par Etmer_Fachronies »
29 mai 2016, 12:54
Yardan tira sur la bride de son cheval, le faisant passer au pas. Grive réagit avec bonhomie, appréciant avec joie de relâcher l’allure rapide de leur chevauchée. Le moine sourit. Pour un cavalier peu expérimenté comme lui, qui d’accoutumée ne jurait que par ses propres jambes, cet étalon taciturne mais conciliant était une bénédiction.
Désormais au pas, Grive suivait le mouvement du reste du groupe. Encadrée par Voukoll, leur manicle guidée par le tiefflin Ignir avait fait jonction plus tôt avec celle de Czebble, et se dirigeaient désormais dans le renfoncement qui devrait leur servir de campement.
Initialement taillée pour l’invention, la manicle de Ludmilla avait finalement essuyée une journée très calme, si on omettait cet incident avec les molosses. Après avoir veillé au confort des survivants du raid, ils avaient gardé avec appréhension les cadavres empilés des victimes des pillards. Une appréhension qui s’était finalement avérée vaine, car à l’inverse de leurs camarades infortunés, nulle dépouille n’avait cherché à se relever d’entre les morts. L’arrivée du prêtre de Mort avait sonné la fin de cette garde, et une fois son office terminé, le groupe avait repris la route. La traque des négriers était désormais la priorité absolue.
Depuis le début de leur chevauchée, Yardan était resté en retrait. Il s’interrogeait quant aux paroles de ses sœurs d’armes tantôt. Même s’il tachait de ne rien montrer, cet épisode l’avait perturbé. Alors qu’il la pensait presque parfaite, sa maîtrise de l’arolave devait être bancale si ses paroles n’étaient pas compréhensibles par ses pairs de la garde. C’était bien là chose qui le troublait, car il avait bien veillé à apprendre chaque nouveau mot avec discipline depuis son arrivée dans ce pays froid.
Yardan fronça les sourcils. De toute évidence, quelque chose de fondamental avait échappé à sa vigilance. Il devrait se questionner d’avantage sur le sujet. Décidément, les vois de Draaz se révélaient toujours pleines de surprise pour ceux qui les arpentaient.
Une fois à destination, le bivouac s’organisa dans le calme. Cette longue journée commençait à peser sur les membres de la garde lunaire. Chacun vaqua à ses occupations. Une fois son cheval bouchonné et ses tâches effectuées, le disciple du Dieu Dragon s’installa près d’un feu de camp, à proximité des autres. L’odeur du bois crépitant se mêlait désormais aux senteurs d’humus et de boue qui montaient des alentours. La lueur vacillante des flammes dansait avec ardeur sur les visages des membres attroupés près du sergent. L’atmosphère était calme, propice aux échanges et aux réflexions.
Plongé dans ses pensées, Yardan sorti une petite pièce de bois gravée de sa bourse, un de ses focus de prière gravés à l’effigie de Draaz. L’espace d’un instant, il songea à celle qu’il avait donné la veille à Ldmilla, se demandant si la jeune fille s’en servirait un jour, ou si le petit focus finirait dans un feu. Il nota pour lui-même de demander plus tard à la jeune femme si elle avait su trouver les mots pour délester son cœur, et abandonner les chaînes qui l’entravaient.
Mais en l'état, ceci devrait attendre. Yardan se focalisa sur la pièce qu’il tenait, car l’heure était à la recherche de l’harmonie. Serrant l’objet au creux de sa main, il laissa ses pensées dériver, et fit le vide en lui. Il laissa les images de la journée s’évacuer comme neige fond au soleil. Les corps glacés, les maisons éventrées, les vies déchirées... il inspira, puis expira longuement. Les paroles de ses voisins se mêlèrent aux crépitements des braises, et devinrent indistinctes. Il laissa son esprit vagabonder, loin des horreurs de la journée, et senti la sérénité emplir de nouveau son esprit. Il essaya de visualiser les monstres qui avaient commis ces crimes. Draaz ne tolérait pas l’Ordre soit ainsi bafoué, Yardan se réjouissait d’être de ceux qui allaient veiller à ce que Justice soit rendue.
Au bout d’un temps qui lui paru une éternité, Yardan réinvesti son corps. Le sergent Voukoll parlait toujours, et se mettait en devoir de tracer ses ordres pour demain maintenant que les deux manicles étaient au complet. Deux groupes devraient apparemment se partager la traque, l’un en mandant des informations à la ville, l’autre en étudiant les traces laissées par les ravisseurs. Yardan nota avec stupeur qu’une fois encore, son parlé était décrié. Le moine attendit que Voukoll et Czepple aient terminé leur échange, puis il se leva rapidement pour aller s’asseoir prestement aux côtés de Ludmilla, sa chef de manicle.
Il regarda attentivement la jeune femme, cherchant avec soin quels mots employer afin d’être le plus compréhensible possible. De toute évidence, ses paroles devaient manquer de précisions, il devait donc se faire un devoir d’être plus exhaustif dans son propos :
- Ordonnante, commença-t-il sur le ton de la confidence, Draaz m’en soit témoin, j’ignorais que mon propos pouvait souffrir de tant d’incompréhensions aux oreilles de ceux témoins de mon usage pourtant voulu aussi clair que l’astre du jour de cet idiome nouveau de ce pays, que j’espérais pourtant de fait manier aussi habilement que la respiration d’un adepte au jour de son Ascension. Aussi, n’hésitez pas à m’enquérir quand l’ombre sournoise d’un doute retors viendrait à assombrir l’immaculée claretée du propos qui se doit d’être mien.
Il se tut, se demandant s’il ne devrait pas encore détailler plus avant son propos. Comme la jeune femme semblait avoir saisi, il continua plus avant :
- Si le grand ordonnant Voukoll souhaite que les groupes soient rebalancés, il en sera alors ainsi, car l’Ordre se doit d’être respecté. En revanche, si d’aventure chose était à envisager avant que décision ne soit actée comme devant s’appliquer, il me semble opportun de souligner que mes enseignements m’ont rendus plus à même de sonder le cœur des hommes que le cœur de dame forêt, aussi épanouie soit-elle. Mais c’est à vous que renvient le Choix, car s’il m’est donné de suivre la Voie, il a été décidé que le choix de la Direction pour la prochaine Epreuve ne serait pas cette fois du fait de ma volonté.
Yardan observa la jeune guerrière, intéressé de voir comment cette fois ses paroles qu’il avait tenté de rendre plus précises avaient été perçues.
Les Aigles d'Arolavie : Yardan, adepte du Dieu-Dragon - Moine de niveau
6
CA
15 - PV
45/45 (6d8) - DV
6/6 (d8+2) - Points Ki
6/6 - Héroïsme
3/3 - Gourde
10/10