par denkaii »
17 janv. 2018, 18:56
Nos aventuriers décidèrent alors d’en faire le tour. L’Ettin visiblement trop large pour entrer par la porte principale et traverser le maigre ponton qui s’offrait à eux. Après avoir sauté par-dessus la rivière en contrebas du corps de garde, Barek et l’Ettin, qui tenait toujours maître Limonass dans sa main, décidèrent d’escalader la ruine, dont le toit avait disparu depuis des années. Amech quand à lui, décida de faire cavalier seul et de pénétrer dans la ruine par le petit ponton de pierre. Il fut très surpris de voir une demi-douzaine de créatures humanoïdes à tête de taureaux -armées de grandes haches de bataille- charger dans sa direction avec véhémence. Eviter l’assemblée meurtrière le contraignit à sauter dans la rivière car lorsqu’il songea à rebrousser chemin il vît, quelques pas derrière lui, un chevalier en armure au regard inquisiteur semblant lui couper toute retraite. Heureusement, le courant n’étant pas trop fort en ce début d’automne et Amech étant bon nageur, il put regagner la rive au nord de fort Ardraco sans difficulté.
Pendant ce temps, Barek tentait désespérément d’escalader les murs de la ruine, d’où provenait l’étrange brouillard. Par deux fois, un oiseau aux ailes de feu sortit du fort dans sa direction, lui faisant perdre l’équilibre et tomber sur l’herbe verte, à deux pas de l’Ettin. Les deux têtes de ce dernier commençaient à s’impatienter, et il posa maître Limonass sur la suggestion de ce dernier, le temps de s’essayer lui-même à une escalade qui ne fût pas plus fructueuse. L’idée fût alors émise de faire tomber le mur à coups de masse…
Les évènements se bousculaient dans la tête de Kadarn. Certes, il avait vu des choses au cours de ses périples, mais ces êtres à première vue civilisés qui s’associaient à un Ettin était une nouveauté. L’individu possédant une lame à deux mains lui semblait aussi corrompu et le nain qui les accompagnait n’inspirait pas confiance à première vue. Restait de savoir si le gnome était une de ces personnes kidnappées, car d’après son discours il tentait de se sortir d’un mauvais pas. Le chevalier choisit méticuleusement son premier adversaire potentiel, attendant que le groupe se sépare. Il suivit l’individu corrompu pour le confronter, avant de constater lui aussi qu’une bande armée chargeait depuis l’enceinte du fort. Il l’évita et constata que cette dernière ne semblait pas s’arrêter, poursuivant la charge dans la forêt jusqu’à ce qu’elle ne fût plus en vue.
Amech et Kadarn se toisèrent un moment lorsqu’ils se recroisèrent, quelques instants plus tard. Le barbare ne se présentait pas sous son plus beau jour, les habits sales et trempés, tout comme ses cheveux. Mais Kadarn savait par expérience qu’on ne préjuge pas de la force d’un adversaire par son accoutrement seul. Des paroles menaçantes furent échangées mais avant d’en venir aux mains, tous deux entendirent des cris de stupeur et virent une masse de fumée grandissante là où se tenaient précédemment l’Ettin et les deux autres compères. Sans réfléchir plus longtemps, l’un comme l’autre courut aider les âmes en détresse, mais le brouillard allant s’épaississant, il était difficile de discerner quelqu’un à plus d’un pas de distance. Alors tous entendirent l’Ettin prendre peur, prétendant l’endroit maudit, et s’enfuir à toutes jambes. Heureusement, Maître Limonass n’était plus dans sa main à cet instant, bien qu’il ne fût pas tiré d’affaire pour autant. Une tête reptilienne se forma dans la fumée sous ses yeux et ouvrît grand la gueule pour dévorer le gnome qui agitait désespérément son épée courte dans tous les sens, dans l’espoir de faire fuir le monstre qui refermait ses dents sur lui. Le petit érudit fût convaincu d’être dévoré jusqu’à ce que le brouillard cesse, criant dans la fumée alors que ses camarades se portaient à son secours en évitant les mouvements erratiques de sa lame. Le danger semblant passé, tous décidèrent de remettre pied de l’autre côté de la rive, devant le corps de garde en ruine du fort. Les présentations furent succinctes mais tous comprirent qu’ils avaient un but commun, bien que leurs motivations différaient.
