[Arolavie] Chapitre 6 - Les cendres de Fort Ditelni - [JOUR 9, minuit à JOUR 11 midi] Une aventure de la garde lunaire de Fort Ditelni à la frontière nord-ouest de l'Arolavie.

[Casaïr]

Comment Bourdon avait pu changer à ce point ? Il était totalement méconnaissable et semblait d'une vigueur impressionnante. C'était toutefois extrêmement plaisant et j'étais finalement soulagée de ne pas avoir à changer de monture ; les habitudes prises avec Bourdon auraient pu être difficilement retrouvables avec une autre monture à laquelle j'aurais dû de nouveau m'habituer.

La question de l'auberge se posa finalement dans ce petit village et ses deux établissements. Je regardais dans quel état étaient mes vêtements et il était plutôt évident que nous passerions plus facilement inaperçu dans une auberge moins... regardante.

"Tu sais, vu où j'ai dormi toute ma vie, n'importe quelle auberge en devient presque luxueuse pour moi. Et puis... je dois t'avouer que j'ai un peu de mal avec... enfin... tu vois..."

Il n'y avait positivement aucune chance qu'il voit de quoi je parlais, mais l'idée de me retrouver avec des gens mieux nés que moi me mettait mal à l'aise. Il restait encore un peu du vernis de l'esclave que j'étais, bien que je m'évertuais à la faire disparaître petit à petit. Avec un soupir, je dirigeais Bourdon vers l'auberge qui avait retenu notre attention de prime abord.

"Dis, qui était cette femme à ton avis ? demandais-je à Gaspardin pour me changer les idées. Toute cette histoire était... 'fin... on dirait qu'elle a appris des trucs à Bourdon. Et puis, ces histoires de lapins frondeurs, et ce tronc qui..."

Plus j'y réfléchissais, moins j'y trouvais de sens.

"Laisse tomber, l'essentiel c'est qu'on l'ait aidé, non ?"

[Pwyll]

Gaspardin acquiesça.

- Sacrément bizarre, pour sûr ! Pas méchante de toute évidence, mais... bah le monde est plein de bizarreries. Pour une fois s'en était plutôt une bonne.

À l'écurie, le paladin laissa un pourboire assez généreux, sans être extravagant, pour qu'on s'occupe bien de Bourdon.

Pour le reste de la soirée, se reposer, se restaurer, laisser traîner l'oreille, être agréable mais sans rien faire qui attire trop l'attention, telles étaient ses intentions.

Il était difficile d'effacer de sa mémoire les ruines du Fort, laissée derrière eux comme un fruit bien mûr que n'importe quelle bande en maraude n'aurait qu'à cueillir.

[Casaïr]

Gaspardin avait raison, aussi bizarre qu'ait pu être cette rencontre, elle avait été plutôt bonne. C'est donc en souriant que je suivis le halfelin dans l'auberge, plaisantant avec lui tandis que nous nous attablions pour un bon repas bien mérité, tout en écoutant les sujets de conversations récurrents susceptible de nous intéresser, notamment concernant notre route.

[Iris]

Les deux nouveaux arrivés à l'auberge découvrirent qu'elle était pleine, et il fut très compliqué de trouver des places l'un à côté de l'autre. La salle était bruyante, sentait la fumée, la sueur et la mauvaise bière. Au vu vu de l'animation -- nourrie apparemment de prochains combats de lutteurs dans une partie dédiée de la salle -- le personnel allait au plus vite et au plus simple. A moins d'insister pour avoir autre chose, ce serait soupe de tripes dans un bouillon brun de farine grillée avec beaucoup d'oignons ; du pain de seigle très noir et très dense, à côté en tranches épaisses. C'était le genre de pain qu'il valait mieux mâcher et surtout ne pas avaler trop gros si on ne voulait pas s'étouffer.

Soirée de fête, et il faisait chaud tant il y avait du monde, et d'autres gens arrivaient encore pour prendre des paris !

