[Arolavie] Chapitre 1 - Garder la frontière Une aventure de la garde lunaire de Fort Ditelni à la frontière nord-ouest de l'Arolavie.

[Pwyll]

- Oh bah de rien, merci de me faire confiance, ça me fait plaisir ! Au sujet de Voukoll, tu semblais surprise, mais, comment je pourrais dire ça... J'pense qu'il faut voir son comportement en pensant qu'il voit une personne capable de plein de choses et qui... qui s'invente ses propres échecs et punitions plutôt que d'utiliser son, euh c'est quoi le mot déjà... d'utiliser tout ce qu'il y a en toi et, des trucs que Voukoll sait qu'ils sont bien là. En gros, de ce que j'en ai compris, Voukoll te regarde comme un père qui veut que sa fille voit enfin en elle ce que lui a vu depuis longtemps, que tu prennes confiance et que t'arrête de t'excuser. Sinon, il t'aurait jamais mise chef de manicle, de base.

[Casaïr]

Je regardai Gaspardin, les yeux ronds, la mâchoire prête à se décrocher. Si je n'avais pas été assise, je pense que je serais tombée à la renverse.

"Qu... Vou... Voukoll ? Hein ? Qu... quoi ? Hein ?"

Je tentais vainement de répliquer mais ne parvenais qu'à ouvrir la bouche et à la refermer comme un poisson hors de l'eau. Ce que le halfelin me disait à propos du sergent me semblait tellement... inconcevable que je ne trouvais rien à redire. Était-ce seulement vrai ? Ou me disait-il cela pour me remonter le moral ? J'essayais de me remémorer un moment qui pourrait donner lui donner raison mais n'en trouvais aucun, bien que j'estimais mon jugement biaisé par rapport à son attitude envers moi.

"C'est... une interprétation... intéressante", articulai-je difficilement, partagée entre le doute et la stupeur.

Malgré moi je rosissais de gêne, me demandant s'il n'avait pas un peu raison malgré tout : j'avais passé tant de temps à accepter mes torts, réels ou inventés, dans l'espoir d'amoindrir mes punitions qu'inconsciemment je reproduisais le même schéma dans la Garde. Mais je ne suis plus une esclave, pensai-je immédiatement, je suis maîtresse de mon destin désormais.

"Je suis maîtresse de mon destin", soufflai-je, comme si prononcer ces quelques mots leur donnait un sens plus profond, plus réel aussi. "Nous ferions bien de nous hâter, dis-je d'un ton bien plus ferme qu'auparavant, il est possible qu'après mon rapport nous soyons amenés à y retourner, si jamais Voukoll et les autres venaient à trop tarder."

[Atorgael]

" J'te suis, y'a vraiment pas grand chose dans le coin. Faudra aller plus loin si on en veut plus. "

Ignir pris donc le chemin du camps, au coté de Levko.

"Dis vois Levko, il m'est arrivé un truc bizarre. Ces baies ont littéralement poussé à mes pied. Tu as déjà entendu ce genre d'histoire ?"

Le Tieffelin tenait les baie dans sa main pour montrer ces bizarreries à son camarade.

La question surprit Levko mais à bien y réfléchir, était-ce vraiment aussi mystérieux.

" Bah depuis quelques temps y'a plein de trucs qui me surprennent moins. On a Jasna qui cause avec un Dieu, un gob'lin qui devient l'apprenti d'Aleks. Sans oublier notre escapade dans tes cauchemars.
Ch'ai pas d'où qu'elles viennent tes baies, mais si c'est un cadeau d'ton paternel ou de ta tarée de mère, j'en mangerai pas moi. Ou alors tu causes à un dieu toi aussi. "

[Soulnight]

" Bah depuis quelques temps y'a plein de trucs qui me surprennent moins. On a Jasna qui cause avec un Dieu, un gob'lin qui devient l'apprenti d'Aleks. Sans oublier notre escapade dans tes cauchemars.
Ch'ai pas d'où qu'elles viennent tes baies, mais si c'est un cadeau d'ton paternel ou de ta tarée de mère, j'en mangerai pas moi. Ou alors tu causes à un dieu toi aussi. "

Ignir fut troublé par cette question. Il réfléchit quelques minutes et répondit à son ami

"Ce n'est pas possible que ce soit un cadeau de ma mère, elle nous auraient déjà sauté dessus alors que nous ne sommes que deux. De ce que je sais des démon, ils sont plutôt dans le complot et la domination, faire apparaitre des baie ne semble pas dans leur attribution. Alek a quelques connaissance dans les démons, il pourra nous renseigner. Quand à un dieux qui me parlerais, je ne suis pas sur que tu veuille en manger non plus, les dieux qui parle avec les Tieffelins sont Xonim et Tamerakh. Il y a assez de magicien et d'adepte de dieu dans le groupe pour pouvoir nous répondre"

