Inframonde - 00 - Caliobé - Seule dans les tunnels [JOUR 9 à JOUR 23 ?] Suivons les pas de la melessë Caliobé qui s'est égarée dans l'Inframonde.

[Pwyll]

Si elle avait été spectatrice extérieure de ses propres pensées, elle se serait moquée d'elle même. De façon si prévisible et caricaturale, la Melessë revivait à toute vitesse les étapes marquantes de sa vie.

Ses plus lointains souvenirs, alors qu'elle était une enfant dont on prenait soin du bout des doigts, dont on ne parlait pas à l'extérieur de la maison noble depuis que le fils était revenu avec ce rejeton d'humaine.

Les serviteurs avaient été sa véritable famille. Toute petite elle avait développé toute sorte de stratagèmes pour plaire, attirer l'attention de ces Elenions dont les sourires masquaient difficilement le manque d'affection et de chaleur.

Elle avait grandi, poussé plus loin son jeu avec les autres, les apparences, les convenance puis même les lois de la Cité blanche. Jeux de hasard, menus larcins, cambriole, tantôt courtisane tantôt monte-en-l'air.

Puis ses rêves d'enfant sur les Fées et leur malicieuse magie étaient revenus s'imposer, se faire urgence pressante à donner une sorte de sens à son existence.

Elle avait rejoint le continent et le voyage lui avait enseigné bien des choses, mais, apparemment, rien qui suffise pour les Aldarons à l'accepter et encore moins à la guider vers les Fées.

Accrochée à la moindre piste, elle avait terminé sa course dans les profondeurs de cette antique forêt de Lothrienne. Elle était entré dans les miasmes de cette hutte coincée entre les racines entrelacées d'un hêtre dont elle aurait du se méfier de l'apparence suinteuse et difforme...

Le Druide perverti par le Chancre l'avait happée, enserré de son étreinte physique qui avait profondément souillé son être, son esprit. Réchappée par miracle de ce piège immonde, perdue dans un monde sauvage, aux lisières de l'épuisement et de la damnation, le Seigneur Sauvage avait entendu son appel et l'avait touchée du bout du doigt, en riant.

Elle avait suivi ses indications, du moins elle pensait l'avoir fait. Elle avait combattu le Chancre dans l'ancienne Cité, comme pour mieux affirmer son dégoût de la décrépitude pulsant en son sein. Pourquoi s'était-elle enfoncée aussi profondément sous terre, pour échapper aux soldats ?

Sans doute pas, ce qu'elle espérait trouver c'était Ça ? L'horreur incarnée, la promesse d'une déchéance totale pour atteindre une transfiguration, une révélation, le sublime dans l'abject ?

Avait-elle été trompée ? Non, elle s'était perdue volontairement. La réponse qu'elle n'osait penser de façon explicite et articulée était là, au plafond, grouillante de pattes et d'ignominieuses promesses.

Tout allait changer, basculer. Accepter le Chancre, l'inviter, se baigner dans la Gloire de sa pourriture créatrice.

Non.

Mieux valait mourir.

Elle se souvenait. Avant qu'on ne l'écarte d'elle pour de bon, son père, qui l'avait ramenée de si loin, chez les siens, son père lui avait souri. D'un sourire bon et véritable de celui qui aime.

Elle ne pouvait pas trahir ce sourire.

Une larme coulait sur sa joue lorsqu'elle incanta.

[Iris]

Spoiler

Bande son : https://www.youtube.com/watch?v=zkXbzffVl44 (ça semble bien coller ^^ Gollum song ^^ "You're lost, you can never go home" )

Initiative :

• Drider mystère : +d20(12)
• Caliobé : 3+d20(4) = 7

ROUND 1

• Drider : 2 coups d'épée + 1 morsure
  • d20(1) - donne un avantage à Caliobé sur sa prochaine action contre le drider
  • d20(7)+6 - échec
  • d20(12)+6=18. Touche.
    • Morsure : dégât d4(4)+2d8(8,5) de poison + JS Constitution 2+d20(3) = échec. Effet : ...
• Caliobé :

Le drider eut comme une moue de dépit, dégaina, et fonça à l'assaut pour la frapper de son épée courbe. Caliobé préparait un sort, un ultime sort -- ayant déjà la mort dans l'âme. Elle para avec l'énergie du désespoir, à moins qu'elle n'eût pressenti une faille dans la technique du monstre, qu'elle pourrait exploiter, si jamais...

Mais cette abomination avait aussi des crocs d'araignée. Encore du venin. Tout l'Inframonde était toxique, empoisonné, mortel.

Elle sentait qu'elle défaillait, qu'elle perdait conscience, que ses muscles devenaient gourds. Peut-être avait-elle pu blesser un peu son adversaire avant de s'effondrer ? Elle n'en était pas sûre.

Tout était si lourd, pesant. Des centaines de mètres de roche. Elle était perdue. Elle était si loin de chez elle. Elle voulait trouver son foyer, et elle avait désormais perdu le chemin, elle était perdue, si seule, et plus jamais, elle ne pourrait rentrer chez elle.

Seule...

Il faisait si sombre...



Elle ressentait encore cette pesanteur poisseuse et nauséeuse. Tout autour d'elle, une douceur étouffante qui la maintenait immobile, et sur sa bouche, et sur ses yeux, des pellicules rigide comme du plâtre de cette substance. Elle ne percevait le monde que par l'odorat et l'ouïe. Elle entendait des chuintements si faibles qu'elle ne les aurait peut-être jamais entendu auparavant, et qui devenaient assourdissants à présent qu'elle n'avait presque plus aucun sens pour se représenter la réalité. Les odeurs étaient douceâtres, avec une note de sang, et d'humeurs organiques, et des sueurs peut-être ?



