[Arolavie] Chapitre 1 - Garder la frontière Une aventure de la garde lunaire de Fort Ditelni à la frontière nord-ouest de l'Arolavie.

[Iris]

Le magicien était sur le point de répondre quand Ludmilla arriva, presque déshabillée, avec ses bandages tombant de n'avoir pas été refaits ce matin, et tenant plus ou moins une couverte. La jeune femme était pâle, fragile même. Aleksandr et elle -- en dépit de son état -- comprirent que Voukoll tiqua un peu, ravalant une sorte de malaise derrière son habituelle façade grognonne.

L'arrivée de la frêle demoiselle coupa la conversation qui eut du mal à reprendre. Le silence s'éternisait. On entendait Ludmilla souffler sur sa gamelle pour ne pas se brûler, Croac qui lissait son plumage, le feu crépiter doucement et dans le fond plus loin, un petit cours d'eau.

Voukoll demeura stoïque quand Ludmilla commença son récit. A quelques moments -- l'appel de Forgeron qui l'enjoignait de nettoyer son temple du Chancre qui l'avait envahi -- il chercha le contact visuel avec Aleksandr, l'air de lui demander ce que c'était que cette histoire de dingue, mais il prit sur lui de ne pas la couper.

Il attendit d'être sûr qu'elle avait fini, soupira, se leva, s'étira, se gratta la joue -- sa barbe commençait à poindre n'importe comment -- et finit par répondre :

" C'est le bordel ton rapport."

" En gros t'arrive pas à gérer."

Après un silence : "T'étais consciente en t'engageant que tu verrais des gens crever, et des amis aussi ? Ta sœur peut-être ? "

Peut-être conscient d'y aller un peu fort, il changea de ton, et poursuivit en fouillant dans un paquetage : "Tiens enfile ça. Un soldat reste pas à poil. "

Et il ajouta : "Tauron devait savoir qu'il risquait de mourir en s'engageant. La garde lunaire c'est pas juste des vœux et des cadeaux : c'est acheter ce qui compte pour vous au prix du sang et peut-être de votre vie. ça t'oblige à savoir qui tu es et ce que tu veux vraiment. Tu es blessée, tu auras de toute façon tout le temps de gamberger."

D'un signe de tête il l'incita à retourner se coucher à l'abri du froid le plus vif.

" On va s'en occuper des esclavagistes. Ils paieront au prix fort."

[Nailseater]

Le trajet avait été très flou pour la guerrière. Elle avait atteint le campement ne sachant comment et sombra instantanément dans un sommeil profond. La nuit fut une de ses nuits sans rêves où l'épuisement à raison de tout subconscient. C'est la voix de Voukoll qui la réveilla, le lendemain. Elle entendait plus qu'elle ne comprenait et resta allongé de longues minutes,

Quand elle se décida enfin à se lever, elle se dirigea vers le bruit des discutions et fut rassurée de voir Milla en état. Elle mangeait et parlait, c'était déjà un bon début. Elle vint s'asseoir à ses côtés, après avoir saluer de manière protocolaire le sergent, puis se servit comme les autres un bol, qu'elle mangeât silencieusement à moins qu'on ne lui posa des questions.

[Iris]

Voukoll avait une expression de concentration accrue en regardant Jasna. Elle émergeait d'un profond sommeil, les cheveux en bataille, mangeait dans sa gamelle sans vraiment réagir. Le sergent était perplexe, presque hésitant.

... mais ne dit rien...

[Edzart]

Je soupirai. J'avais espéré pouvoir faire mon rapport avant que les autres ne se lèvent. Tant pis pour ça. Aux regards que Voukol me lança, je remarquais qu'il était sceptique quant à ce déroulé des faits. Je regardais Ludmilla avec un peu de peine. Pourquoi s'infliger ça, alors que j'aurais pu m'occuper d'expliquer factuellement les évènements au sergent ? Peut-être pour se punir ? Quoi qu'il en soit, j'attendis qu'elle ait fini pour enchaîner :
"Effectivement, sergent... Je ne m'explique pas tout ce qu'il s'est passé là en-bas, mais des évènements prouvent que l'on ne peut exclure l'hypothèse d'une intervention divine."
Je pris une grande inspiration :
"Je vais reprendre du début. J'ai trouvé cette sorcière - ma voix vibra et accentua sur ce mot - à l'entrée du chemin qui s'enfonce vers les mines. Elle s'est accrochée à nous comme la moule sur le rocher depuis. Nous avons donc cheminé à cinq dans les entrailles de la terre jusqu'à une cité naine. Le chancre y a élu domicile. Rien à voir avec notre Ettercap, chef, sur ce coup... C'est une saloperie déjà bien enracinée. Après avoir taillé notre passage dans ces saloperies, nous avons réussi à retrouver l'autre groupe. Tauron manquait, évidemment, mais deux compagnons les avaient rejoins." Je désignai Terdéric et Gaspardin.
"Ils se sont montrés plus qu'utiles au combat qui a suivi." Après une pause, je repris : "Nous nous sommes réfugiés dans un ancien sanctuaire nain à Forgeron. C'est là, apparemment, que Jasna a commencé à entendre la voix du divin qui lui commandait de détruire le chancre en ces lieux. Les flammes qui brûlaient là en bas étaient réellement sacrées, vous pouvez me croire. Vous m'en voulez pas, Sergent, si j'ai fait un peu de zèle et que j'ai obéi ? C'est pas que je veux discuter vos ordres, de les ramener au plus vite, hein, c'est simplement que niveau autorité, un dieu, ça se pose là, quand même."