Ils pénétrèrent donc dans le hall d’entrée après avoir traversé le petit pont de pierre qui les en séparait, sans charge de taureaux cette fois. Une grande statue les dominaient : En robe et cape, des bras d’homme écartés comme pour les saluer, et une tête reptilienne ressemblant à s’y méprendre à celle d’un dragon. Elle leur adressa la parole dans une voix grondante :
« Qui êtes-vous, vous qui faites face au Dieu Dragon ? Que venez-vous faire en ces lieux ? »
Ayant appris depuis leur plus tendre enfance à ne pas parler aux inconnus, personne ne répondit à la statue, qui pourtant n’en démordît pas, bien que se sentant totalement ignorée.
Nos « héros » (ou plutôt Amech, dans son habituelle impatience) ouvrirent l’une des trois portes située au fond de la salle, celle de droite, pour être exact. Il tomba nez à nez avec une créature qui ressemblait à un humanoïde d’allure malveillante, au corps écailleux bleu sombre doté de plusieurs nageoires et finissant en une puissante queue de poisson. Ses deux bras se terminaient par des mains griffues, sa bouche était hérissée de quatre barbillons… et il semblait flotter dans l’air. La créature chargea le tieffelin sans réfléchir, lui assénant un coup de griffe monstrueux qui pénétra loin dans les chairs d’Amech. Les autres membres du groupe, qui examinaient alors la pièce, se portèrent à son secours aussi vite qu’ils le purent : Un carreau bien placé de Barek troubla l’image de la créature qui laissa échapper de la brume autour d’elle, laissant apparaître en lieu et place de cette dernière un homme puissant à tête de taureau et à la hache sanguinolente, alors que l’apparente griffure d’Amech se muait en une seule entaille toute aussi grave sur le corps du barbare. Au terme d’un rude combat contre le monstre, le groupe finit par l’emporter non sans quelques blessures. La statue continua de parler dans le vide alors que Maître Limonass allait inspecter la porte du fond de cette pièce nouvellement découverte. Pendant ce temps, le reste du groupe entreprît d’ouvrir la porte de gauche du hall d’entrée. Ils y trouvèrent un coffre muni d’un piège de fléchettes visiblement déchargé au fond duquel se trouvait un message : « Vous êtes condamnés ». Le groupe rebroussa donc chemin et cette fois le demi-elfe daigna répondre à la statue qui se présenta comme « un serviteur immortel du Dieu Dragon » ou encore « un outil de la volonté invisible du dragon divin tout puissant Eirderreth qui guide et inspire chacun de nous ». La statue incita les aventuriers à ouvrir la porte du milieu jusque-là resté fermée afin d’y déposer les armes et rencontrer la prêtresse du culte, passage soi-diasant obligatoire pour y être accepté. Maître Limonass quand à lui repéra par un trou de la serrure une dizaine de destriers squelettiques qui produisaient un son étrange, tous parqués dans une sorte de salle de banquet. Il revînt vers ses compagnons pour leur annoncer la nouvelle puis tous ensemble ils se préparèrent à ouvrir la dernière porte du Hall d’entrée.
Cette fois-ci plus organisés, les protagonistes virent dans la salle une créature qui ressemblait à un lion puissant (quatre pattes griffues et une queue) dont le haut du corps est celui d’une belle femme aux longs cheveux bruns, dotée de bras humanoïdes et d’yeux étincelants, une légère cicatrice entre le bas du corps de femme et le haut du corps de lion. Cette dernière se rua sur Kadarn alors que Barek la criblait de carreaux et Amech de coups d’épée pour se changer, une dizaine de secondes plus tard, en un molosse noir au poitrail et à la gueule rouge qui déchaina une vague de flamme sur le groupe. Maître Limonass ne fut pas en reste, frappant le monstre de son épée courte alors que ce dernier s’acharnait sur le chevalier. La statue les avait bel et bien trainés dans un piège et cette dernière en profita pour lancer des sortilèges dans le dos du groupe. Quand le molosse fut défait, Amech ne pouvant contenir sa rage se mit à frapper de son épée la statue de pierre, chose assez peu efficace. Il reçut de Barek un marteau, plus pratique pour ce genre d’opération de vandalisme, avant de devenir tout bleu, puis de disparaître à la vue de tous, remplacé par un scarabée, bleu lui aussi (ce qui permit à ses compères de le reconnaître. Barek continua l’œuvre d’Amech et devin entièrement rouge, de pieds en cape, avant de venir à bout de la statue. A cet instant, un sculpteur se retourna dans sa tombe, mais nul ne le saura jamais.