En elfique, une voix susurrante qu'elle reconnaissait :

" Tu as de la chance, j'ai des chaînes de Xonim. Sans ça tu n'aurais été bonne qu'à servir de repas à mes petites chéries."

"C'est fini fillette, tu t'es perdue dans l'Inframonde, tu ne reverras plus le soleil. Apprends à chérir ta servitude. "

Le cocon qui l'immobilisait s'entrouvrait et ses bras ankylosés furent saisis avec force, l'un après l'autre, pour voir leurs poignets enfermés dans les bracelets d'acier qui la coupaient de toute magie. Caliobé se sentit glisser à terre, toujours aveugle et muette, et si faible, désarmée comme jamais.

[Pwyll]

Chérir sa servitude. Une esclave... les esclaves. Ceux pour qui le groupe était redescendu... plus haut, plus près de la surface qu'ici bas dans les véritables tréfonds.

Tout au fond du monde, tout au fond du gouffre, de la solitude, la fin. La fin de tout, pas de lumière, pas de temps, pas vraiment. La vie transformée en autre chose, de mauvais.

Comment ? Qu'est-ce qu'elle avait fait... mal fait, sans doute. Les Fées ne vivent pas dans ces coins là, non. Pourquoi chercher le contraire de ce qu'elle voulait depuis le départ, depuis son départ de Varnaïrello ?

Tu es là, Seigneur Sauvage ? Est-ce un rire ? Des pleurs, pour moi ? A moins que tu ne me regardes même plus. Passé à une autre, moins... pourrie de l'intérieur.

Moi je ne t'en veux pas Seigneur. C'est mon oeuvre tout ça. personne ne m'a forcée à descendre. Je pensais trouver quelque chose... Je... une trace, une piste, un présent ? Une enfant gâtée ou... mmh un suicide ? Tu crois ? Peut-être.

Ces chaînes alors ? Oui. C'est toi qui me pousse à chercher, quand même, le moindre espoir ? Ou cela vient-il de moi ? J'ai du mal à faire la différence. Elles sont solides ces chaînes. Mais les a-t-il bien fermées à mes poignets, il est si sûr de lui le monstre dégoûtant.

Bah, oui, dégoûtant. Je ne veux pas devenir comme ça, tu sais. Pitié Seigneur Sauvage, pitié. Je suis perdue. Tu es là, encore ?

Sur son armure de cuir corsetée, se dit Caliobé, les ardillons passés dans les trous des lanières ? Peut-être, si elle pouvait remonter ses poignets, juste un peu...

Sinon, il faudra penser à la plus sûre façon de mourir. Vite.

[Iris]

Caliobé prit peu à peu conscience que les bracelets métalliques étaient reliés par une chaîne d'environ 50 à 60cm. Elle se rendit compte qu'elle ne portait plus son armure.

Instinctivement, elle porta ses mains à son visage et comprit qu'il était possible de faire tomber la croûte de soie collée qu'elle avait là.

[Pwyll]

Caliobé, qui n'était plus une sorcière avec ces chaînes, débarrassa de son mieux son visage de cette croûte collante qui avait tout du masque mortuaire.

Elle observa prudemment les environs en serrant les dents.

[Iris]

Caliobé découvrait sa prison. Elle était au bas d'un cocon qui avait servi à la neutraliser le temps de la transporter et de l'enchaîner. Son geôlier avait une petite table métallique dans un coin de la caverne. Il avait une sorte de lanterne bizarre dessus avec laquelle il examinait les possessions de la melessë d'un œil critique.

" Qu'est-ce qu'une fille comme toi fichait là toute seule ? " demanda le monstre en elfique, avec toujours son accent mi-grinçant mi-suave.

La question la coupait dans son observation des lieux. Son coup d’œil avait surtout permis de voir la sortie, sans porte, et des traces de soie d'araignée un peu partout, qui servait à tapisser et faire des litières.

[Pwyll]

Elle était au beau milieu du plus sinistre des contes de fées.

Il n'y avait pas de fée d'ailleurs.

Un cauchemar. Fallait faire avec, ne pas perdre ses moyens. Penser vite. Au moins, il communiquait.

- Je cherchais à trouver ce que veulent les Nains et les Humains qui creusent, plus haut. Le trouver avant eux. Je voulais leur jouer un mauvais tour.

[Iris]

" Un mauvais tour ? "

" Et quels nains ? La ville au-dessus n'a plus de nains depuis un bon moment. "

Il manipulait distraitement les effets personnels de Caliobé. Apparemment, il n'était pas pressé. Si l'on exceptait l'horreur de la situation, la conversation paraissait presque normale.

[Pwyll]

- J'ai vu la cité abandonnée, mais elle ne l'est plus. Enfin plus vraiment. Des Nains se sont alliés à une famille d'humains nobles pour... fouiller.

[Iris]

"Tu as l'air de savoir beaucoup de choses. Mais tu dis tout dans le désordre et par morceaux."

Il la regardait comme pour la jauger. Il réfléchissait. Il ne semblait pas trouver de réponse, et relança :

" Raconte-moi ton histoire. Pas trop larmoyante, les suppliques des esclaves sont pénibles."