[Arolavie] Chapitre 1 - Garder la frontière Une aventure de la garde lunaire de Fort Ditelni à la frontière nord-ouest de l'Arolavie.

[Iris]

Wulfstan, Levko et Ignir étaient réunis autours d'un petit feu dissimulé. Ignir délirait, brûlant de fièvre et murmurait "Mère"... Ses gestes et sa crispation indiquaient sa peur. De son côté Levko n'était pas au mieux, il avait pas mal forcé, se promenant et cherchant comme s'il n'était que légèrement touché alors que son état n'était pas brillant.

La manicle allait se coucher.

Qu'allaient-ils faire demain ?

...

Le lendemain, quand Wulfstan alla seul au point de rendez-vous, il n'y avait personne. Seulement un nain pestant dans sa barbe agitée par un vent froid.

[Iris]

Spoiler

Bande son : https://soundcloud.com/metadronos/munavoratit

Premiers jets : des tests de Perception pour déterminer qui trouvait le passage. Le meilleur l'emporte (Jasna) avec un peu de retard car légèrement inférieur à la difficulté.

Yardan dans le dédale : jet de Sagesse (Perception) pour s'orienter : 2+d20(1) ...

Nôl leur confia un piolet pour tester la roche. Leur équipement se limitait à de maigres source d'éclairage, deux sacs de toiles de jute, leur maigre repas et cette presque arme unique... Il leur désigna le secteur à explorer. Il fallait se faufiler à travers une fissure derrière laquelle on avait découvert une nouvelle galerie. Il fallait voir où ça menait et faire un rapport sur la présence de filons de minerais ou d'anciennes galeries naines.

Derrière l'intrépide Yardan, le groupe se mit en ordre, se glissant péniblement dans le passage, pour découvrir une galerie haute presque triangulaire, au plafond en pointe et composée de roches très dures et suintant l'humidité. Les flammes des lampes à huile projetaient sur la paroi des ombres fantasmagoriques, déformées des mineurs. Le silence qui régnait ici était irréel. Même en pleine nature il y a toujours du bruit, le vent, l'eau ou des animaux. Ici, l'environnement sonore était limité aux seuls échos de leurs pas et de leur souffle.

Arrivant dans une salle globalement ronde, pleine de concrétions formant des stalactites et stalagmite, ils s'immobilisèrent. Une seconde il leur avait paru entendre quelque chose, quelque chose qui n'était pas eux, mais tout était calme, aussi commencèrent-ils à fouiller les ténèbres en quête d'un passage -- noir sur fond d'ombre profonde --

Il leur fallut un moment difficile à mesurer, mais qui leur parut long, avant que Jasna ne découvre un nouveau passage au sol. Yardan était bien passé devant mais avait été trompé par les jeux d'ombres et de lumière. Le groupe se rassembla et se rendit compte qu'il faudrait s'engager en rampant.

Encore une fois, l'éclaireur désigné était Yardan. Armé de sa fragile lampe, éclairé seulement d'une flamme qui vacillait à chaque fois que son souffle la touchait, il s'enfonça seul. Le moine alternait les passages où il pouvait avancer à quatre pattes et ceux où il fallait s'écraser et ramper tels un serpent, s'inquiétant parfois de la manière dont il devrait s'y prendre pour revenir en arrière si jamais c'était un cul de sac. De fait, il apparut que plusieurs passages partaient de là, mettant son sens de l'orientation à rude épreuve. Sans aucun point de repère et avec une lumière qui ne lui donnait pas de vision d'ensemble, il pouvait parfois passer devant un passage sans le remarquer, ou bien en confondre deux, avec le risque de s'engager dans un dédale plutôt que de retourner vers ses compagnons. Yardan était conscient du risque, mais ... Où était-il ? Il avait exploré un cul-de-sac prenant la forme d'une "salle" circulaire minuscule de peut-être 2m² dont le plafond évoquait vaguement un toit de tipi, de tente circulaire, montant en pointe à une hauteur où il ne discernait plus rien. Puis il lui avait semblé longer des parois évoquant des colonnes qui soutenaient le plafond bas au-dessus de lui... Des milliers de tonnes de roches... Il pensait avoir retrouvé son chemin et faire marche arrière mais... il allait... ailleurs...

[Aeghiss]

Rien. Rien ni personne. Peste ! Qu'est-ce qu'ils peuvent bien fabriquer ?! Ils ne peuvent pourtant pas s'être mis dans une situation pire que la notre, si ? Surtout Voukoll. Le sergent avait l'air de savoir ce qu'il faisait... Impossible. Il doit être en retard. Il va arriver. Obligé. Czepble... Qu'est-ce qu'il fait en ce moment ? Levko, Ignir, est-ce que tout va bien ? Les autres... Dans quel pétrin avez-vous bien pu vous mettre ?...

Wulfstan resta au point de rendez-vous pendant un moment. Il rongeait son frein, partagé entre le sens du devoir qui lui dictait de rester sur les lieux convenus au cas où les autres seraient simplement en retard, son agacement, sa frustration de la disparition de Czepble, son inquiétude pour Levko et surtout Ignir, qu'il avait veillé presque toute la nuit. Il était épuisé, énervé, inquiet, agacé, indécis, irrité, et encore tout un tas d'autre chose. A force de tripoter son anneau de pierre noire - un bien piètre moyen de passer sa frustration ; le nain l'en rendait luisant de transpiration.
Allait-il retourner voir les membres restants de sa manicles, ou les autres finiraient-ils par arriver ? Une chose était sure : les retrouvailles allaient respirer la mauvaise humeur.