[Edzart]

Aleksandr fit en sorte de laisser Croac revenir discrètement et se diriger vers le second chemin, tandis qu'il rouvrait les yeux, prenant une grande inspiration. Il émergea de ce qui semblait être un rêve éveillé et se tourna vers Voukoll :
"C'est pas la joie, chef. Juste derrière la grille, il y a une cour. Façon... Château fort. Deux gardes. C'est juste après, que ça se complique. Ils sont en train de visiter la ville. Une cinquantaine d'hommes armés. Je crois que le seigneur local est venu faire du tourisme. Il y a là des nains, des esclavagistes et tout ce qui va bien..."
Aleksandr attendit quelques secondes la réponse de Voukoll avant d'ajouter :
"Il reste un chemin que je n'ai pas encore exploré. Je m'en occupe immédiatement."

[Iris]

Près de la salle de la vilaine grille réparée - Voukoll, Wulfstan, Terdéric, Jasna, Caliobé, Aleksandr, Aërys, Yardan

Voukoll soupira longuement.

" En gros, on a le choix... agir aujourd'hui avec une situation plus compliquée, mais avec le seigneur accessible... ou bien remonter, patienter, et agir demain, parce qu'il sera sûrement pas là tous les jours, donc avec moins d'ennemis -- son escorte en moins."

Un regard vers ceux qui avaient déjà été dans la ville souterraine :

" Une idée de ce qu'ils cherchent ? "

[Etmer_Fachronies]

Des boyaux étroits et étouffants, prêt à vous écraser sous leur poids. Une lumière chiche, timidement apportée par quelques lampes vacillantes tremblant à chaque pas. Autour d’eux, une roche sombre et rugueuse, aux crocs déchirant sol et plafond. Devant et derrière, une obscurité compacte et absolue, presque tangible. Partout, une humidité lourde, aux relents âcres de moisi et d’humus… Aucun doute, le groupe était de retour dans l’enfer obscur de l’Inframonde.

L’humeur peu affectée par les tunnels, Yardan suivait en silence la procession, muré dans ses pensées. Un jeton de bois sec à l’effigie de Draaz dans le creux de sa paume, l’adepte du Geste songeait aux enseignements de Draaz, et tentait de jauger la situation présente à la lumière de Sa sagesse.

Par moment, l’image de Ludmilla partie plus tôt sur la carriole de Gaspardin venait s’imposer dans les pensées de Yardan, avec une insistance qui le surprenait lui-même. Qu’il soit attentif à la jeune femme était une chose, qu’elle en vienne à bousculer sa réflexion sur les Dires du Dieu-Dragon en était une autre. Une fois encore, l’évidence s’imposait d’elle-même, il lui restait encore beaucoup à maîtriser pour s’estimer digne de l’Envol. Calquant ses pas à ceux de ses compagnons, le moine suivait, et réfléchissait.

Pour autant, la réalité du Monde Souterrain n’était pas à négliger. Les sens aux aguets, Yardan scrutait par moment les ombres et tendait l’oreille, attentif aux bruits peu familiers. Après tout, le Serpent n’avait été chassé que depuis peu. Des horreurs rôdaient peut-être encore, tapies dans les ombres, n’attendant qu’un écart pour frapper. Heureusement, l’endroit lui semblait plus familier qu’auparavant. Si la nuit au grand air avait été une coupure bénéfique, les habitudes prises ces derniers jours restaient encore vives.

Arrivé devant la grille fermée, Yardan se contenta d’écouter les ordres de Voukoll. Lorsque le sergent l’envoya seconder Caliobé dans son rôle d’éclaireuse, il acquiesça stoïquement, prêt à affronter ce que l’Epreuve du Jour lui réservait. Déterminé, il s’en fut dans les pas de la sorcière, l’esprit clair et le corps souple.

Oui, le moine était prêt. Lorsqu’ils rampèrent dans la pénombre, puis lorsqu’ils émergeant devant le réservoir d’eau, l’adepte de Draaz avait les muscles prêts à l’action. A tout instant, il s’attendait à une confrontation. Terrasser des abominations rescapées du temple, débusquer des esclavagistes retors, neutraliser des mineurs soumis, tout était possible ! Qu’ils viennent donc ! Il était prêt, d’esprit et de corps. En cette antique demeure naine bafouée, le courroux de Draaz allait s’abattre !