Il fut décidé au terme de ces festivités de prendre un repos prolongé. Le fort n’avait pas révélé tout ce qu’il cachait et les récents combats avaient épuisé le groupe. Maître limonass comme à son habitude sécurisa l’endroit du mieux qu’il pût, afin que ses compagnons puissent jouir d’un repos réparateur. Un tiers de journée passa, et les aventuriers étaient prêts pour de nouveaux combats.
Constatant que les portes des deux salles les plus à gauche menaient vers l’extérieur, le groupe décida de se rendre dans la salle aux destriers. En ouvrant la porte, les bêtes, si l’on peut appeler cela ainsi, ne les attaquèrent pas. Cependant, ils constatèrent dans la salle du fond qui devait être une cuisine, des taches de sang sur le sol et les murs. Un vrai travail de boucher. Une lourde dalle de pierre dans laquelle était piqué un anneau de métal trônait au centre de celle-ci, et ils décidèrent de la soulever avec la branche prévue à cet effet qui était glissée dans l’anneau. En se penchant sur le trou profond qu’ils venaient de découvrir, Barek constata au fond des cadavres de vache, avant d’entendre un bruit étrange dans la salle de banquet, probablement poussé par l’un des destriers squelettiques. Le groupe n’eut guère le temps de réfléchir aux implications de tout ceci, des carreaux d’arbalètes fusant dans sa direction depuis la salle où le minotaure montait jadis la garde. Deux hommes armés d’arbalètes et d’armures de cuir s’enfuyaient déjà, poursuivis par Kadarn et Amech. Ces derniers tombèrent sur la salle de gauche avec un coffre vide, et songèrent qu’il devait y avoir un passage secret dans cette dernière. Faute de trouver un passage secret, ils y trouvèrent néanmoins un piège à leur attention, mettant fin à leur poursuite effrénée. Ils rejoignirent alors le groupe, entendant à nouveau un bruit étrange provenir des destriers. Un meuglement ?
Ils décidèrent alors d’emprunter un escalier en colimaçon se trouvant dans un angle de la salle de banquet et menant vers le sous-sol de l’édifice. Arrivé en bas, ils découvrirent une vaste salle au bout de laquelle trônait un autel, deux bougies allumées de part et d’autre de celui-ci et une serre en son centre qui semblait momifiée. Derrière, un long rideau cachait le mur ainsi qu’une femme du nom de Qeldra, qui se révéla à eux. C’était une femme svelte, la tête nue, vêtue d’une armure de cuir noire (avec gorgerin de métal, chevillières de métal par-dessus ses bottes, où se terminent ses hauts-de-chausses, et gantelets de cuir noir lui couvrant tout l’avant-bras). Ses cheveux d’un noir profond étaient brillants d’huile ; lourds, ils tombaient jusqu’à la taille et se mouvaient d’un seul tenant. Sa peau avait la couleur du bouleau ; ses yeux d’ambre attentifs étaient surmontés de sourcils noirs et son nez menu et pointu. Elle se déplaçait avec grâce et agilité. Elle se présenta comme la prêtresse d’Eirderreth, le dragon divin, et leur expliqua les intentions du culte : « Nous, les fidèles du sage et bienveillant Eirderreth, devons parfois faire des choses qui peuvent choquer, mais qui sont nécessaires si nous voulons accomplir ce qui doit l’être. Nous vénérons Eirderreth afin qu’il puisse continuer de se manifester par-delà la mort pour nous guider. Eirderreth pressent un futur prospère pour celles et ceux qui suivent sa voie. Nous mettrons à bas les chefs cruels, ceux qui oppressent et n’écoutent que leur avidité. Eirderreth œuvre à un avenir meilleur pour tous les peuples piliers, afin que l’harmonie règne, et que soient éradiqués les orcs, les trolls, les ogres, et tous ceux qui volent et tuent éhontément. Joignez-vous à nous, aventuriers, et vous jouirez de l’assistance du dra… »
