[Arolavie] Chapitre 1 - Garder la frontière Une aventure de la garde lunaire de Fort Ditelni à la frontière nord-ouest de l'Arolavie.

[Aeghiss]

Aux premiers mots qu'elle prononça, je compris que, toute laide, répugnante et inquiétante qu'elle soit, la créature qui me faisait face serait réellement mon alliée aussi longtemps que nous aurions un ennemi commun, et non la signataire sans scrupules d'un pacte qu'elle serait prête à rompre à tout moment...

"L'inframonde, oui... C'est la source du Chancre. Mais malgré tous les efforts de mon peuples, il parvient toujours à remonter à la surface d'une manière ou d'une autre... Immonde pourriture !"

"Où l'Ettercap a-t-il été repéré ?"

[Iris]

Nashmeska répondit d'un ton neutre : "A plus d'un jour à pieds d'ici, vers l'Est. Donc sans doute un à deux jours au nord de votre fort."

Avant de poursuivre : "Si vous n'avez plus de question, je vais voir ce que fiche cet abruti de Rikiki. " Et après une pause : "Je suppose que vous tenez à sauver votre camarade demi-fiélon même s'il est en grand danger ?"

Elle n'attendit pas la réponse : "Il faut que je vérifie de toute façon." et elle se leva avant de penser à ce qu'Aleksandr lui avait dit et lui susurra : "Tu t'intéresse aux mystères des arcanes ? Alors viens, tu verras des choses intéressantes mon bien-aimé."

[Aeghiss]

"Tu t'intéresse aux mystères des arcanes ? Alors viens, tu verras des choses intéressantes mon bien-aimé."

"Je viens avec vous."

Le ton du Nain était ferme, impassible. Se méfiait-il de la Guenaude, ou bien d'Aleksandr ? Souhaitait-il voir de plus près de quoi était capable Nashmeska ? Ou peut-être ne supportait-il tout simplement pas l'idée de rester planté là à rien faire pendant que son camarade - nouvellement son subordonné - marchait sur une ligne ténue entre vie et mort ?
En tout cas, sa phrase ne sonnait pas comme une demande, mais une affirmation. Même - le simple constat d'un événement certain.

[Iris]

Wulfstan devina que son attitude dans l'instant n'était guère appréciée et se rappela qu'il était dans le salon de la guenaude... qui sortait sur l'île. Dire qu'il venait ... revenait à dire qu'il ne restait pas à l'intérieur... où il n'était pas vraiment invité...

Nashmeska sortit pour constater que Rikiki était -- enfin -- revenu avec l'eau. Elle invita du regard Aleksandr à la suivre -- et ignora Wulfstan avec un dédain agacé -- tandis qu'elle prenait une vasque d'argent brillant qui était enveloppée dans un chiffon en piteux état. Le nain, obstiné, traînant toujours dans les parages, la guenaude commença à froncer les sourcils.

" Je n'aime pas que les gens s'imposent chez moi. Le pacte qui me lie à la garde lunaire a des limites." l'avertit-elle avant de se rendre de nouveau dehors, et d'aller en direction de la cabane des gardes lunaires.

"Restez dehors. Je vous dirai quand venir. " dit-elle à l'ensemble des personnes présentes, avant d'ajouter "suis-moi" à l'adresse du seul Aleksandr.

De toute évidence, la sorcière des marais comptait officier seule. La cabane était suffisamment trouée et constituée d'éléments déplaçables pour qu'il fût possible d'espionner ce qui se déroulait à l'intérieur, mais toute la question était de savoir si le nouveau chef de manicle ferait de sa présence une question de principe...

[Edzart]

Sans lancer un regard à Wulftan, pour éviter le regard meurtrier du nain, je suivis Nashmeska, restant cependant sur mes gardes. Mon matériel d'alchimie était resté au fort. Il pouvait cependant être intéressant d'apprendre une ou deux formules à l'étude desquelles je pourrai plancher à mon retour là-bas.

Bien que légèrement nerveux à l'idée de rester seul avec la sorcière, je ne m'en départais pas de mon... sourire. Un carnet en main, un fuseau dans l'autre, je me préparais à prendre des notes.

[Nailseater]

- Dame Jasna, permettez-moi de vous remercier pour votre intervention tantôt. Quel était cette grâce qui vous a bénite ? Si nous étions au Commencement, j’aurais déjà la réponse, car les Ailes du Dieu Dragon y embrasent chaque chose. Mais ici, en ce lieu renié par le Jour, c’est là chose qui me questionne.
Permettez que j’essaie de traiter les blessures que vous avez reçues.

