[Arolavie] Chapitre 1 - Garder la frontière Une aventure de la garde lunaire de Fort Ditelni à la frontière nord-ouest de l'Arolavie.

[Soulnight]

Ignir était encore plus dans l'incompréhension après l'explication d'Alek. Le Chancre ? Cette horreur infâme qui corrompt tout ce que ça touche ! Il était déjà sorti de cet enfer au moins. Jamais il ne s'était senti aussi démuni face à quelque chose, réel et non à la fois... Du charabia de magicien. Dans tout les cas, cette expérience aura été l'une des plus désagréable.

"Et maintenant, chef ?"

Alek s'adressait au Nain... Où était Czep ? Où étaient-ils ? L'odeur acre et humide semblait indiquer une étendu d'eau. Quand à l'odeur nauséabonde. Le regard d'Ignir balaya la pièce, Czep manquait à l'appel. Et il se trouvait dans un coin une créature informe, qui n'avait rien d'humain. Complétement dépassé par les évènement, il préférât garder le silence et attendre une explication à tout ça. Sa bouche était pâteuse et il avait terriblement faim comme le suggérait les gargouillis de son estomac.

[Nailseater]

Le repas fut bienvenu. Jasna se félicita d'avoir demandé à l'inconnu s'il avait de quoi les nourrir. Après avoir fait tous ce que demandait leur "hôte", elle se servit en même temps que ces camarades. Quand ils eurent finis, elle écouta les échanges entre Gaspardin et les autres. Elle nota le ton acide de Milla et en fut attristé. Qu'importe. Ce n'était pas la première fois qu'elles ne se comprenaient pas et ce ne serait pas la dernière.

"Parfait, maintenant que vous n'êtes plus affamés, passons à l'infamie ! La marche jusqu'à ce lieu d'ignominie vous servira de promenade digestive. Il ne faut pas traîner, Foudre Molle est une dure à cuire, mais je n'aime pas la livrer à elle-même, comme ça, dehors, avec ma charrette et tout. Sans parler de mes provisions qui viennent de prendre un sale coup dans les gencives..."

Tout à fait. Mettons nous en route. Je prend le devant de la marche, je te laisse t'arranger avec les autres et t'installer où tu penses être le plus utile. Quand nous serons en vue de notre destination et étant donné que tu me sembles assez discret, pourrais-tu être notre éclaireur ? Nous avançons jusque là pas à pas assez doucement afin d'éviter les ennuis direct et les surprises. Nous pourrions aller plus vite si nous savions où ils/elles se trouvent.

Jasna ne donnait pas d'ordre, Elle était juste pragmatique.

[Pwyll]

Tout à fait. Mettons nous en route. Je prend le devant de la marche, je te laisse t'arranger avec les autres et t'installer où tu penses être le plus utile. Quand nous serons en vue de notre destination et étant donné que tu me sembles assez discret, pourrais-tu être notre éclaireur ? Nous avançons jusque là pas à pas assez doucement afin d'éviter les ennuis direct et les surprises. Nous pourrions aller plus vite si nous savions où ils/elles se trouvent.

Tout en rangeant méticuleusement les maigres vivres restants après que les humains aient enfin pu manger à leur faim, Gaspardin écouta la proposition de Jasna et opina du chef.

"Je me positionnerai derrière lui (en montrant Yardan) en m'efforçant de cacher ma présence, de peur de trop effrayer d'éventuels observateurs invisibles qui auraient eu à connaître de ma réputation. Il serait dommage que nous arrivions dans l'antre du mal pour le trouver déserté, emporté par un vent de panique. À proximité, je me ferai une joie d'être le premier sur la brèche et de mettre à votre profit les puissants pouvoirs de détection qu'une Sainte m'a tantôt inculqués."

Lançant un regard en coin à Yardan, Gaspardin ajouta :

"C'est Draaz votre nom, c'est bien ça ?"

Intérieurement, Gaspardin se fit la remarque que parler sans cesse de soi-même à la troisième personne comme ce Draaz était sans doute une bonne idée pour se donner un certain style. Peut-être un truc à lui piquer ?

