Aleksandr hocha la tête. Ils devaient partir de là le plus vite possible et se terrer dans les bois était peut-être la meilleure solution. Il se tourna vers la maison que les esclaves occupaient et soupira : "Faites leurs ramasser ce qu'ils peuvent. Les tissus qui peuvent servir de couvertures, le bois qui peut servir d'arme ou pour le feu... Je sais pas, tout ce qui peut être utile. On se casse d'ici."
Le groupe se mit en devoir de descendre le long de la rivière, rapidement, du moins autant que possible.
Personne n'avait envie de parler, tout le monde était épuisé et n'en pouvait plus de ces marches sans fin.
Le sergent finit par donner le signal d'une halte à une heure sombre et indéterminée. Les membres du groupe s'effondrèrent, serrés les uns contre les autres pour se réchauffer. Voukoll n'avait même pas la force d'ordonner des tours de garde. Il serrait les dents et essayait de tenir avec des blessures qui ne recevraient pas de soin de sitôt.
Aleksandr essaie d'amener le groupe dans un endroit suffisamment camouflé pour pouvoir s'effondrer avec eux. Il s'écrasa au sol juste après avoir sorti ce qu'ils avaient de couvertures et de matériel trouvé dans les ruines du village. Il essaya de rester éveillé un instant, apeuré à l'idée d'être attaqué dans son sommeil, mais rapidement, sa raison pris le dessus : S'il restait éveillé et était attaqué, il n'aurait aucun moyen de s'y opposer de toute manière. "Croac... Essaie de patrouiller quelques fois, dans la nuit. Mais repose toi aussi."
Rapidement, le magicien s'abîma dans les noirceurs de Xolim, pensant un instant qu'il devrait travailler sur un sort d'alarme...
L'optimiste Bizut semblait le seul membre du groupe encore en état de se réjouir de la situation : il était vivant, avec son maître, et puis sous une épaisse couche de feuilles, on dort presque au chaud.
Aleksandr s'assoupit de ce sommeil léger qui donne l'impression de ne pas dormir. Ses pensées voletaient et il se revoyait dans le marais de Nashmeska, avec ses fenêtres en toile d'araignées. L'idée de ces toiles d'araignée lui paraissait séduisante, reposante, un cocon protecteur, un endroit où se sentir bien -- un abri, un refuge.
Confusément il lui semblait entendre sans mots "J'ai envoyé un message." , "J'ai appelé".
Quand il ouvrit les yeux, il faisait encore nuit, et une araignée était sur lui, assez gros pour qu'il vît ses crochets à venins. Elle avait une symbole sur le dos -- si l'on peut dire. C'était une marque d'un blanc vaguement luminescent. Ce n'était d'ailleurs qu'à cause d'elle que le magicien avait remarqué immédiatement l'arthropode.
Elle fit quelques pas et sauta sur place, tout en restant face au nez d'Aleksandr.
La vue du magicien commençait à s'accommoder à l'obscurité. Il était le seul réveillé. Le froid était vif, et il se sentait courbaturé, les yeux qui piquaient et le nez qui le démangeait.
Encore enfermé dans les brumes d'un réveil nocturne difficile, Aleksandr se redressa sur son séant en plaçant la main de façon à ce que l'araignée puisse grimper dessus. Etrangement, il n'était ni dégouté ni inquiété par ce petit monstre aux pattes velues. Il plissa ses yeux fatigués pour déchiffrer ce qu'il se trouvait sur son dos.
L'inscription sur le dos semblait une sorte de signature de magicien ou assimilable, mais il ne la reconnaissait pas. La créature allait sur une partie de sa main, jusqu'au bord, en regardant dans cette direction et sauta une fois sur place, avant de revenir regarder Aleksandr dans les yeux -- si l'on peut dire.