Dame ... quoi ? Ah ... Merci. Pour te répondre, je ne suis pas certaine mais hmm. Il y a quelques années, j'ai eu la vie sauve grâce à un prêtre de Forgeron. Il m'a recueillit quand j'allais au plus mal et m'a aider à m'améliorer, à dompter mon caractère, à croire. J'ai beaucoup appris à ses côtés. Il me parlait des Dieux, de leurs impacts sur l'humanité. Je pense que ... c'est ça ?

La fin de sa phrase était un peu abrupt et ressemblais plus à une interrogation qu'une affirmation. Elle regardait le moine, un air presque infantile gravé sur son visage. C'est à ce moment là qu'elle entendit la voix de sa soeur claquer dans l'air.

Euh .. Milla ?

Elle attrapa sa soeur à part, lui tenant les épaules, la regardant dans les yeux.

Respire. On se clame. On va s'en sortir, ok ? Mais c'est pas en s'énervant qu'on y arrivera. Je ne sais pas ce qui m'arrive exactement mais ... je crois que je peux nous aider.

Elle jeta un regard anxieux à sa soeur avant d'attraper une pierre par terre et ... se concentra, laissant son instinct prendre le dessus. Elle ne savait pas comment, mais elle savait qu'elle pouvait le faire. Elle tentait d'illuminer la pierre afin de leur donner plus de lumière pour chercher le meilleur endroit où descendre.

Spoiler

Sort de lumière ? je ne sais pas exactement comment ça fgonctionne mais c'ets un sort mineur :p

Une fois fait, elle se tourna vers Terdéric :

Désolée que Milla vous ai brusqué. Nous allons sortir d'ici. Venez avec nous, nous vous protégerons quoi qu'il arrive. Nous vous offrons une chance de vous racheter auprès des personnes que vous avez abandonné à leur sort. Vous pouvez aussi faire demi tour mais dans ce cas, dites que nous avons subit le même sort qu'eux. Je ne vous obligerais pas à venir mais je vous demande de nous rendre se serrvice.

Elle se détourna alors du mineur, lui laissant le temps de faire son choix. Profitant pour souffler un peu avant de commencer à chercher une piste pour descendre.

[Casaïr]

Je regardais toujours Terdéric avec une lueur mauvaise dans le regard quand Jasna vint me prendre par les épaules et me parler.

Respire. On se calme. On va s'en sortir, ok ? Mais c'est pas en s'énervant qu'on y arrivera. Je ne sais pas ce qui m'arrive exactement mais ... je crois que je peux nous aider.

Elle prit une pierre, et, sans que je comprenne ce qu'elle faisait, celle-ci se mit à briller d'une lueur argentée, éclairant les ténèbres qui nous envahissaient. Je cillais nerveusement, incapable de comprendre les changements qui s'opéraient chez ma petite sœur. Je connaissais un peu l'histoire de sa rencontre avec ce prêtre, mais je ne pensais pas que cela la changerait à ce point. Elle avait beaucoup mûri ces derniers temps, et je ne m'en apercevais que maintenant. J'étais à la fois fière d'elle et déçue de mon propre comportement : c'était à moi de la rassurer, de la protéger, et voilà que je perdais l'esprit dans ces lieux trop sombres, trop exigus.

Je me mordis sévèrement la lèvre pendant qu'elle rassurait Terdéric sur nos intentions. Je devais me reprendre et me dirigeais vers Yardan, tremblante tout à la fois à cause de sentiments contradictoires et du froid ambiant.

"Peux-tu m'aider ? lui demandais-je en essayant vainement de me contrôler. J'ai l'impression que je vais devenir folle ici et je... enfin je crois que..."

Je fus autant incapable de terminer ma phrase que de le regarder en face. Je serrais les poings convulsivement, j'avais grand besoin de me décharger de tout ce que je ressentais depuis qu'on était arrivé dans ce camp d'esclave. Finalement, j'avais beau jouer les dures à cuire, je sentais que je risquais de basculer au plus mauvais moment.

Et toi, résonna la voix de maman dans mon esprit, qui te protégera ?...

Non, je ne devais pas le regarder, pas alors que je sentais mes yeux s'embuer...

[Atorgael]

Levko se remettait doucement de ses blessures, la sorcières semblait connaitre son affaire en matière de soins et rafistolage.
Il était encore loin de pouvoir se battre correctement, les premiers gestes de combat qu'il avait esquissé avaient fait resurgir quelques douleurs. Il en était donc réduit à attendre et à observer.