[Iris]

Wulfstan était de fort méchante humeur depuis longtemps quand il se rendit compte qu'un corbeau l'observait avec attention. A la réflexion, les sautillements de la bête ressemblaient vaguement à une tentative pour attirer l'attention du maussade garde lunaire. Il fallait toutefois noter que le piaf restait à une distance prudente et semblait prêt à se cacher derrière un menhir (des fois que l'arbalétrier crût bon de le dézinguer pour se passer les nerfs ?)

[Aeghiss]

"Qu'est-ce que t'as toi ?", grognais-je, jetant un regard torve au corbeau.

"J'aime bien les animaux, t'sais ? Mais j'suis pas vraiment d'humeur là... T'es le corbac de l'autre monstre, pas vrai ? Alors si tu dois me montrer le chemin, traîne pas, je te suis. Et j'espère qu'ils ne m'attendent pas genre tranquille au coin d'un feu... Sinon ça va mal finir. Tes plumes seraient bien assorties à mon anneau, s'pas ?"

Je me tus, attendant que le corbeau réagisse. Si du moins je n'avais pas rêvé et que c'était effectivement plus qu'un simple corbeau dénué d'intellect.

[Iris]

"Croâââââââââââaâââ !"

Le corvidé ébouriffa ses plumes, eut un sautillement grognon et s'envola en filant en direction de la forêt et des marais. Apparemment il n'avait pas plus confiance dans le nain que la réciproque.

Régulièrement l'oiseau se posait, jetait un regard prudent au rôdeur, et avançait de nouveau de 25 à 50m, gardant toujours une confortable distance de sécurité et virevoltant parfois, comme pour tromper un arbalétrier qui serait tenté de viser un vol trop régulier.

Wulfstan commençait à comprendre qu'il allait s'éloigner progressivement de l'endroit où se trouvaient Levko et Ignir et qu'il allait apparemment en direction d'une zone humide.

[Aeghiss]

Peste. Peste, peste, peste ! Ce damné volatile allait-il encore continuer longtemps ?
Dès son départ, Wulfstan répugnait à laisser seuls les membres restants de sa manicle. Et maintenant, chaque pas qu'il faisait l'éloignait d'eux... Et ne faisait qu'accentuer sa mauvaise humeur.

[Atorgael]

Levko était épuisé, ses blessures lui faisait un mal de chien.
En ouvrant les yeux ce matin il n'avait pas vu le nain, sans doute parti cherché du ravitaillement ou exploré les environs.
Levko ne se sentait pas de s'engager dans un longue marche dans l'immédiat et Ignir n'était pas dans de meilleures dispositions.

Il commença sa matinée par examiner ses blessures et s'assurer qu'elles ne s'étaient pas ré-ouvertes. Il en fit autant pour Ignir puis se mit à nettoyer sa rapière.

Les bois semblaient calmes mais il allaient falloir repartir. Rester trop longtemps au même endroit n'était pas bon. Dès que Wulfstan reviendrait ils se mettraient en route.
En attendant il allait récupérer doucement et grignoter quelques racines arrosées d'eau fraiche.

[Nailseater]

La guerrière écouta avec surprise les paroles de Terdéric. La fuite ? Elle l'observa avec plus d'attention, détaillant sa maigreur et sentant la honte et la peur de l'esclave. Faible. C'était pour cela qu'ils étaient venus après tout. Libérer les pauvres gens amenés de force dans ses mines. Mais ... Terdéric avait choisi son sort. Comme elle et Milla avait choisis-le-leur. Et si en essayant de le sauver, elle lui apportait plus de problèmes ?

Quand Yardan prit la parole, Jasna l'écouta lui aussi avec attention.

Sachez que la Fuite n’est pas une option.

Pour une fois, elle comprenait le moine. Qu'importe la bête, elle serait plus forte. Oui ... Mais avec une arme, se serait plus simple. Ses pensées se tournèrent vers le Forgeron. Comment affronter les épreuves ? Comment rendre la justice si les victimes le sont de leur plein gré ?

Jasna suivait Yardan dans la grotte, réfléchissant à ses problématiques. Au bout d'un moment, elle s'aperçut qu'ils avançaient un peu au hasard. Serait-il perdu ? En même temps ... Ils étaient forcément perdus. Du bout de la main, elle poussa le pied de Yardan pour l'inciter à avancer. Ils n'allaient pas rester là à attendre que le temps passe.

[Edzart]

Terdéric soupira, perdu dans cet espace sombre et humide. Alors que devant lui les petits nouveaux n'avançaient presque plus, il murmura dans un sifflement plein d'énervement et de stress :
"'Vancez, par Givreuse, va pas mourir d'vieillesse ici ! S'rtout qu'c'est pas la vieillesse qu'nous attend et qu'l'monstre rampe ben mieux qu'nous !"

Le souffle rauque de Terdéric accélérait et, sans arrêt, il regardait autour de lui, s'agrippant à sa lampe à huile qui n'éclairait que chichement ce tortueux labyrinthe.