tu as besoin de bandages, attends."

Je n'avais aucun talent en la matière, aussi m'apprêté-je à déchirer un morceau des haillons que l'on m'avait donné à porter pour le tendre à Yardan, lui demandant gentiment : "Tu peux panser ses plaies avec ça ?"

[Nailseater]

Et que ça ne traîne pas !

- Oui maiiitressssse ...

Rikiki jeta un regard noir à ses compagnons qui avaient tous reculés, trop vifs, le laissant seul devant la maîtresse. Il s'avança prudement, la tête baissé pour prendre le récipient dans sa main. C'est une fois la fiole récupéré et sortit de la cahute qu'il se mit à bougonner.

Toujours moi qu'on envoie n'importe où ! Pis c'est loin ! Et on s'en fiche de l'aut'là !

Le petit peau verte suivit un petit ( Était-ce vraiment un chemin ça ?) sentier. L'herbe était haute et la brume épaisse. Au loin, Rikiki vit Bizut chassant à nouveau du bois ...

- Bizût ! Fais gaffe ici, il y en a un agressif !

Après avoir lancé sa bêtise, il continua de s'éloigner traversant les marécage. C'est après un bon moment de marche, alors que son ventre se mit gargouiller bruyamment que le doute s’installa.

Mais ... je suis seul. Et si on m'attaquait !

N'ayant rien pris d'autre avec lui que la fiole et pris de panique par une possible attaque, Rikiki reparti en arrière en courant. Il irait chercher l'eau ! Oui ! Oui ! Oui ! Mais pas sans arme !

[Iris]

Levko commençait à se sentir moins mal petit à petit. A ce rythme, il serait sûrement sur pied dans deux - trois jours estima-t-il, peut-être avec optimisme. Wulfstan et Aleksandr nouaient de nouveaux liens de camaraderie.

... tandis que le gobelin à la fiole revint tout affolé à l'île de la guenaude -- heureusement dans sa maison, de sorte qu'elle ne le vit pas.

[Edzart]

"J'aime mieux ça. Ce genre de questions est plus utile à la manicle que des insultes envers son chef."

Je serrai les dents. Décidément, il ne connaissait rien à la diplomatie, notre stéréotype... Mais je venais de me faire une promesse. Je ne pouvais décemment la briser dans la minute. Je respirai. Doucement. Ne répondis rien et attendis la suite.

"Les ordres pour l'instant, c'est de rester ici le temps qu'Ignir sorte de l'état pitoyable dans lequel il est... De quelque manière que ce soit.
Ah, et si tu as quelque information à me fournir sur cet endroit et ses... Habitants, je serais preneur.
J'aimerais autant être prêt à tout. Si on pouvait cesser là l'hécatombe, ça serait bien."

Je réfléchissais un instant. Nameshka vivait ici... paisiblement, si l'on peut dire. Elle semblait protéger ces lieux et éloigner les potentielles menaces. Néanmoins, si j'avais bien compris les événements récents, la quiétude du marais était en passe de faire place à une dangereuse invasion du chancre.

"Si je ne fais pas fausse route, les environs deviennent dangereusement hostiles. Que ce soit à nous ou à nos... amis." Je jetai un oeil aux gobelins restants, avant de continuer "Je pense que nous risquons de rester là un moment, au vu de l'état de nos deux compagnons. Bien que conscient, il ne faut pas se mentir, Levko est dans un état déplorable. Il serait peut-être intéressant de faire de ces lieux un retranchement sur. Peut-être fortifier un peu avec ce que l'on peut. Il nous faudra évidemment l'accord de Nameshka.
Elle est liée par un pacte à la garde lunaire. Nous n'avons rien à craindre d'elle. Tant qu'elle sera là pour les empêcher de céder à leurs instincts, nous n'avons rien à craindre des gobelins non plus. Ce qui m'inquiète, ce sont les alentours. Voukoll et moi nous sommes frottés à un Ettercap il y a quelques jours. Si d'autres engeances du chancre rôdent dans le coin, nous devons être prêts."

[Aeghiss]

"Si je ne fais pas fausse route, les environs deviennent dangereusement hostiles. Que ce soit à nous ou à nos... amis." Je jetai un oeil aux gobelins restants, avant de continuer "Je pense que nous risquons de rester là un moment, au vu de l'état de nos deux compagnons. Bien que conscient, il ne faut pas se mentir, Levko est dans un état déplorable. Il serait peut-être intéressant de faire de ces lieux un retranchement sur. Peut-être fortifier un peu avec ce que l'on peut. Il nous faudra évidemment l'accord de Nameshka.
Elle est liée par un pacte à la garde lunaire. Nous n'avons rien à craindre d'elle. Tant qu'elle sera là pour les empêcher de céder à leurs instincts, nous n'avons rien à craindre des gobelins non plus. Ce qui m'inquiète, ce sont les alentours. Voukoll et moi nous sommes frottés à un Ettercap il y a quelques jours. Si d'autres engeances du chancre rôdent dans le coin, nous devons être prêts."