Les gobelins amusaient Levko qui les voyaient se démener en tout sens pour leur construire un toit sur les ordres de leur maitresse. Il ne faisait pas confiance à ces créatures qui, il s'en doutait, n'auraient pas hésité à leur sauter dessus dans n'importe quelle autre situation. Il se gardait donc de leur tourner le dos.

Levko sentait une tension chez ses compagnons de manicle, Aleks et Wulfstan semblait se trouver tous les prétextes pour se lancer des vannes. Si Czep avait été là ... Oula, était-il en train de regretter le tueur qui leur avait servi de chef ?
Wulfstan ferait un bon chef de manicle, les nains sont de solides gaillard avec la tête bien sur les épaules, bien que plus près du sol.

Aleks avait changé, nul doute que la sorcière avait eu une grande influence sur lui, il l'avait vu faire quelques mouvement maladroit de sa dague, sans doute pourrait-il lui apprendre quelques astuces avant qu'il ne blesse quelqu'un par inadvertance.

Pour l'heure, il suivait la sorcière de son pas mi-trottinant mi-claudiquant. Derrière eux, Wulfstan semblait d'une humeur maussade. Quand avait-il vu le nain de bonne humeur pour la dernière fois ?

[Aeghiss]

"Restez dehors. Je vous dirai quand venir. "

Wulfstan avait bien réalisé que froisser la maîtresse des lieux n'apporterait rien de bien. Pour autant, le Nain bouillait. Il n'en pouvait plus de rester là à rien faire, alors qu'Ignir oscillait entre la vie et la mort, et qu'il venait d'apprendre que le Chancre avait été aperçu non loin... Autant dire qu'il pouvait apparaître n'importe où aux alentours.

Tournant en rond, tentant d'occuper ses pensées, le chef de manicle nouvellement promu tâcha de trouver où s'asseoir sans tremper ses vêtements, puis commença à démonter son arbalète pour l'inspecter sous tous les angles avant de la remonter, puis à s'occuper de l'entretien du reste de son matériel.

[Etmer_Fachronies]

Du coin de l’œil, Yardan gardait Terdéric en ligne de mire. L’esclave tremblant n’avait pas daigné lui répondre, alors que le moine s’était pourtant adressé à lui par deux fois. Etait-ce là un manque flagrant de contrôle sur sa panique, qui l’aurait empêché de saisir ses propos ? Ou plus justement, était-ce une volonté délibérée de ne pas lui piper mot ? Dans les deux cas, les faits parlaient, et c'était en défaveur du mineur déconfit. L’homme serait à surveiller étroitement une fois la cité atteinte.

Alors que Yardan en venait à s’interroger quant à la façon la plus pertinente de venir à bout de la descente ardue qui s'annonçait, Ludmilla mit fin au conciliabule qu’elle tenait avec sa jeune sœur. Elle s’approcha de lui, arborant un air que le moine lui connaissait encore peu. Elle paraissait presque… Yardan avait du mal à le cerner… Fragile ? Oui, fragile, pour peu qu’une guerrière de son acabit eut été à même d’être qualifiée ainsi. Une disposition surprenante, puisse l'Oeil du Dragon lui accorder sa clairvoyance.

- Peux-tu m'aider ? J'ai l'impression que je vais devenir folle ici et je... enfin je crois que...

La jeune femme ne termina pas sa phrase, plantant ses yeux dans le tapis d’ombre qui rongeait le sol de jais. Yardan s’attarda attentivement sur le visage de sa compagne d'arme, à demi voilé par les ombres. Les flammèches de la lampe vacillante teintaient d’ocre ses traits harmonieux, mais la chiche lumière révélait bien des choses. Une chape de chagrin et de doute mêlés barraient ses traits, ainsi que d’autres émotions que le moine n’était en mesure de décrypter. Des larmes contenues brillaient aux coins de ses yeux. La figure de l’ordonnante que le moine connaissait, une Ludmilla battante et volontaire, se perdait désormais dans un flux contraire d’émotions débridées.

Un instant surprit par la violence du changement, Yardan réalisa que la situation actuelle n’était que l’aboutissement d’un processus bien plus long. Depuis cette sortie nocturne à la poursuite des esclavagiste, Ludmilla avait été en charge de leur manicle, les menant jusqu’à cette décision fatidique d’aller quérir la vérité auprès de la prévôté. Les choses avaient alors mal tournée. Tauron, leur druide, était porté disparu, et eux trois s’échinaient à s’échapper vivants du Monde Souterrain. Pendant tout ce temps là, Ludmilla avait peiné sous le fardeau de la Responsabilité. Et en cette heure, ce poids lui était devenu insupportable.

