[Arolavie] Chapitre 1 - Garder la frontière Une aventure de la garde lunaire de Fort Ditelni à la frontière nord-ouest de l'Arolavie.

[Edzart]

Spoiler

Normalement,
Crac fait des aller retour entre Aleksandr et une trentaine de mètres plus haut pour voir venir ce qui pourrait avancer vers nous.

Aleksandr allait avancer, apporter sa pierre à cet édifice bancal de plan, quand la voix suave de l'elfe vint murmurer à son oreille. Il retint son mouvement, resta en retrait et s'intéressa à cet intéressant sortilège.
"Ahm. Aaahm. Intéressant, ce tour. J'ai déjà pu rencontrer quelques-uns des tiens et tous étaient non loin d'être des génies dans notre art."
A voix haute, il reprit :
"Ne t'inquiète pas pour Croac, il ne fera pas de mal à ta grive."
Dans un souffle, il reprit leur conversation privée :
"Je suis en train de travailler sur la possibilité de tordre la lumière pour être en mesure de ne pas apparaître à la vue du commun... Malheureusement je bute sur plusieurs variables. Voukol n'aime pas spécialement la magie. Mais il y voit un avantage certain. Tu peux lui faire confiance. Mais sois honnête. "

[Pwyll]

Pendant quelques minutes, Caliobé avait élagué sa branche de charme à coups de hachette (une devait sans doute être à portée de main dans le campement, sinon elle avait sa propre scie).

Un peu plus tard, approchant nonchalamment de Levko, Terdéric et Voukoll, Caliobé vient regarder par dessus leurs épaules les cartes et croquis sur lesquels s'acharnait l'improbable trio.

Après quelques instants d'observation, la sorcière demanda :

- En dehors du chemin carrossable, à quel point est-ce praticable, à cheval, entre le château et la mine ? Si les dénivelés du terrain sont susceptibles de ralentir considérablement une troupe montée, on pourrait, avant de lancer l'action contre la mine, tenter de couper le chemin principal, avec deux ou trois arbres ou encore un éboulement, en fonction de la végétation et des rochers qui peuvent surplomber cette voie dans la grande courbe qui longe la colline.

S'il n'y a rien de tel dans l'environnement, tendre une corde, creuser une tranchée juste derrière, pas énorme, mais suffisante pour que les chevaux se brisent les pattes, et, si possible, leurs cavaliers le cou.

[Pwyll]

Prenant à cœur la question vitale des vivres, Gaspardin se consacra immédiatement au rassemblement et à la comptabilisation des vivres disponibles pour établir un projet basique de rationnement sur les 7 prochains jours.

Rapidement, le Halfelin fit la grimace en constatant les portions bien trop limitées auxquelles son calcul aboutissait... D'autant qu'il fallait surtout éviter d’affamer Ludmilla qui avait besoin de forces pour guérir.

La perspective de l'arrivée de prisonniers par dizaines était très inquiétante en termes de gestion des vivres. Il faudrait absolument partir de la mine avec des réserves de viande ou poisson salés, du pain et, surtout, beaucoup de gourdes d'eau...

Sur ce, l'ancien cuistot se mit à préparer le repas frugal du soir, réquisitionnant au passage les "volontaires" pour la corvée d'épluchure des quelques tubercules et autres légumes disponibles. Il s'adressa notamment à Ignir et Yardan.

Il avait envisagé un instant s'adresser à Bizut, mais voir le Gobelin ramasser une forme indistincte dans l'herbe rase et la mettre dans sa bouche juste après s'être gratté les fesses le ravisa rapidement.

[Iris]

Voukoll se leva et se rapprocha du plan mis à disposition du groupe pour préciser les données :

"Là ce sont les collines, j'ai essayé de faire les niveaux. Je suis pas très au point dessus... Du château on ne voit pas la mine, elle est cachée par la colline entre. Je dirais que la colline entre les deux dépasse... pfff... peut-être de 10 m ? Les collines mesurent entre... c'est pas évident à mesurer à l'oeil... trente ? quarante mètres ? La pente est globalement praticable, mais les chevaux sont en difficulté sur ce terrain. "

" Là, en rouge, les voies carrossables. Il y a des fossés le long, entre le château et la mine, et ensuite c'est de l'herbe. Comme tu vois, le chemin n'occupe pas toute la largeur des vallons entre les collines. Pour ce qui est de faire du terrassement, avec un vrai fossé qui gêne des chevaux, je dirais que c'est mort : on n'a qu'une pelle, le sol sera bien plus dur qu'en forêt car tassé. C'est un truc qui prendrait des heures. "