[Casaïr]

Repue, je sentis couler en moi une douce quiétude qui m'avait quitté depuis plusieurs... jours ? plus ? Difficile à dire en vérité, mais je sentis malgré tout que je recouvrais mes esprits. Et la réalité qui s'imposa à moi ne me plut pas vraiment : La dernière fois que j'ai été autant en colère contre Jasna, c'était lorsque j'appris sa décision d'apprendre à manier les armes. La dispute avait été particulièrement violente et je me rappelle avoir mis près d'une semaine avant de lui parler de nouveau, et encore plus longtemps pour lui pardonner réellement. Toutefois, l'interlude bienvenue proposée par cet étrange halfelin sorti d'on ne sait où m'avait rappelé la dure réalité : on ne savait pas ce qui nous attendait là-bas. Cela pouvait bien se passer, tout comme être désastreux, et dans ce dernier cas, je ne voulais pas que notre dernier souvenir soit celui d'une dispute.

Accordant un léger remerciement à Gaspardin pour le repas et son explication, je me levais pour rejoindre ma sœur. Je ne savais pas vraiment ce qu'elle ressentais intérieurement, au final nous étions bien plus similaires que nous n'aurions voulu l'admettre : toutes deux avions tendance à cacher nos sentiments derrière des masques, détachement et isolement pour elle, joie et convivialité pour moi. Mais intérieurement...

Je me plantais devant elle, le regard fuyant, ne sachant trop que dire, me mordant les lèvres d'incertitude. J'aurai tant voulu lui exprimer ce que je ressentais avec des mots, mais ces derniers se bloquaient dans ma gorge, formant une boule obstruant ma trachée. Je pris ses mains dans les miennes, les serrai tout en tremblant légèrement, mais rien à faire, je ne parvenais pas à me libérer. Dans un moment pareil, pourquoi étais-je réduite au silence ? J'enrageais intérieurement devant ma faiblesse. Finalement, je changeais d'optique : je la pris par les épaules avant de déposer un baiser sur son front et d'y accoler le mien, les yeux mi-clos. J'espérais qu'elle comprendrait ce que j'essayais de lui dire : "je t'aime".

Je la libérais de mon étreinte que j'avais espéré pas trop étouffante avant de retourner à l'arrière-garde, ne prenant pas garde aux regards qui pourraient me suivre, essuyant rapidement les larmes qui avaient menacé de couler. Quand je relevais la tête, j'affichais un air de froide résolution : il était hors de question que quelqu'un subisse encore mon indécision. Et je comptais bien libérer ma fureur contre l'ignominie qui nous barrait la route.

[Aeghiss]

"Et maintenant, chef ?"

"Maintenant..."

Je me tournai vers le Tieffelin.

"Ignir, tu..."

Je m'interrompis, notant le trouble d'Ignir.

La bicoque dans les marais. L'absence de Czepble. Évidemment.

"Maintenant, je crois que faire un point pour Ignir s'impose."

Je m'interrompis un instant, pris ma respiration.

"Czepble s'est barré sans rien dire. Comme un voleur... Tu t'en souviens, non ? Tu étais là, toi. Il n'est pas revenu... Tu avais pris un sale coup. Tu es tombé dans les pommes après que Levko et toi m'ayez rejoint - tu délirais. Levko n'était pas terrible terrible non plus... Mais on a réussi à te porter en lieu sûr."

Une pause.

"Je suis allé au point de rendez-vous. Seul. Levko devait veiller sur toi. Je n'y ai trouvé personne. J'ai attendu. Et puis le corbeau d'Aleksandr est arrivé. Il m'a guidé. Je les ai retrouvé en chemin, Voukoll et lui. On est venus vous chercher... Nashmeska devait pouvoir te soigner. Pas de nouvelles de la manicle de Ludmilla. Voukoll est reparti faire je sais pas quoi... Le reste, notre mage te l'expliquera mieux que moi..."

[Etmer_Fachronies]

Alors que Jasna et Gaspardin échangeaient les civilités d’usage en pareilles circonstances, Yardan observa avec une surprise profonde le nouveau venu. Et, chose n’était pas coutume, cet étrange petit être laissait le moine perplexe.

Depuis son arrivée dans ces terres froides, Yardan avait vu maintes choses étonnantes. A plusieurs reprises, il avait été tour à tour surprit et choqué par les us baroques des peuples du Nord. Les habitudes de vie, les coutumes, les croyances, les mentalités… tout cela avait été pour lui tant source d’apprentissage que de réflexion. Mais ces étrangetés restaient malgré tout en adéquation avec les attentes qu’il s’était construit au travers des lectures des Salles du Livres. Dans le cas présent, devant ce semi-homme, ce n’était pas le cas.