Son discours fut interrompu par un carreau tiré de l’arbalète de Barek, qui se ficha directement dans son armure de cuir noir. Cela la poussa à se cacher derrière l’autel et à se tenir prête au combat. Kadarn, que ce tir sans sommation avait dérangé, s’opposa à un affrontement et son sens de la diplomatie finit par payer. Qeldra accepta de leur faire visiter les lieux avant qu’ils ne prennent leur décision, et tout le monde s’en contenta. Maître Limonass pût donc être sortit sans peine du piège qui s’était refermé sur lui. Ils passèrent donc par l’unique porte de la pièce (sauf Barek, qui décida de rester un peu en arrière…) et furent guidés par Qeldra jusqu’au dortoir, ou les attendaient deux personnes : Rorand (l’un des archers qui avait participé à l’embuscade au niveau des trois arbres entrelacés) et Thaerand, un mage muet et pas très vaillant. Certains membres du groupe remarquèrent des écailles rouges à la base de son poignet, tout comme le vétéran qui les avait attaqués à l’orée de la forêt avait sur le torse. Le début de la conversation fut courtois, mais les choses s’envenimèrent quand il fut question des prêtres et des mages restants. Qeldra s’opposait à ce que le petit groupe aillent les voir au sous-sol et rencontre la « Voix d’Eirderreth », privilège réservé aux membres du culte qui avaient été choisis pour devenir les élus. L’atmosphère déjà tendu explosa quand Amech prononça une suite de blasphème à l’encontre du dieu dragon, ayant pour effet de mettre Qeldra en colère. De sa masse magique, elle fit taire Amech en le paralysant, puis un combat tendu s’engagea. Les échanges de coups furent lourds, et le statut de prêtresse de Qeldra ne semblait pas usurpé. Kadarn, que l’honneur obligeait à affronter Qeldra sans retenue, plaça plusieurs coups décisifs, épaulé par Maître Limonass puis par Barek quand celui-ci revînt de « ce qu’il avait à faire ». Finalement, ils triomphèrent et attachèrent les membres du culte aux grands piliers de la salle à l’aide des liens de Xonim que Maître Limonass avaient sur lui. Ils constatèrent en se reposant que leur dur combat que Qeldra, même privée de ses objets magiques, présentait une faculté de guérison étonnante. Après quelques discussions, ils en arrivèrent à la conclusion qu’elle était certainement une victime de la « Voix d’Eirderreth » et qu’elle servait une mauvaise cause en pensant faire le bien.
Ils continuèrent ensuite leur périple en direction des niveaux inférieurs et arrivèrent à une porte censée les mener à la fameuse « Voix d’ Eirderreth ». Ils l’ouvrirent et tombèrent sur un petit boudoir agrémenté de coussins et d’un panneau latéral. De jolies lumières en forme de petits dragons y volaient, planaient et jouaient dans les airs. Mais que serait un boudoir sans une belle table de pierre maculée de sang, sur laquelle est entreposée deux grandes haches de batailles et deux grandes épées à deux mains ? Plus joli, certainement, mais pas pour l’Horoth. En effet, la voix d’Eirderreth et lui ne faisaient qu’un, et ce dernier avait pris possession du culte pour son profit personnel. L’issue du combat fut incertaine, de même que l’apparition d’une tête de dragon derrière le groupe, qui souffla le froid sur l’Horoth et Kadarn, les gelant tous deux. Malheureusement pour lui, l’Horoth était seul, et ne put s’en remettre alors que dans le même temps, Maître Limonass avait déjà sorti ses onguents et les appliquait sur le chevalier tombé à terre.
Au deuxième sous-sol, ils trouvèrent les mages et les prêtres enlevés, du moins ceux toujours en vie, dont Kuldur. Tous étaient atteints de changements bien plus importants que ceux de Rorand et Thaerand. Une prêtresse avait même une corne développée sur la partie droite du crâne, et un œil droit rappelant celui d’un serpent. Ils trouvèrent également un fourniment de potions de soin, plus ou moins efficaces selon Maitre Limonass. Kuldur, qui avait entendu l’Horoth parler du lieu où il cachait son trésor, leur offrît trois gros rubis en guise de récompense pour les avoir secouru. La petite troupe finit de nettoyer le fort en brûlant les engeances chancreuses qui y résidaient encore, sauvant du même coup un ours noir que Barek, Ranger de son état, prit sous son aile.
Tous purent retourner sain et saufs en ville, ou une récompense attendaient nos héros, et ces derniers prirent une longue pause bien méritée après une telle aventure.
Mais deux mois plus tard….
Douce-Suma, Saurian Druide Niv 6
Init: 1d20+2
PV : 51/51, CA 17, DV : 6/6, JS : FO-1 DE+2 CO+3 IN+3 SA+7 CH+0
Sorts utilisés : lvl1: 0/4, lvl2: 0/3 lvl3: 0/3
Mod att. sorts : +7 / JdS sorts: 15