Puis vint l’épreuve de la paroi, et le corps bouillant d’une demi-elfe collé contre le sien. Avec stupeur, Yardan réalisa que son premier adversaire aujourd’hui n’était pas un monstre hideux, mais bien une brune envoutante, dont le parfum bien trop prononcé menaçait la sérénité de l’âme.

- Tu maîtrises des tas de techniques de corps à corps, c'est bien ça, questionna Caliobé ? Mais je vais t'en montrer une, tu vas t'en souvenir.

L’espace d’un instant, dans ce réduit obscur, l’esprit du moine alla ricocher sur des passes alternatives enseignées aux novices pour les enchainements du Premier Mouvement. Puis Caliobé se colla encore plus à lui, et Yardan douta de la pertinence de son idée.

Il était désarçonné, ne savait comment réagir. Sa surprise devant une telle hardiesse elfique n’était talonnée que par la vitesse à laquelle les commandements du Dieu-Dragon défilaient dans son esprit. Les frottements répétés de la brune attisaient une part de son âme depuis longtemps en sommeil, qui se réveillait brutalement. Jamais il ne se serait attendu à devoir affronter ainsi des formes brulantes maniées par une elfe experte en ces souterrains glacés. Pourtant, tel était son Epreuve en cet instant.

Pour un disciple du Commencement, les arts du corps n’étaient pas tabous, mais ils n’en restaient pas moins réservés à une branche d’étude marginale. Et c’était d’autant plus vrai pour Yardan, qui avait suivi une logique d’isolement et de rigueur particulière au sein même de sa propre communauté.

Tentant tant bien que mal de surnager dans les brumes de son hébétude, le moine parvint à s’accrocher aux mots que ses oreilles parvenaient à filtrer. Il était question de monter la paroi, d’escalade et de pallier à franchir. Oui. Un objectif. Une mission. Yardan s’accrocha à son crédo, comme un naufragé à une planche providentielle.

- La dernière étape, continuait la demi-elfe, c'est une nouvelle impulsion combinée pour que j'agrippe le rebord du conduit et que je me hisse. Arrivée là-haut, tu m'enverras une corde sachant que je ne porterai rien sur moi pour nous faciliter la tâche.

Yardan se contorsionna pour échapper à l’étreinte envoutante de la brune, et répondit d’une voix qu’il espérait égale :

- Monter… oui, c’est d’importante capitale que de grimper, pour l’aller et le retour. La Balance m’assiste, gravir obstacle est étape nécessaire pour la complétude de notre mission.

Il reprit contenance à mesure qu’il parlait. Au prix d’un mouvement de bassin, il parvint à se dégager, puis récita mentalement d’une traite un passage du Sutra des Cinq Vertus. Il poursuivit :

- C’est là chose bonne que de laisser ton sac en bas, manœuvre te sera plus aisée. Procède donc, et je ferai ce qui s’impose en cette heure. Exploration se doit d’être complète, car tel incombe à ceux dont rôle est exigé.

[Aërys]

L'endroit n'était pas idéal pour l'introspection. Aërys manquait d'information pour répondre à la question de l'officier mais s'exprima néanmoins.
"J'imagine que l'héroïsme se dispute au bon sens. Il semble plus avisé d'ajourner une tentative quand il y'a autant d'adversaires potentiels."

A Aleksandr :
"Eté va accompagner Croac. Il peut y avoir des interstices trop étroit pour ton noir et gourmand ami."

L'elfe s'adossa, près à prendre une posture méditative, le dos droit et les yeux mi-clos.

[Pwyll]

- Ecoute mon poussin, je sens bien que tu bouillonnes de passer à l'action, mais il faut remettre à un peu plus tard les allers-retours et l'exploration complète, on a une mission à accomplir quand même.

Caliobé déposa un index sur ses lèvres d'un geste parfaitement calculé et précisa avec malice :

- Si ça peut te calmer, pense à Milla !

Milla, mmmh, allongée seule au Fort Ditelni... dans un lit un peu trop froid, démêlant sa chevelure en pensant à toi ?

Baissant le regard une fraction de seconde, elle rattrappa immédiatement celui du Moine avant de conclure :

Mmh, un petit quelque chose me dit que ça n'a pas l'air de fonctionner... Pense au Sergent Vouvou dans ce cas, ça fera l'affaire. Un peu de concentration, s'il te plaît.

Sur ce, l'ensorcelante jeune femme se mit en mouvement, souple et déliée, vers l'endroit propices à leurs acrobaties promises.

[Aeghiss]

Le nain restait silencieux, il semblait attendre des commentaires de la part de Terdéric ou Jasna pour peut-être intervenir ensuite.