par Etmer_Fachronies »
07 avr. 2017, 23:01
Bleu.
...
Du bleu. A perte de vue.
...
Le ciel. Oui, c'était le ciel.
Le ciel était beau. Oui. Bleu. Et grand. Immense. D'une immensité... gigantesque. Titanesque. Si vaste, et pourtant si... si libre. Le ciel s'étendait partout. Libre. Insoumis. Sans entraves, ni liens. Vraiment. C'était beau.
Il voulu le saisir. Tendit... qu'est-ce que c'était ? Ah oui, une main. Il tendit sa main. Droit vers le ciel. Ouvrit ses doigts. Ils étaient si... si verts. Et petits, aussi. Par rapport à toute l'immensité qui s'étendait entre ses doigts, il réalisait combien il était petit. C'était étrange. Il n'y avait jamais songé, avant. Pourquoi maintenant ?
Il griffa un instant encore le ciel, convaincu qu'il y trouverait des réponses... à quoi, d'ailleurs ? Il avait du mail à se souvenir. Sa tête lui fait un mal de chien. Pourquoi ?
Il tendit son autre main vers sa tête, qui se trouvait près de ses yeux. Il palpa. C'était douloureux. Une bosse, une énorme bosse. On l'avait cogné, et très fort. Il ne se souvenait plus vraiment. Quelqu'un lui en voulait ? Pourquoi ? Quelques images revinrent danser dans son esprit. C'était... décousu. Un homme avec une épée. Un autre plus sombre, des cornes fines saillant d'une chevelure de feu... c'était... il savait que c'était important, mais ne se souvenait plus vraiment.
Il laissa son bras retomber à terre, lassé par l'effort. Mais il continuait à regarder le ciel, ratissé par les vents. Quelques nuages se laissaient doucement bercer par l'aquilon. Les rares trainées moutonneuses filaient, placides, bien au-delà des arbres. Vers un inconnu lointain... mais le ciel savait, lui. Là-bas, il y était aussi. Il était partout. Les nuages pouvaient courir, soufflés par le vent complice, mais le ciel les rattraperait. L'espace d'un instant, il aurait souhaité être le ciel. Comme lui, être partout, tout voir, tout savoir... qu'est-ce qui l'en empêchait, après tout ?
Son regard dériva, bercé par la valse des soies des azur profonds et des blancs immaculées. Puis une chose fila, bien loin au-dessus de lui. Qu'est-ce que... un oiseau. Oui, c'était ça, un oiseau. Et l'oiseau volait. Pourquoi est-ce que lui ne le pouvait pas ? Il tendit de nouveau son bras, avec plus d'énergie cette fois. Il aurait adoré, l'espace d'un instant, le troquer contre des ailes. Et s'envoler, partir. Découvrir les choses, au gré des courants. Il se vit oiseau... puis se résigna. Il avait des bras. Mais pourquoi n'en ferait-il rien, après tout ? Il pouvait construire des choses, avec ces bras. Il pouvait agir. Il pourrait voir le monde. LE ciel lui tendait les bras, l'appelait.
Il baissa la tête, un instant. C'est là qu'il aperçu les feux-follets. Une dizaine l'entouraient, calmes. Des lueurs bleutées, d'un bleu froid, éloigné de la majesté de la grande voûte. Mais ils étaient beaux, et tournaient calmement autour des plantes. Ils semblaient voler, eux aussi. Pourtant, ils n'avaient pas d’ailes. Comment... Comment était-ce possible ? Un mot résonna dans son esprit, qu'il avait déjà entendu. Magie. C'était la magie. Oui, c'était grâce à la magie que ces choses étonnantes se mouvaient, volaient et brillaient. Comme les oiseaux. Comme le ciel. Il se dit alors que c'était une belle chose, elle aussi. Si la magie permettait de faire cela, alors, pourquoi ne le pourrait-il pas ? Il tendit de nouveau la main vers le ciel, assagi. Oui. La magie. Comme le ciel. Libre.