Il devait se l’avouer, l’arrivée du prénommé Gaspardin avait rebattu ses cartes de l’étonnement. En premier lieu, les halfelins n’étaient pas familiers aux rivages des Dents de la Guivre. Les premiers qu’ils avaient croisés remontaient à son débarquement, bien longtemps plus tôt. Ensuite, se faire menacer par un Eclairé guerroyant contre le Serpent en plein cœur d’une citée tombée à l’Immonde, c’était là conjoncture peu commune. Mais que de surcroit celui-ci accepte de leur venir en aide, et qu’en plus il se fasse fort de subvenir aux besoins impérieux des corps en offrant pitance et couvert, c’était là un comble digne à susciter stupeur sans nom !

Se sentant une fois de plus minuscule devant la portée du Tout, Yardan sourit. De toute évidence, les rayons de la Grande Roue tournaient comme toujours, et lui n’en percevait que d’infimes facettes à mesure qu’il se montrait digne de les comprendre. Pour autant, loin de le décourager, cette immensité le remplit d’humilité et d’une joie franche. Une fois de plus, les enseignements de Draaz étaient frappés de bon sens, et le Tout était beau.

Lorsqu’il y fut convié, Yardan se joignit à l’invitation du halfelin et s’assit près des victuailles déballées d’un geste fluide, un sourire aux lèvres. Piège était bien sûr possible, mais Yardan choisi la confiance en cet instant. La Roue avait tournée, et il suivait son Jugement. Il apprécia donc la nourriture sans arrière-pensée.

S’ensuivit alors une discussion plus gaie que depuis leur arrivée dans ce trou morbide, entassé au milieu des autres détenus. C’était une chose rafraichissante, au point d’en un instant faire oublier les ténèbres de l’Inframonde et la menace omniprésente dans la ville morte. Gaspardin parlait pour deux, et eux mangeaient pour quatre. Du coin de l’œil, Yardan nota Ludmilla aller enlasser sa sœur. Il sourit devant ce gage de réconciliation, car c’était sagesse avant un duel si risqué avec les ladres de l’Immonde.

Alors que le repas touchait à son terme, il tendit l’oreille quant son nom fut évoqué par l’étonnant nouveau venu.

- Je me positionnerai derrière lui en m'efforçant de cacher ma présence, annonça Gaspardin en désignant le moine, de peur de trop effrayer d'éventuels observateurs invisibles qui auraient eu à connaître de ma réputation. Il serait dommage que nous arrivions dans l'antre du mal pour le trouver déserté, emporté par un vent de panique. À proximité, je me ferai une joie d'être le premier sur la brèche et de mettre à votre profit les puissants pouvoirs de détection qu'une Sainte m'a tantôt inculqués.

L’adepte du Souffle se caressa le menton, encore partagé entre l’approbation quant à sa volonté évidente d’aller pourfendre le Serpent et la curiosité quant à ses éloges de sa réputation. Il se contenta d’hocher la tête, attendant la suite de ses dires

Gaspardin lui lança alors un regard en coin, et ajouta :

- C'est Draaz votre nom, c'est bien ça ?

L'adepte du Souffle écarquilla les yeux, soufflé. Il maintint toutefois sa posture, par pur automatisme né de ses innombrables heures d’entrainement. Puis il eut un sourire franc devant la méprise du nouvel arrivé.

- Draaz en soit remercié, les Cycles s’enchaînent mais ne se ressemblent en rien. Vous vous nommez Gaspardin, si d’aventure mes oreilles ne m’ont point fait défaut en ce moment où vous jaillîtes hors des Ombres du Monde Souterrain. Eh bien, aussi vrai que cela est, sachez que je me nomme Yardan, et que Draaz n’est en rien tributaire de Son humble serviteur que je suis.

Faisant jouer ses tatouages bleu nuit sous la lumières pâle du Solium, Yardan enchaîna :

- Draaz, loué soit Son Nom, est le Dieu Dragon. C’est lui qui a montré le chemin aux disciples qui marchent dans Ses pas, et qui font briller Ses enseignements au travers du Sillon qui est le leur dans le Dessin de la Grande Roue. Je viens moi-même du monastère du Commencement, aux confins des eaux de l’Est, et je foule ces Terres Froides en accord avec la Mission qu’il m’a confié.

Yardan regard Gaspardin droit dans son œil encore valide, et sourit.

