par Edzart »
21 nov. 2016, 17:40
Jour ?+2 Heure : Environ 17h.
Cette journée a été éprouvante. Je suis en vie. Mais de si peu.
Tout s'est déroulé très rapidement. Le premier signe, ça a été un silence pesant. Les animaux ont cessé tout mouvement. Le souffle qui s'échappait de nos gorges s’est trouvé seul chant rauque de ces bois marécageux. Les feuilles elles mêmes avaient cessé de bruisser et les branchages au sol de craqueler. C’est Croac qui les vit le premier. Son croassement puissant arracha des lambeaux de silence tandis qu’il déchirait l’air, avertissant d’un danger approchant.
“Voukol ! Danger !” Furent les seuls mots que j’eus le temps de lancer avant que nous ne les vîmes. Au moment où les formes apparurent, surgit avec elles un vacarme assourdissant et pétrifiant. Le claquement de dizaines de pattes, soulevant poussières et branchages, d’araignées gigantesques, fit remonter dans mon dos une suée plus froide que la pluie glaciale qui nous arrosait. Surgissant à une vitesse stupéfiante, ici elles grimpaient à l’arbre, là glissaient sur le sol. Elles nous encerclaient. Par chance, Voukol avait eu le temps de dégainer et les gobelins qui nous accompagnaient se tenaient prêts.
La première créature se jeta sur le sergent qui la repoussa de son bouclier. De partout, les pattes semblaient surgir, entrainant avec elles un chaos auquel je n’étais pas préparé. Je restais au milieu de cette cohue, perdu, tandis que les gobelins se jetaient dans la mêlée avec un courage que je leurs connaissais pas. Qui aurait soupçonné que cette ignoble créature difforme pouvait placer avec tant de précision une flèche dans l’abdomen d’une araignée ? C’est quand l’un de ces insectes géants s’approcha de moi que je sortis de ma torpeur. Je réalisai alors la taille spectaculaire de ces monstruosités presque aussi hautes que moi. Leurs milles yeux me dardaient. J’étais leur proie. Comment étions nous passés aussi vite du statut de chasseur à celui de chassés ? Quand elle fit encore un mouvement vif vers moi, je sursautais et pointais ma baguette vers elle, traçant de ma main libre des runes abyssales et grognant de ma voix changée, les paroles du premier sortilège qui me vint.
La créature s’arrêta net. Elle roula sur le dos et ses pattes se plières et déplièrent au rythme de ce à quoi un rire frénétique ressemblait chez une araignée. Arraché à mon état second, je réagis alors en lançant des éclairs de feu sur les autres créatures qui chargeaient Voukol et les peaux-vertes. Les lames s’abattirent et une créature grilla sous l’énergie de mes flammes. Je sentais les feux remonter le long de mes veines. La douleur de la magie, arrachant chaque fois quelque chose de moi.
Les gobelins tombaient autant que les araignées. L’un d’entre eux servait de repas à un monstre qui lui avait ouvert la gorge. Tandis que des runes de feu flottaient devant mes yeux, que tous mes sens étaient occupés à goûter la magie, à subir la magie, à la ressentir, Croac me prévint d’un danger. Je l'aperçu immédiatement. Là, à l’orée du sous-bois, à peine visible, une silhouette se mouvait. Avant que j’eus le temps de réagir, avant même que j’eus le temps d’appeler à l’aide, elle était sur moi. Ignoble créature dégénérée, rongée par le chancre, ses griffes fondirent vers mon visage, prêtes à m’arracher la vie. Au dernier moment, à cet instant fatidique où le début de mon existence commençait à apparaître devant mes yeux, j’eus le réflexe de hurler la formule du sortilège de bouclier qui, in-extremis, fit glisser les hideuses lames de chitine sur une bulle à peine visible. Tout en appelant mon sergent à l’aide, je convoquai une nouvelle flèche de feu, à bout de force. Je n’avais plus rien d’autre, plus de tour dans mon sac ou de sortilèges pour me sauver. J’étais trop épuisé pour invoquer quelque chose de plus puissant. Bien que le feu le brûla, le monstre revint à la charge. Je crus que c’en était fini de moi quand Voukol apparut à mes côtés. Derrière nous, les gobelins restants achevaient les dernières araignées. Bien que le sergent m’eut rejoint, c’est avec moi que la créature luttait. c’est alors que les estampes que j’avais étudié me revinrent. L'ettercap. Le dresseur d'araignées. Une créature pour le moins stupide, bien que mortelle. Cette affreuseté du chancre que nous venions chasser était limitée. C’était ça, qu’il fallait que je vise. Tentant le tout pour le tout, aux prises avec elle, je modelais un sortilège d’illusion, l’étendant suffisamment pour me couvrir et… disparut alors, dans ce qui semblait, à ceux qui m’entouraient, être une fougère verdoyante et vigoureuse. Une oeuvre magistrale, digne des plus grand illusionnistes. Hésitant devant ma disparition et l’apparition de cette magistrale et sensationnelle fougère, la créature s’arrêta un instant. Je priai alors tous les dieux qui pouvaient avoir l’idée saugrenue de passer par là, pour que l'ettercap soit aussi stupide qu’il le semblait. Je fermais les yeux, suffisamment fort pour que de petites lueurs se mettent à flotter devant moi. Quand je les rouvris, Voukol était aux prises avec la créature qui s’était retournée contre lui. Profitant d’une ouverture, il enfonça sans la moindre hésitation, sa lame à travers l’abdomen gonflé de l'ettercap .
Autour de moi, les cadavres d’araignées s’accumulaient. Nous comptions les morts. Trois gobelins y étaient restés. Evidemment, l’imbécile qui continuait à me souffler dans la figure, persuadé de siffler un air merveilleux, lui, était resté en vie. Du moins, pour le moment. Nous déplaçâmes les cadavres de ses frères, les laissant dans les fourrées. L'ettercap, lui, je l’ai décapité. C’est dans ma cape déjà abîmée, qu’il alla se vider une dernière fois de son sang hideux, alors que je le trimballais en baluchons.
Nashmeska fut… heureuse de nous revoir. Horrifiée par la puanteur du chancre, elle m’intima de jeter la tête et ma cape au feu, ce que je fis sans broncher. Tant pis pour ma cape. Les gobelins, de leur côté, apportèrent les morceaux de choix des araignées, découpés avec amour, à leur grenade de maîtresse.
Laissant tout ce beau monde à leur petite fête à base de grillades et de postillons, nous abandonnâmes la belle sur son perron, avec la promesse d’avoir, de sa part, l’aide nécessaire pour remettre d’équerre la justice dans cette partie du pays.
Voukol décida alors que nous ferions route vers le croisement des chemins où l’on avait convenu du rendez-vous avec le reste des manicles.
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Edzart le 22 nov. 2016, 13:30, modifié 2 fois.
Aleksandr Novgarad - Mage de guerre - Lv4
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