Quoi de plus normal, après tout. Yardan se savait privilégié. Pour un disciple du Commencement, le respect des Six Mouvements était tout. Ainsi en allait du monde, ainsi en allait des Paroles de l’Envol. Ainsi en allait de Draaz. Pourtant, son périple dans les Terres Froides avait montré à Yardan qu’il en était autrement pour le reste du monde. Et si sa foi en Draaz, si sa détermination en la Mission qu'Il lui avait confié n’avaient pas été aussi fortes, qui sait dans quel état il serait aujourd’hui ? Son mantra avait été la lumière qui l’avait soutenu quand l’Ombre du Monde Souterrain s'était refermée sur lui. Et maintenant, alors même qu’une créature du Serpent les avait assaillis, la jeune femme devait continuer d’assumer le fardeau du Choix. Oui, sans aucun doute, Yardan la comprenait.

L’espace d’un instant, il s’en voulu de n’avoir pensé qu’à lui-même, galvanisé qu’il avait été par la Bénédiction de Draaz et les prodiges qu’elle impliquait. Il avait reçu la première mesure de l’Eveil, un Don d’une valeur inimaginable. Pourtant, il avait été aveuglé. Une erreur, encore, qui montrait son immaturité. Le tracé de la Grande Roue l’incitait de nouveau à s’observer, à comprendre. A se dépasser. Si son Etre était son essence, le Monde en était l’écrin. Ignorer ainsi ses compagnons de manicles était une faute, contre laquelle il devrait désormais se prémunir.

La première mesure de l’Eveil… Yardan ignorait si cette force nouvelle qu’il sentait désormais en lui pouvait être communiquée. A défaut, songea-t-il, elle lui permettrait d’appuyer le poids des mots qui se devaient d’être prononcés. Concentrant son flux vital dans ses deux mains, il les posa doucement sur les épaules de la jeune femme, et laissa le magnétisme opérer.

- Odonnante, sourit-il d’un ton calme.

Yardan regarda la jeune femme dans les yeux, laissant se détendre l’esprit agitée de sa compagne.

- Ordonnante, reprit-il. Ou Ludmilla, ainsi que vous m’aviez demandé de vous appeler lors de ce bivouac, il y a une vie de cela. Draaz m’en soit témoin, sachez que je vous comprends.

L’adepte du Souffle laissa un nouveau temps s’écouler, permettant à ses paroles s’ancrer.

- Songez à feu mes mots, qui furent prononcées autour d’un foyer désormais éteint. Ils doivent brûler pour eux-même, désormais. Mon couteau n’est plus, emporté avec nos effets, pourtant la Vérité du Symbole perdure. Quand le doute étreint votre cœur, se confier est tant preuve de sagesse que gage d’harmonie. Et si l’effigie sculptée de Draaz n’est plus là pour épancher vos émois, je remplirai ce rôle avec joie. Sachez que vous n’êtes pas seule, ordonnante. Votre fardeau est le notre, et nous nous devons d’avancer ensemble.

Yardan sourit, appréciant de voir le visage de la jeune fille se rasséréner.

- Vous le savez, ma foi en la Parole de Draaz est pour moi un socle à nul autre pareil, car il me permet d’avancer sans me soucier des chimères. J’avance chaque jour devant l’Epreuve, car Draaz l’a ainsi voulu. C’est dans l’affrontement que se forgent valeur et vertu. Mais dans l’Epreuve réside aussi le Serpent, car c’est en s’y confrontant que l'on peut s’en séparer. Si vous vous sentez faillir, ordonnante, sachez qu’il importe de garder confiance. Nous ne choisissons pas la Voie, mais pouvons décider comment l’arpenter. C’est là la clef que Draaz a confiée à chacun d’entre nous. Et sachez qu’en cette heure, nous vous avons suivi car nous avons foi en vous. Etre nerveux en ces instants est chose saine, car seul le fou rit face au danger. Mais cela ne change rien au reste. Alors gardez la tête haute, ordonnante, et sachez que nous irons ensemble de l’avant.

Yardan se redressa d’une légère poussée de ses talons, et avisa le gouffre qui leur faisait face.

- Et si l’endroit ne vous convient guère, ajouta Yardan avec un demi-sourire en désignant la cité naine noyée dans les ténèbres, il ne tient qu’à nous d’en changer !