- N’avez-vous donc jamais entendu parler des Enseignements de Draaz, sir Gaspardin ? Si tel est le cas, je me ferais plaisir de vous les conter quand ceci sera plus à même de l’être.

[Nailseater]

Jasna ne s'était pas attendu à se revirement soudain de son aînée. Elle accueillis ce moment de réconciliation un peu raidement, mais ne brisa pas l'étreinte. Milla n'était pas la seule à avoir matière à s’énerver après tout. Quand tout cela sera finit, il faudra qu'elles aient une conversation. Elles étaient adultes maintenant après tout et il était temps que Milla s'en rende compte.

Soupirant d'avance à l'idée de ce moment difficile à venir, elle se tourna vers ses camarades prête à lever le camp quand elle se trouva face à une scène insolite : Yardan et Gaspardin discutant. Bien sur ce n'était pas si insolite que ça à première vu mais ... connaissant Yardan et du peu qu'elle ait vu du Halfelin.

L'ordre des choses lui semblait rétablis. Leur manicle était à nouveau complète, leur ventre plein et leur humeur enfin de nouveau bonne.

Allez, en avant. Nous ferons plus ample connaissance dans la mêlée.

Elle leur accordât un léger sourire, avant de prendre les devants et de donner le départ.

[Atorgael]

Levko était soulagé, la manicle était au complet. Enfin, la plus complète possible.

Il s'avança vers ses compagnons :

" Content de vous voir tous revenus et ... désolé de vous avoir quitté avant d'en avoir fini avec maman, je ne sais même pas ce qui m'est arrivé. A un moment j'étais en train de me battre et l'instant d'après je me retrouve à côté de Czep? Au fait, il est pas revenu lui ? "

[Soulnight]

Ignir était surpris de se réveiller dans un lieu inconnu, étonné de la survie de Levko (et rassuré de ne pas avoir causé une mort en plus), ébahit par l'absence de Czep, éberlué de son départ en catimini et encore plus déconcerté d'apprendre que ses compagnons d'armes étaient parti à son secours dans une situation aussi critique. Et voilà qu'il apprenait que la manicle de Ludmilla était absente et que le Troll suivait un obscur dessein. Il tenta de se contenir et essaya quelque mots pour marquer le coup :

"J'aimerais vous dire... Heu... Disons... Merci à tous".

"Levko, je crois que ce que tu as vu n'était pas Czep, mais un avatar de mon paternel : un démon. Chose étrange c'est que c'est la première fois que j'ai affaire à lui. Et je ne sais pas si c'est une bonne chose".

Il fit une pause pour prendre conscience de ce qu'il venait de dire. Il en tremblait intérieurement. Il avait déjà du mal à se débarrasser de sa démoniste de mère, alors un démon... Il chassa ses pensées pour reprendre le cours de la conversation.

"La question reste pleine et entière, on fait quoi ?"

[Casaïr]

Alors que le groupe nouvellement réuni (et parfaitement réveillé) fêtait leurs retrouvailles et le sauvetage d'Ignir, un gobelin entra en mettant un coup de pied dans la porte avant de jurer et de sautiller, manquant de renverser le plateau qu'il portait ; plateau rempli d'assiettes ébréchées, de couverts à la matière indéfinissables et manifestement rongés et mordillés un peu partout, ainsi qu'une grande soupière en argent terni et fumante. Si le plat semblait promesse d'un bon repas, l'odeur qui s'en dégageait - la mine du "garçon de salle"- ne donnait pas forcément envie de se jeter immédiatement sur la tambouille.

Le gobelin, d'un pas hésitant et trébuchant, atteignit la table ou il jeta presque le plateau, soupirant de soulagement, essuyant la sueur qui coula de son front avec un chiffon qui avait dû trainer dans une quelconque mare gadouilleuse.

"Bonjour ! Je suis Faux-Jeton, lâcha le gobelin en souriant de toutes ses dents au groupe qui n'en demandait pas tant. Je vous amène le repas, c'est une soupe de museau de rat, la pséliacité de notre Chef Gring'"

"C'est Chef Gringalet !" hurla une voix de l'extérieur, faisant se baisser Faux-Jeton qui craignait apparemment de recevoir une pierre sur le nez.

"Chuis désolé, Gring... alet, c'est l'habitude..." Il se retourna vers le nain pour une raison connue de lui seul et lui demanda : "Alorsse, une pleine assiette j'suppose ?"