par Etmer_Fachronies »
24 juil. 2017, 00:56
Un coup, puis un hurlement. Puis un nouveau coup, plus fort, et un autre, par pur acharnement. Le métal vibra sous l’intensité de l’assaut, les gonds laissant glisser quelques grincements. Mais les portes tenaient bon. Bénies par Forgeron, les ultimes barrières de Son sanctuaire tenaient fermes. Derrière, l’horreur chancreuse hurlait, frappait, grondait, fulminait, mais restait bel et bien bloquée.
C’en était terminé. L'infiltration du temple, la course effrénée vers le cœur du sanctuaire… les combats contre les abominations difformes nées de la folie et de la corruption, contre l’hydre et ses laquais… tout ceci était désormais terminé. Car oui, malgré la fureur des monstres encore restant, le cœur du cauchemar ne battait désormais plus. L’éveillée Jasna avait rendu la justice de son Dieu avec sa hache bénie. Le bastion nain était libéré de l’étreinte du Chancre, et redevenait la place de pierre froide qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être.
Près des portes, fidèle à son habitude, Yardan s’étira profondément, inspirant à plein poumon. Ses mains grandes ouvertes vers le plafond, ses pieds ancrés dans les dalles de roche dures, il laissa chacun de ses muscles se détendre, libérant peu à peu la pression accumulée. Puis il expira profondément. Les impacts sur sa peau étaient encore douloureux, mais rien que le repos ne saurait curer.
Devant lui, les coups sourds contre les portes ne diminuaient pas. Au contraire, l’ardeur des séides du Serpent semblait s’affermir à mesure que l’obstacle leur résistait. Mais pour Yardan, chaque nouveau coup porté ne faisait qu’amplifier le sentiment qui montait en lui. Oui, c’en était fini, l’Epreuve du Jour était terminée. Et loin d’avoir démérité, ils avaient su se sortir une nouvelle fois victorieux du défi imposé par la Grande Roue.
Plein d’égards à l’encontre de Draaz et de Forgeron, les deux Divins qui avaient guidé leur pas sur le chemin de la victoire, il joignit ses mains poing contre paume et inclina sa tête devant les portes, reconnaissant. Il resta quelques instants ainsi à se recueillir, puis il se retourna vers le centre de la Forge Sacrée.
Il pu ainsi observer l’ensemble de ses compagnons, qui avaient réussi avec lui à venir à bout des miasmes du Serpent.
Allongée sur le sol, l’ordonnante Ludmilla était dans un état grave. Lourdement blessée lors de l’affrontement avec une des viscosités obèse du Serpent, elle était désormais à demi-consciente, et ses plaies étaient nombreuses. A ce spectacle révoltant, Yardan senti une haine sourde monter en lui, une envie de vengeance qu’il s’ignorait posséder. Pendant un battement de coeur, les coups contre la porte ne résonnèrent plus comme la tentative pathétique de créatures désespérées, mais juste comme le rappel sordide de ce qui devait encore être détruit.
Fort heureusement, Gaspardin, le paladin qui s’était joint à leur manicle quelques temps plut tôt, avait su par ses dons divins refermer les plaies les plus béantes et épargner une mort lente à la jeune fille. A cet instant encore, le semi-homme s’affairait à détricoter la cotte de maille de la guerrière, qui ne ferait qu’encombrer sa guérison et son repos. Le moine, qui ne disposait d’aucune connaissance quant à ces couches d’acier, lui laissa bien volontiers la main.
Un peu plus loin, l’éveillée Jasna couvait sa sœur d’un regard inquiet. Encore engoncée dans ses mailles naines, et empoissée de la tête aux pieds du sang du cœur fauché, elle semblait cependant distante, comme en communication avec Forgeron. Hochant la tête pour lui-même, Yardan ne pouvait qu’être admiratif devant l’exploit que la jeune femme avait réalisé. A ses côté se tenait Terdéric, l’ex-mineur que le moine de prime abord si piètrement jugé, et qui s’était finalement révélé être un compagnon valeureux au court de leur périple dans ce temple. Quand le temps serait venu, l’adepte du Souffle se promit de discuter avec lui des progrès parcourus, et de ses aspirations futures.
Et quant aux autres, ces sauveurs intervenus à point nommé… quelle surprise ça avait été, de noter que ceux venus à leur rescousse n’étaient autre que les membres de l’autre manicle, qu’ils avaient quittés ce qu’il lui semblait être une éternité avant ! Mais cela ne devait remonter qu’à quelques jours, en vérité. Depuis leur séparation au campement de fortune dans les bois, avant leur échec lamentable à leur mission d’infiltration et leur condamnation aux mines.