Cette pensée lui plaisait. Il ouvrit ses doigts verts, et les referma. Il emportait un morceau de ciel avec lui, désormais. C'était une pensée réconfortante. Une autre vision naquit peu à peu. Une femme, étrange, vieille. Déformée, comme... il la connaissait. Nashmeska. C'était Nashmeska. Cette pensée lui insuffla un frisson, mais une étrange interrogation. Il se souvenait. Nashmeska parlait aux feux follets. Ils l'accompagnait. Elle savait faire de nombreuses choses, elle aussi. La magie ? Il n'en était pas sûr. C'était possible. C'était intéressant.
Il se frotta la tête, encore douloureuse. Pourquoi ne s'en était-il pas soucié plus tôt ? Les choses étaient... différentes. Ou peut-être était-ce lui ? C'était pareil, mais lui voyait différemment. Après tout, à lu lumière du matin ou du soir, tout changeait. Il n'avait jamais songé à voir les choses sous une autre lumière. Pourquoi ? Décidément, sa bosse le lançait. Il retira sa main. Un peu de sang sombre la recouvrait. Mais c'était presque sec. Ça datait, mais de pas très longtemps. Assez pour ne plus couler, pas assez pour ne plus avoir mal. Comment s'était-il fait ça ? Et pourquoi...
Il réalisa alors qu'il était allongé. De tout son long, sur le sol froid. De l'herbe, des graviers... un gros cailloux. Quelques branchages, aussi. Ca le grattait. Il tenta de se remettre debout. L'effort lui couta, mais il y parvint. Il attendit un instant, que le monde se stabilise. Étrange. Quand il regardait le ciel, le ciel était calme. Pourquoi tout se mettait à bouger ? Il se sentait assez faible, mais il avait vu pire... quand ça, exactement ? Il ne se souvenait. LA terre se calmait, le ciel redevenait stable.
Il tenta de se lever. Avisa un gros gourdin, juste à côté de lui. Un peu de sang séché maculait le bout du bâton. Le sien, de toute évidence. Mais pourquoi y avait-il de son sang sur l'extrémité ? C'était ce qui lui avait fait la bosse, raisonna-t-il. C'était étrange. Les choses s'emboitaient d'elles-mêmes, sans lui demander son avis. Et quand elles s'axaient les unes avec les autres, de nouvelles idées naissaient dans sa tête. Il n'avait pas l'habitude. Avant... comment c'était, avant ? Il ne se souvenait plus. Mais désormais, il savait comment se lever. Il empoigna le bâton, et s'en servit comme d'une canne. Il était sur ses pieds.
Une fois debout, d'autres souvenirs revirent... son nom. Bizut. On l'appelait Bizut. Et ce nom évoquait d'autres souvenirs. Les forêts, le camps. Les autres... des gobelins ? C'était ainsi qu'il se définissait ? Oui, il devait en être un. Mais ça ne cadrait pas. Enfin, pas tout à fait. Le nom, oui. Mais le reste l'interpellait. Ses souvenirs ne s'imbriquaient pas comme ils le devaient. Il allait lui falloir un peu de temps.
Plus loin, deux êtres étonnant s'en revenaient vers une sorte de cabane délabrée. L'un était celui aux cheveux de feu de son souvenir, l'autre était plus petit, mais bien plus trapu. Les deux ramenaient des proies. Un oiseau, et autre chose. Des chasseurs. Le mot s'imposa dans son esprit. Oui, il revenait de la chasse. Et ils s'en allaient... vers chez Nashmeska. Oui, c'était le plus évident.
L'image des feux follets et du ciel en tête, il s'engagea à la suite, progressant calmement avec sa canne-gourdin. Il allait essayer de leur demander, ils sauraient peut-être. Comment devenir le ciel. Comment utiliser la magie. Comment devenir libre.
D'un pas claudiquant mais sûr, un gobelin au corps cabossé mais à l'esprit neuf s'avançait fermement vers sa nouvelle vie.
Les Aigles d'Arolavie : Yardan, adepte du Dieu-Dragon - Moine de niveau
6
CA
15 - PV
45/45 (6d8) - DV
6/6 (d8+2) - Points Ki
6/6 - Héroïsme
3/3 - Gourde
10/10