Le nain manqua de s'étrangler. Alors qu'il avait un instant plus tôt une attitude résignée, n'ayant d'autre choix que d'attendre ici en compagnie du mage qu'il abhorrait, d'une Guenaude qui lui faisait froid dans le dos, et d'une troupe grotesque de Gobelins, cette race tant haïe des Nains, son expression se transforma brièvement en une expression de rage, de dégoût et de haine entremêlées, avant que ses traits ne s'apaisent... Pourtant, sa main resta rivée au manche de sa hache.

"Un Ettercap ?! Par ma barbe !"

"Viens avec moi. Nous devons parler à... Nameshka. Il faut que j'en sache plus."

Le nain fixa le mage droit dans les yeux. D'un regard froid comme le marbre - pire, sans doute aussi froid que devait l'être Givreuse elle-même.

"Sache bien, cependant, que chaque vie que le Chancre prendra sous mes yeux, je lui ferai payer au triple."

[Iris]

Rikiki était au campement. Il regardait autour de lui. Pour s'armer il pouvait demander à ses copains gobelins (gopains ? copelins ?) ou aux gardes lunaires... Il y en avait un qui chantait, il était peut-être sympa ?

...

Pendant ce temps, Wulfstan demandait audience auprès de Nashmeska qui... était surtout étonnée du changement d'attitude du personnage, n'ayant aucun moyen de savoir de quoi il était question. Il commençait à faire nuit et frisquet, même selon les standards de la Guenaude. Heureusement, la baraque des visiteurs, couverte de toiles tendues et avec un braséro à l'intérieur était à peu près chaude. La demeure de la sorcière des marais était agréablement tiède et y flottait des odeurs d'herbes et de composantes alchimiques -- ainsi que de poussière et de sueur aigre. Leur hôtesse se servait une soupe de grenouilles et eut l'amabilité extrême d'en proposer aux gardes lunaires (potentiellement parce qu'Aleksandr avait suivi).

[Etmer_Fachronies]

Long, droit, grand et puissant. C’était ça, il le tenait enfin ! Le vrai, le grand, le beau, oh oui, le beau bien bon ! Le tout dur, qui restait bien ferme dans la main. Et sans sève, attention. Rien de cette vilaine mixture à l’odeur étrange qui collait au doigt quand elle était fraîche, ça non. Aucune mousse blanche non plus, il était pur, comme au premier jour. Il l’avait trouvé, oh oui, il l’avait, il l’avait ! Et il allait le garder rien que pour lui, haha, il allait le garder, et le frotter avec amour, pour qu’il soit tout beau, tout brillant !

Des étoiles dans les yeux, Bizut leva devant lui le gourdin de choix qu’il s’était trouvé au hasard de ses pérégrinations sylvestres. D’un bon mètre de long, l’engin semblait lisse et résistant à souhait. Une vraie masse de guerre, aux yeux d’un gobelin comme lui. Il le soupesait, le faisait tourner, regardait l’aérodynamisme de son manche de guerre. C’était si bon de jongler avec ainsi ! Bizut avait l’impression de vivre un rêve éveillé. Il retourna le bout de bois quelques instant encore, puis finit par trébucher sur une grosse pierre inopinément placée sous ses pieds. Bizut s’affala dans la boue une fois de plus, son sourire béat toujours sur sa sale petite trogne.

- Eeeeeeh, beau bâton ce bâton, oui ? Je garde, oui, je garde ! A moi, rien qu’à moi, s’exclama-t-il d’une voix toute guillerette. Pour moi, oui ?

L’espace d’une instant, Bizut attendit une réponse, puis il finit par se souvenir qu’il était toujours tout seul au beau milieu de la forêt. Il se releva donc, s’épousseta aussi rapidement qu’il le pu, agrippa un deuxième morceau de bois rongé par les insectes qui traînait. Il s’en fut ainsi vers le camp d’un pas tout guilleret, son nouveau gourdin calé sur l’épaule.

Une fois à proximité des habitations, le petit peau verte jeta négligemment le morceau pourri sur le gros tas de bois à utiliser. Puis il réalisa qu’avec ce nouveau gourdin dans les mains, il n’avait plus du tout envie de retourner en chercher d’autre dans la forêt.

- Ca bien, oui, oui, ça peut-être assez ! jugea-t-il sommairement en s’éloignant du tas de bûche bien plus volumineux que ce dont leur groupe avait réellement besoin.

Bizut s’éloigna en se grattant l’arrière du crâne, la tête aussi vide qu’une outre percée en cet instant. Un détail insolite finit cependant par attirer son attention. Devant lui, Rikiki, un autre gobelin tout aussi vilain que lui qui l’avait gentiment conseillé pour chercher des branches tantôt, semblait chercher désespérément quelque chose en retournant toutes les poubelles et les sacs de provision du camp.

- Eeeeeh, fit Bizut en s’approchant son gourdin toujours sur l’épaule, quoi toi tu cherches ?

Bizut eut une idée qui lui mit l’eau à la bouche.

- C’est déjà l’heure du miam, c’est ça ? On croque quoi qui fera croc, alors ?