"Bref, après avoir massacré le chancre, nous avons récupéré les restes du sanctuaire, que Jasna refusera d'abandonner avant d'avoir pu ériger un... temple, ou je ne sais quoi. Il se trouvait un portail vers l'Astral, dans ces caves. Vers les terres oniriques de Forgeron. Je vais être honnête monsieur, ce que nous avons vu là en bas était monstrueux et nous avons eu beaucoup de chance d'en ressortir."
J'attendis alors la réaction de Voukol, réfléchissant aux conséquences de mes paroles et... A ce que nous allions faire de nos trois suppléments de bagage.

[Iris]

Après le silence qui s'était installé, Aleksandr avait repris la parole avec entrain.

Voukoll écoutait, les sourcils un peu froncés... regardant Jasna, les paquets amenés dans la nuit...

Il se dirigea vers ces fameux objets emballés à la hâte, pour déballer la vasque du foyer sacré avec précaution... Il s'interrompit... comme s'il n'osait pas aller plus loin.

Et il revint cette fois se planter devant Jasna : "Garde Jasna, ton rapport." mais sa voix était un peu moins ferme ou sèche que d'habitude.

[Nailseater]

Alors que Jasna écoutait d'une oreille distraite Aleksandr parler. Elle ne s'était pas attendu à ce que Voukoll vienne directement se planter devant elle. D'abord étonnée, elle jeta un regard surpris à Aleks et Milla avant de poser son bol et de suivre les ordres.

" Nous avons suivit vos ordres jusqu'au village ou nous nous sommes infiltrés. Nous avons fait une erreur de jugement sur place. Le dévot gère ou participe au trafic d'esclave et nous avons espéré pouvoir lui soutirer des informations. Ca ne s'est pas passé comme prévu et nous n'avons pas choisi la bonne réaction.

Nous avons été mené aux mines où nous avons appris que les trafiquants recherchent une cité naine enfuit sous terre. Nous avons décider de tenter le tout pour le tout et de nous échapper par ladite mine. Là les choses non pas été très compliqué en soit. Nous sommes descendu, je vous épargne les détails, et avons trouvé ladite cité. Mais elle était completement corrompu par le chancre et nous ne savions pas où pouvait être la sorti.

Nous avons donc avancé vers le cœur de la cité et fait de notre mieux pour éradiquer cette saloperie. Plus tard nous avons étaient rejoints par les autres qui nous ont aidé à la fois à finir le travail et à remonter à la surface."

Elle s’arrêta espérant ne rien avoir oublié. Son rapport était factuel, concis. Elle ajouta cependant quelques informations :

"Terderic, là-bas, était un des mineurs, il nous a prouvé sa valeur et a décidé de nous suivre et de nous prêter main forte. Nous avons rencontré le halfelin plus tard dans les ruines. Il s'est lui aussi révélé d'une efficacité à toute épreuve."

[Iris]

Un rapport concis, factuel, ordonné. Tout ce que Voukoll aimait. Pour un peu, il l'aurait félicitée, mais un doute le tenaillait, et il posa une question assez peu affirmée :

" Ludmilla et Aleksandr parlent d'interventions... divine... du ... Forgeron ? "

[Nailseater]

"C'est assez personnel ... Cela fait maintenant quelques années que je pratique les prières à Forgeron. Je crois en ses convictions et fait de mon mieux pour suivre ces précepte. Je pense que ma foi et la présence d'un temple sacré dans la cité, on était les conditions d'un événement particulier. Je ... Il m'a remarqué."

Jasna se sentait un peu mal à l'aise face à cette conversation. C'était un peu narcissique de se déclamer Élue soi-même non ?

" Il nous a apporté son aide là dessous et m'a fait don de sa protection et sa confiance. C'est pourquoi j'ai tenu à ramener le sanctuaire ici. Nous ne pouvions pas l'abandonner dans cet endroit ... vide."

[Iris]

Voukoll paraissait moins sûr de lui que d'habitude et tentait d'en savoir plus :

" Tu veux dire... que tu es une élue de Forgeron ? ... Qu'il t'a confié des pouvoirs divins ? "

Les mots lui manquaient et la stupeur devenait de plus en plus lisible sur sa figure.

[Nailseater]

" Tu veux dire... que tu es une élue de Forgeron ? ... Qu'il t'a confié des pouvoirs divins ? "

- Je ... euh ... Oui ... fin. C'est ce que je voulais dire. Oui.

Elle observait Voukoll abasourdit. Ainsi il était capable de faire cette tête là. Jasna ne savait pas trop si elle devait développer ou non ... dans le doute, elle n'ajouta rien. Et évita de croiser le regard d'Aleks ou Milla de peur de voir leur réaction face au visage actuel du sergent.