[Casaïr]

Ho bon sang, il y avait tellement de monde que je paniquais une seconde, mon sourire figé le temps que mon regard n'embrasse la salle tellement remplie qu'il fut presque miraculeux de nous installer quelque part. Je savais ce que j'avais dit à Gaspardin mais j'avais bien envie de changer d'avis, quand bien même nos habits sales nous auraient sûrement attiré les regards peu amènes des clients.

"C'est... intéressant, glissais-je au paladin, peu rassurée. J'espère que la nourriture est bonne..."

La vue de mon assiette faillit m'arracher des larmes, mais certainement pas de plaisir. Je remerciais la serveuse du bout des lèvres avant de me tourner vers mon ami.

"On a affronté une hydre du Chancre et survécu à un dragon, on devrait s'en tirer devant ça, non ?"

La mine qu'il faisait me fit d'abord sourire puis rire, au point de m'en tenir les côtes, prise d'un fou-rire incontrôlable qui reprenait à la moindre allusion à notre repas. Il me fallut ainsi plusieurs minutes avant de retrouver mon calme avant de goûter mon repas.

[Iris]

Spoiler

Après vérification sur un jet, le cuistot maîtrise correctement sa recette...

Les tripes sont un ingrédient peu coûteux, parfait pour nourrir le peuple (et les esclaves). Par rapport aux variantes que Ludmilla connaissait, celle-ci était correctement accommodée. Peut-être pas ultime, mais, correcte.

[Casaïr]

Les premières bouchées me rassurèrent quant à la qualité de mon repas. Celui-ci me tiendrait suffisamment au corps et n'était pas désagréable au goût. En y pensant, les premiers repas que j'avalais après avoir fuit les Lubor m'avaient fait l'impression de festin. Je repensais soudain à mes parents qui me manquaient terriblement, tout comme Jasna, espérant qu'ils soient tous sains et saufs, où qu'ils soient.

Je secouais la tête pour éviter de m'apitoyer sur mon sort, retrouvais un semblant de sourire pour ne pas inquiéter Gaspardin, écoutais les conversations alentours pour entendre les ragots notoires.

[Pwyll]

Pour avoir passé beaucoup de temps sur les routes déjà, en temps qu'apprenti redresseur de torts errant, Gaspardin savait qu'il ne pouvait pas se permettre de faire la fine bouche et mangea sans y prendre plaisir. Au moins, cela lui permettait de rester attentif aux environs, aux discussions, aux regards que leur duo ou la beauté de Milla pouvaient leur valoir.

- Pas un morceau que j'affectionne, mais c'est accommodé correctement, ça aurait pu être pire.

Une bouchée plus tard, le Halfelin ajouta, toujours à l'attention de Milla, avec un air pince sans rire :

- Avec un peu de chance, demain avant qu'on reprenne la route, Bourdon aura eu le temps de faire un numéro de danse folklorique sur la place du marché et on r'partira avec un p'tit pactole en monnaie.

[Iris]

Les deux aventuriers étaient de plus en plus pressés par la foule. Incroyable qu'il puisse y avoir autant de monde dans une construction ! Et ça criait et ça chantait ! Il fallait crier pour s'entendre, et aller au comptoir soi-même, et payer directement pour avoir ses boissons.

Les combats, les festivités, les jeux, les cris, les bagarres...

...

... à vue de nez, il y en avait bien pour jusqu'à une ou deux heures du matin...

[Pwyll]

Gaspardin donnait à voir une mine déconfite.

- Tu pense que le destin se fiche de nous ? Ils ne travaillent pas ces gens ? S'ils sont de passage ils ne repartent pas tôt dès demain ? C'est un jour saint demain ou quoi ? Au pire, on prend nos cliques et nos claques et on dort chez les nantis d'à côté, on n'a pas le loisir d'être épuisés.