Le Dieu Dragon en soit remercié, Yardan se souvenait avec précision de chacun d’eux. Et de ce que le moine pouvait constater, la Grande Roue avait su garder pour eux place en son sein. Celui qui avait le plus souffert du combat était Wulfstan, le robuste combattant nain, qui semblait avoir encaissé une sévère blessure. Wulfstan, que Yardan avait vu dès son entrée à la garde en train d’entretenir son arbalète. Aujourd’hui encore, son arme était à ses côté, ainsi qu’une hache poisseuse de sang des abjections qui semblait avoir bien servi.
Près de lui, le regard encore enfiévré par l’ardeur du combat, le demi-démon Ignir inspectait son arc et comptait attentivement son carquois. Au fond de la Forge, l’épéiste Levko était allé s’assoir, ses tenues souillées par l'empoisse du Serpent, mais déjà il nettoyait avec soin la rapière qu’il chérissait. Plus loin, Aleksandr, le magicien bossu avec qui le moine avait plusieurs fois échangé, contemplait d’un regard sombre les portes et le reste de la salle. Eprouvé par le combat, le mage semblait malgré tout en bonne forme.
A leurs côtés, en revanche, se tenait une personne que Yardan ne connaissait pas. C'était en effet là l’arcaniste qui avait déchainé ses pouvoirs sur les abominations de l’Immonde. La femme s’était assise, et palabrait calmement avec le reste de l’équipée. Maintenant qu’il pouvait l’observer, Yardan nota les traits elfiques de la curieuse femme, ainsi qu’une aura surprenante autour d’elle. Il n’aurait su dire si ceci était lié à ses yeux étranges, à sa façon de se mouvoir ou aux énergies qu’elle dégageait, toujours était-il qu’il était pris d’un sentiment étrange et dérageant à sa seule vue. Mais en ce jour, elle avait combattu à leurs côtés les atrocités du Serpent, aussi l’heure n’était pas encore aux questions.
S’avançant calmement auprès de ses compagnons qui discutaient, Yardan s'arrêta vers une Ludmilla qui reprenait des couleurs après les soins de Gaspardin et s’assit en tailleur à ses côtés. A l’autre bout de la pièce, la sorcière intervint alors d’une voix étonnamment mélodieuse, quoique condescendante :
- Voukoll garde un gobelin qui apprend la magie d'après ce que j'ai aperçu entre les hautes herbes lorsque je pistais Aleksandr... une longue histoire ! Ce qui est sûr, c'est qu'il faudra qu'on discute chiffons vous et moi ma jolie, ça ne vous met pas en valeur toutes ces guenilles et ces mucosités à profusion ! Ahah ah ! Allez, ça pourrait être pire, nous sommes vivants, sauf ce petit chien sans doute...
Yardan souri calmement. Il avait presque oublié Voukoll, leur mandant de la Mission en ces Terres. Le retrouver serait un plaisir, une fois les derniers nuages délétères du Serpents soufflés de ces lieux.
Le moine s’adressa tout d’abord à Ludmilla d’une voix calme :
- Ordonnante, sache que je pleure la perte de mes simples, emportés à mes côtés depuis mon départ du Commencement. Si en cet instant j’en eus pu disposer à ma guise, j’aurais su venir à pallier tes maux, et, Draaz m’en sois témoin, à te soulager du fardeau lancinant qu’est douleur sourde. Mais cela ne se peut, aussi me bornerais-je à ces mots. Sache, Ludmilla, que notre action salvatrice a porté ses fruits, et que le Serpent pleure en ce jour béni la perte d’une de ses engeances honnies. Nous avons réussi l’Epreuve du Jour, et nous pouvons être fiers de ce que nous avons accompli. Aussi, sommeille l’esprit en paix, car Victoire marche dans nos pas.
Puis, d’une voix plus neutre mais plus forte, il s’adressa cette fois à l’elfe étrange qui conversait avec la chef de leur manicle :
- Sachez à votre tour, dame elfe, que ces guenilles sont les restes des effets qui nous furent confiés par les esclavagistes, quand ceux-ci nous mirent au fer après l’échec qui fut nôtre. Vous imaginez aisément que jamais choix ne nous échut, puisse la Balance peser mes paroles à l’aulne de Vérité. Maintenant, Draaz me garde contre l’incompréhension qui me saisit, quel petit chien évoquez-vous donc céans ?
Les Aigles d'Arolavie : Yardan, adepte du Dieu-Dragon - Moine de niveau
6
CA
15 - PV
45/45 (6d8) - DV
6/6 (d8+2) - Points Ki
6/6 - Héroïsme
3/3 - Gourde
10/10