par Etmer_Fachronies »
23 juin 2016, 14:27
Dehors, le soleil brillait. Loin au-dessus des landes, l’astre du jour trônait de toute sa majesté dans un azur immaculé. Baignées de sa lumière, les terres environnantes s’étaient faites plus clémentes. Sur les cimes des bosquets alentours, des bataillons d’oiseaux chantaient à tue-tête leurs louanges au jour nouveau, avant de s’en aller batailler contre les premiers envahisseurs insectes.
Un sourire aux lèvres, Yardan regardait avec plaisir le balai aérien qui s’amorçait à l’extérieur. Pour un insulaire comme lui, le spectacle verdoyant de la nature en ces terres froides était une éternelle source d’émerveillement. Pour qui prenait le temps de la Contemplation, la vue du grand Tout était une de plus belles choses qui soit.
La fenêtre délabrée à travers laquelle il observait le paysage avait connu des jours meilleurs. D’ailleurs, appeler ça une fenêtre ne convenait guère. Parler d’aération aurait été plus approprié, car les vieux battants de bois blanchis par l’érosion n’avaient jamais dû accueillir la moindre plaque de verre. L’ensemble était fonctionnel, mais usé jusqu’à la corde et dépourvu de toute esthétique.
A bien y réfléchir, cette description s’étendait à l’ensemble du bâtiment dans lequel Yardan et sa manicle se trouvaient. La ferme était fonctionnelle, et rien d’autre. La bâtisse puait la misère et l’inculture, car en dépit d’une maçonnerie correcte, le temps avait prélevé un lourd tribut sur la structure laissée sans entretien. Les poutres de bois massif étaient rongées par les cirons, les auges piquetés de mousses infectes et le mélange de pailles à même le sol s’accordait à merveille avec les boues qui le constellaient. A l’image de ses occupants, le lieu transpirait la pauvreté, cela se voyait, cela se sentait.
Adossé contre un des murs en pierre rugueuse, le moine écoutait d’une oreille distante les tractations actuelles. Il s’était mis en retrait avec Tauron, car les échanges marchands n’étaient guère son point fort. Même s’il ne rechignait pas à la chose, ses frères d’armes s’en chargeraient à n’en pas compter bien mieux que lui.
Pour le reste, la chevauchée matinale s’était déroulée sans souci. Fort de ses réflexions de la veille, l’adepte du Souffle voyait d’un œil neuf les prochaines étapes de leur périple. Il serra brièvement ses bandages de combat qu’il avait gardé dans ses poches. En plus de s’améliorer à perfectionner ses pratiques martiales, les nouvelles perspectives d’évolutions personnelles l’enthousiasmait désormais au plus haut point. Arpenter la Voie du Dieu Dragon était quête de perfection, et cela lui convenait grandement.
Alors que Yardan réfléchissait aux implications futures, Ludmilla, la chef de leur manicle, s’en revint vers eux. Elle interrogea l’elfe sur sa capacité à se fondre dans la foule, puis elle se tourna vers le moine. A la grande surprise de celui-ci, il remarqua que le visage de l’ordonnante venait de prendre une teinte rouge flamboyant. Avant qu’il puisse lui demander la cause de son trouble, la jeune femme s’exprima rapidement :
- Y-Yard-dan, est-ce que… que… que… Tu voudrais bien te… faire… passer pour… mon… fiancé ?...J-j-j’veux dire ! Comme ça, ça facilitera nos échanges si on a l’air suffisam…ment proche… Si on doit… euh... parler seule à seul, ça sera plus… enfin moins... BREF ! Tu me tutoies, tu m’appelles Milla tant qu’on est au village, et LA PREMIÈRE que je surprends à se moquer finit dans la rivière la plus proche !
Ludmilla acheva sa phrase, plus rouge encore. Derrière eux, Jasna éclata d’un rire franc, qu’elle contint à grand peine. Le visage de la commandante de manicle vira au cramoisi, mais elle ne cilla pas, car elle attendait la réponse du moine à sa question.
Surpris, Yardan dévisagea la jeune femme. Il ne comprenait pas la cause de l’éclat de rire de sa sœur d’arme, ni pourquoi l’ordonnante semblait autant gênée par ses paroles. Il y avait sûrement un sens caché sous ces mots, un jeu inhérent à la culture arolave qui lui échappait. A moins que… Si, cette hypothèse était crédible : l’ordonnante Ludmilla devait sûrement mettre en doute la volonté de Yardan de se plier à cet ordre, car on lui avait demandé plus tôt de représenter la Garde Lunaire, et non de passer pour le fiancé d’une voyageuse. Voilà, c’était ça. Et Ludmilla, bien entendu, s’inquiétait de fait de son refus possible. Yardan sourit. Draaz soit loué de l’avoir éclairé sur ce point, il comprenait désormais mieux la situation.
Pourtant, l’ordonnante n’avait pas besoin de s’inquiéter sur ce point : c’était un ordre, le moine s’y plierait tout naturellement. D’autant qu’à bien y réfléchir, l’idée était bonne. Yardan se devait donc de rassurer la jeune femme avec une réponse claire et concise sur son acceptation de la mission. Il inclina sa tête, et leva sa paume devant le visage de la jeune fille :
- Ordonnante, répondit-il avec calme, votre verbe sera mon acte. Si tel est votre volonté, je deviendrai votre fiancé.
Il baissa la main, et hésita, quelque peu gêné par ce qu’il devait avouer.
- Pour autant, ordonnante, daignez pardonner mon inculture, mais j’ignore encore quels sont les us et devoirs des gens d’Arolavie quant aux choses des épousailles.
Il dévisagea alors la jeune fille, en quête d’une réponse :
- Pouvez-vous m’instruire de ce que doit alors faire un homme avec une femme ?
Les Aigles d'Arolavie : Yardan, adepte du Dieu-Dragon - Moine de niveau
6
CA
15 - PV
45/45 (6d8) - DV
6/6 (d8+2) - Points Ki
6/6 - Héroïsme
3/3 - Gourde
10/10