par Etmer_Fachronies »
21 juil. 2016, 16:16
Tout autour du groupe, les conversations allaient chemin faisant. La tablée d’étrangers ne semblait déranger ni les habituées accoudés au bar, ni les clients de passage. De toute évidence, un groupe de voyageurs était une chose envisageable pour les locaux. Quelques regards s’arrêtaient bien à l’occasion sur les oreilles de leur compagnon elfique, mais les vêtements du druide rassérénaient bien vite les curieux.
Yardan acquiesça pour lui-même. Pour l’heure, la mission confiée par le grand ordonnant était un succès. Après avoir traversé sans esclandres le poste de gardes tantôt, lui et le reste de sa manicle étaient désormais installés sur une table robuste en bois massif, en plein milieu du refuge d’étape. Il ne leur restait plus qu’à trouver moyen de soutirer les informations qu’ils venaient quérir, et l’affaire serait close. Draaz leur en soit témoin, ils devaient désormais parvenir à se créer une opportunité.
Alors qu’ils attendaient qu’on leur serve leur pitance, le moine ne put s’empêcher de faire courir ses doigts sur la table de bois. Au toucher, on sentait le vernis rugueux s’étioler là où la bière et les coups de chiffons répétés avaient prélevé leur tribut. Les taches de bois brut avaient été saturées d’huile pour faire illusion, mais l’astuce sautait bien vite aux yeux. Au final, la finition rudimentaire était bâclée, mais la solidité du bois massif compensait.
Somme toute, l’analogie avec le reste de l’auberge était flagrante. Les murs blanchis à la chaud étaient grossiers, mais respiraient la robustesse. A défaut d’être belle, la bâtisse était solide et fonctionnelle, et une certaine impression de chaleur se dégageait même du contraste entre les sombres des bois et le clair de la chaud. Pour autant, quelques coups de balais auraient largement été mérités.
Yardan sourit à ses compagnons. A bien y regarder, leur manicle cadrait parfaitement avec le décor, attifés comme ils l’étaient des tristes vêtements marchandés aux paysans. En face du moine, une Jasna attentive prêtait sans en donner l’impression l’oreille aux discussions qui les entouraient. Ainsi travestie par les tissus crasseux, elle semblait plus douce qu’à l’accoutumée. En songeant aux échanges marqués de la veille, le moine se demanda un instant quel serait la réaction du commandant de la seconde manicle, Czepple, s’il la voyait ainsi.
Le changement était encore plus marqué chez sa sœur, Ludmilla, qui se tenait aux côtés de l’adepte du souffle. Depuis qu’ils avaient défini leur plan et s’était mis en branle vers le village, l’ordonnante semblait plus réservée, presque timide. L’adepte était admiratif, car elle incarnait son rôle à la perfection. Mais quelque chose semblait pourtant la gêner lorsqu’elle se trouvait en présence de Yardan, à jouer la jeune fiancée. Sans l’avoir évoqué, le disciple du Souffle la comprenait : il concevait aisément qu’une telle mission d’infiltration soit pénible pour une combattante comme elle, qui devait sûrement regretter d’avoir dû élaborer une stratégie où elle jouait un rôle d’ingénue. Dès qu’ils auraient un moment pour cela, Yardan se promit de la rassurer à ce sujet.
Le seul dont l’aura ne changeait pas était Tauron, leur druide de compagnon. Ayant endossé un rôle qu’il connaissait à merveille, l’elfe était fidèle à lui-même, et semblait considérer ce qui l’entourait avec un certain détachement. Alors que celui-ci se levait pour sortir, Yardan réalisa qu’il n’avait pas pensé à lui demander s’il disposait de talent pour les aider à lire le cœur des gens. Il devrait le faire à son retour.
Yardan hésita. La Voie semblait tortueuse, et la difficulté de leur Epreuve du jour, si elle semblait moins directe, n’en était pas moins lourde de conséquence. Il se devait de quérir l’avis de ses frères d’arme. Le moine se pencha alors vers sa commandante de manicle :
- Ordo… Ludmilla, se reprit Yardan, penses-tu qu’il soit bon de mander information à l’aubergiste ? Au sujet de notre direction pour… la lune de miel, ajouta-t-il en songeant à son rôle.
Alors que la jeune femme se préparait à répondre, l’elfe revint dans la salle et fit grandir une plante une fois à leur tablée. Yardan fronça des sourcils, ne comprenant pas où leur compagnons souhaitait en venir avec son plan. De toute évidence, il avait attiré l’attention des clients, ainsi que celle du serveur qui s’apprêtait à leur fournir leur pitance.
- Cher Tauron, questionna Yardan tant pour lui-même que pour détourner l’attention, est-ce là coutume elfique de souhaiter vitalité et fertilité aux époux en leur offrant pareille plante ?
Les Aigles d'Arolavie : Yardan, adepte du Dieu-Dragon - Moine de niveau
6
CA
15 - PV
45/45 (6d8) - DV
6/6 (d8+2) - Points Ki
6/6 - Héroïsme
3/3 - Gourde
10/10