" Les arbres... je ne les ai pas dessinés... parce qu'il n'y a pas grand-chose. Des peupliers et des saules de petite taille vers la rivière et les habitations, mais globalement le vent qui souffle du nord n'est pas des masses arrêté en arrivant ici. Il doit y avoir régulièrement des froids importants et des tempêtes, parce qu'il n'y a pas d'arbre digne de ce nom. Ceux qui poussent sont soit tordus et petits, soit juste petits. On voit clairement la différence entre la face nord et la face sud des collines -- mieux protégée du vent, avec plus de végétation. Par contre, la zone reste peu ensoleillée à cause des montagnes. La mine est déjà pour ainsi dire collée aux montagnes, avec des pentes plus raides. "

" En orange fin, ce sont des chemin d'environ 1m de large qui sont régulièrement empruntés par les patrouilles."

" Les patrouilles ne font leur tour que de jour. La nuit elles gardent seulement la mine."

" Il n'y a pas beaucoup de circulation entre château et mine à la nuit tombée. La mine a une cloche pour sonner l'alerte ; j'imagine que le château aussi. Si le vent vient du nord, je ne pense pas que la cloche de la mine puisse être entendue du château."

[Pwyll]

La sorcière acquiesça en écoutant Voukoll, puis remarqua :

- Heureusement que nous avons toutes ces informations. Si les vents sont contre nous, l'un des objectifs de groupe serait de toute façon de neutraliser cette cloche. Pour l'histoire de creuser... je ne sais pas, il faudrait faire un inventaire du matériel de chacun et des compétences en la matière... ce serait une tâche harassante, à mener de nuit, mais, pas forcément impossible, à nous de juger de l'opportunité d'y consacrer de tels efforts.

Caliobé pencha la tête de côté, plissant les yeux et le nez, ce qui chez elle donnait un résultat invariablement charmant.

- Les gens de ce château trempent donc dans cette infamie ? Ce sont des nobles importants ? On risque de déclencher une guerre entre Lothrienne et Arolavie ?

[Iris]

Voukoll parut sceptique sur les travaux de terrassement : "Une seule pelle pliable. Un chemin tassé qui sert à du transport de matériaux lourds."

Il n'ajouta rien et se servit un bol de soupe. Après avoir soufflé sur sa cuillère et goûté, il répondit aux autres questions :

" La mine est à 2km à vol d'oiseau du château ; elle est l'aboutissement d'une route qui passe devant le château, qui est large, bien entretenue ; la mine est approvisionnée en vivres depuis le village ; les minerais extraits de la mine repartent par la même route..."

Après une pause : "Pour moi c'est clair que le château contrôle la mine. Par contre Aleksandr a trouvé qu'elle n'était pas déclarée, donc qu'elle est illégale en Lothrienne. "

Il eut un regard vers le magicien bossu, comme s'il attendait qu'il poursuive les explications, en érudit qu'il était.

" Y'a toujours un risque de guerre. On pourrait les attaquer pour avoir acheté des gens enlevés en Arolavie, mais actuellement notre pays est encore en guerre avec l'empire de Kartaçöl, et on n'a plus que le minimum, et moins encore, en troupes sur la frontière avec l'Arolavie et le Septentrion. Si on déclare la guerre, on se fera laminer. Et si on se fait chopper à attaquer pour libérer des gens à nous, ce sera possiblement décrit comme une agression et donc un prétexte pour nous déclarer la guerre. Et nous laminer. "

Voukoll réfléchit : "T'avais encore une question ? "

Caliobé rappela que c'était sur l'importance de la famille noble locale : "Pour moi, ils étaient des seigneurs dans la moyenne, mais je surveille pas la politique lothrienne."

Voukoll remplit encore deux gamelles, pour Levko et Terdéric qui travaillaient au plan des bâtiments de la mine.

[Edzart]

A la mention de son nom, Aleksandr fit un pas en avant.
"Effectivement, en Lothrienne les mines doivent être déclarées. Elles paient un impôt sur leurs revenus. Ici... Ca ne semble pas être le cas."
Les implications des pays et les risques de guerres, Aleksandr les avaient déjà réalisées. Il avait hésité à proposer une voie diplomatique, essayer de mettre en oppositions les nobles et leurs honneur pour réussir à tirer une épingle du jeu. Malheureusement, la Lothrienne avait l'avantage actuellement et ce déséquilibre dans la balance politique empêchait toute action militaire ou politique.
"Le roi est celui à qui on paie cette impôt. Mais il n'est pas exactement à côté. Je pense... que l'usage de la force ou d'une attaque quelconque doit être évité. Il n'y a que très peu de chance que tout ça passe parfaitement dans le feutré et que l'on ne déclenche pas par mégarde une guerre dont on ne veut pas."

[Aërys]

Spoiler

"Je suis en train de travailler sur la possibilité de tordre la lumière pour être en mesure de ne pas apparaître à la vue du commun... Malheureusement je bute sur plusieurs variables. Voukol n'aime pas spécialement la magie. Mais il y voit un avantage certain. Tu peux lui faire confiance. Mais sois honnête. "

"Mais sois honnête."

La précision fit l'effet d'une douche froide au mage elfe. L'honnêteté n'était pas un choix mais une attitude intrinsèque pour un élenion qui avait grandi à l'écart des autres races. Mensonge, jalousie, facétie même... Ces traits de caractère n'avaient pas leur place dans l'éducation des grandes familles. Aërys se raidit avant de se rappeler qu'Alexsandr était venu à sa rencontre. Quand celui-ci rejoignit Voukoll et ses conseils. il se rapprocha à son tour.

Si la sang-mêlée nommée Calliobé avait hérité des traits les plus délicats d'un race, elle avait aussi l'animalité de l'autre. Ses mots étaient aussi durs que son apparence flattait l'oeil. Et aussi désagréable que cela puisse être, Aërys devait admettre l'âpreté et le sinistre réalisme des affrontements à venir. Ces terres étaient le théâtre d'exactions et il y'aurait d'autres morts si la politique et le dialogue ne pouvait aboutir. Cet axe était justement abordé, lui permettant d'intervenir.

"Ainsi l'exploitation de ses mines se fait sans l'aval du roi de ces terres mais avec la connivence de la basse noblesse locale, sans doute pour se soustraire aux impôts à verser. En plus de ce méfait avéré, savez-vous si ce pays autorise l'esclavagisme ? Si ce n'est pas le cas, cette noblesse est complice et d'une certaine façon coupable de sédition envers son roi. Si par contre c'est le cas, le roi en place ne vaut pas mieux que les occupants du château et il n'y aura rien de positif à attendre de lui."

"Je vais plus loin. Si le royaume condamne l'esclavagisme, vous pourriez informer la couronne... et dans le même temps alerter la noblesse locale que des esclavagistes sévissent sur leurs terres, que le roi est en passe d'en être informé... et leur proposer votre aide pour libérer les prisonniers."

"D'un coté, vous, voulant légitimement libérer vos concitoyens, de l'autre ces nobles, ayant l'opportunité de montrer qu'ils sont de loyaux sujets qui appliquent la justice de leur roi. Cette démarche présente, comme tout autre plan, des risques mais permettrait d'éviter les incidents diplomatiques dans les hautes sphères."

[Pwyll]

Gaspardin écoutait le grand Elfe parler tout en lui servant une écuelle et tentait poliment d'attirer son attention pour qu'il récupère sa boustifaille plutôt que de faire un discours sur l'esclavagisme et l'équilibre politique de la région.

La petit Paladin se permit d'intervenir brièvement :

- Vous savez m'sieur, de ce que j'en sais, c'est assez fréquent l'esclavagisme dans les deux pays et... bah vous voyez par exemple Terdéric c'était un truc plus ou moins volontaire de ce que j'ai compris. Du coup, malheureusement, on pourra pas menacer le seigneur du cru de mettre le Roi au courant. Va falloir leur rentrer dans le lard et d'ailleurs en parlant de ça, v'là le vôtre.

Gaspardin tendit de plus belle l'écuelle.

[Casaïr]

"Et on peut devenir esclave de bien des façons..."

Ce ton acerbe, sortait-il de ma bouche ? J'avais parlé sans même m'en rendre compte mais mon corps tremblait de colère. Je serrai mes poings douloureux, m'efforçant de me calmer malgré ma respiration sifflante. Mon regard s'était durci, fixant une ombre au-delà du feu, comme si je m'attendais à y voir quelqu'un en sortir pour...

Je battis des cils, comme au sortir d'une rêverie devenue cauchemar. Je me retournai vers Aërys, grattant machinalement la petite cicatrice circulaire sous mon œil gauche, souvenir que la bague de Mirò m'avait laissée avant que je ne fuis.

"Je suis désolée pour mon intervention. Gaspardin a raison, ici, l'esclavagisme est tout à fait toléré, tout comme en Arolavie. La seule différence, peut-être, c'est qu'un esclave peut espérer obtenir autre chose en s'engageant dans la Garde Lunaire."